Plus que jamais l’heure d’électrifier nos maisons !
Il y a un an, Effy cosignait une tribune intitulée « La maison de demain, le maillon essentiel du système électrique ». Si au final l’année 2024 a été marquée par un début de ralentissement de l’électrification de nos maisons, 2025 pourrait bien pousser au sursaut. Décryptage.
Ces totems de l’électrification en recul en 2024
L’année 2024 n’a pas été un long fleuve tranquille pour l’électrification, après avoir débuté sous le signe d’une hausse d’environ 9% des tarifs réglementés de vente de l’électricité. Une hausse à laquelle les politiques publiques d’électrification n’ont pas été insensibles, à commencer par la filière des pompes à chaleur. Début février, Uniclima annonçait une baisse de -40% des ventes de PAC air/eau en 2024 par rapport à 2023. Une baisse que le syndicat impute à « l’atmosphère anxiogène pour les particuliers » de la hausse du coût de l’électricité, mais aussi à l’instabilité des aides MaPrimeRénov’. Avec une conséquence non négligeable puisque le SGPE dans sa dernière publication souligne que le « rythme de remplacement des chaudières fossiles était 2 fois plus lent que le nécessaire pour atteindre les objectifs 2030 »1.
Outre les pompes à chaleurs, d’autres équipements reflètent le recul qu’a connu l’électrification des logements l’an dernier. C'est notamment le cas des immatriculations de véhicules électriques pour les particuliers qui ont baissé de 3% en 2024, retombant à 295 000 immatriculations, d’après les dernières données du Ministère de la Transition écologique. Même constat du côté des bornes de recharge dont les dernières données d’Enedis révèlent une baisse de 8% des bornes installées chez des particuliers en 2024.
De plus, alors même que la hausse des TRVE aurait dû conduire à l’effet inverse, le nombre de demandes de raccordement pour des installations solaires résidentielles est également au ralenti. Au second semestre 2024, moins de 90 000 installations ont fait l’objet d’une demande de raccordement, en baisse de -12% par rapport au premier semestre 2024. Une dynamique qui laisse à craindre la fin de l’euphorie pour l’autoconsommation solaire résidentielle, alors même que l’installation de panneaux solaires ouvre souvent la voie à l’électrification d’autres usages dans le logement.
Vers une reprise en 2025 ?
À l’inverse de 2024, l’année 2025 vient de débuter avec une baisse inédite de -15 % des TRVE au 1er février dernier. Mais cette baisse suffira-t-elle à provoquer le sursaut nécessaire à l’électrification du parc résidentiel ? Contrairement à l’an dernier, la stabilité du régime des aides devrait favoriser la reprise du marché de la pompe à chaleur. Qui plus est, alors que le prix du gaz connaît une hausse depuis plusieurs mois et qu’à compter du 1er mars prochain, l’installation de chaudières à gaz sera soumise à une TVA à 20 %. Le nouveau régime des heures pleines / heures creuses fin 2025 devrait également favoriser l’électrification des usages dans le résidentiel en incitant progressivement les ménages à déplacer leurs consommations, chose impossible avec des usages fossiles.
Toutefois, plusieurs ombres au tableau pourraient compromettre ce sursaut pour l’électrification. Le projet du Gouvernement de révision des aides au solaire risque d’accélérer la chute du nombre d’installations en autoconsommation solaire résidentielle. Si la nécessité de maximiser le taux d’autoconsommation est partagée par l’ensemble de la filière, la méthode retenue pour y parvenir risque de freiner brutalement le nombre d’installations. Espérons que la TVA à 5,5%, qui s’appliquera à compter du 1er octobre 2025 pour les installations solaires résidentielles, sera en mesure de piloter leur production permettra de compenser la révision du soutien actuel.
Enfin, l’incertitude autour du post-ARENH à partir de 2026 soulève plusieurs questions autour de l’avenir des TRVE. Dans une note publiée ce jour, l’UFC-Que Choisir affirme que la facture d’électricité pourrait grimper de 19 % en moyenne l’an prochain. Une prévision encore incertaine car susceptible d’être compensée par la baisse des prix de marché, mais qui relancera les débats autour de l’électrification.
[1] Bilan des COP régionales, année 1, SGPE, 6 février 2025.