Avec Pari Plâtre, Placo accélère ses ambitions en matière de recyclage
Placo compte désormais sur trois ateliers de recyclage des déchets de plâtre ! La filiale de Saint-Gobain, vient en effet d’inaugurer « Pari Plâtre » en partenariat avec Serfim Recyclage. Ce nouveau site installé à Quincy-Voisins (77) répond à l’ambition de Placo d’intensifier ses actions de développement durable, avec notamment pour objectif 200 000 tonnes de plâtre recyclé par an d’ici 2030.
Placo et Serfim Recyclage lancent Pari Plâtre ©Rose Colombel
Le recyclage chez Placo est une aventure « qui est vieille de 20 ans », explique Lucile Charbonnier, directrice développement durable et RSE Placo-ISOVER. La filiale de Saint-Gobain a commencé par valoriser ses déchets de production puis a lancé, à la fin des années 2000, son service de recyclage des déchets du plâtre, Placo Recycling.
« Le recyclage des produits du BTP, c’est un métier. Nous sommes donc allés chercher des partenaires qui ont la compétence, la technicité et la connaissance pour nous accompagner », poursuit Lucile Charbonnier. Et c’est aux côtés de Serfim Recyclage que le fabricant travaille depuis plus de 14 ans. Ensemble, ils viennent de lancer, Pari Plâtre, la seule installation francilienne 100% dédiée au recyclage des déchets de plâtre issus de chantiers.
Du gypse secondaire pour des produits de plus en plus décarbonés
D’une surface de 4 000 m2, Pari Plâtre est implantée à Quincy-Voisins (77) en partenariat avec Bennes Service, collecteur historique de Placo depuis 2009. Le montant du projet s'élève à 3,5 millions d'euros, dont 450 000 euros financés par l'Ademe.
Les déchets de chantiers sont collectés par le réseau Placo Recycling dans un rayon de 250 kilomètres autour du site. Sur place, quatre collaborateurs préparent la matière secondaire. Concrètement, les déchets sont chargés dans une trémie d’alimentation et envoyés vers une cabine de tri. Deux personnes retirent les indésirables de type céramique et bois. La matière poursuit ensuite son chemin sur 80 mètres et passe par des systèmes de broyage et de criblage brevetés par Serfim Recyclage. Ces étapes permettent d’épurer le gypse et d’obtenir « la granulométrie dont on a besoin », souligne Lucile Charbonnier.
Le gypse secondaire est stocké dans deux silos de 80 m3 jusqu’à son départ vers l’usine de Vaujours (93) située à une trentaine kilomètres. Une fois sur place, il est mélangé au gypse pur et réinjecté dans le process de production. Le gypse est broyé puis cuit dans des fours à plus de 150°C. Il est ensuite mélangé à de l’eau et à des adjuvants pour obtenir la gâchée. Ce mélange est injecté entre deux feuilles de carton recyclé. « Le plâtre durcit en 3 minutes sur 450 mètres ». En bout de chaine, les plaques de plâtre sont prédécoupées, puis séchées et découpées à leur dimension définitive.
200 000 tonnes de plâtre recyclé à horizon 2030
Depuis son ouverture, en octobre 2021, Pari Plâtre recycle en moyenne 20 tonnes par heure, soit 140 tonnes par jour et 700 tonnes par semaine. « Nous adaptons la cadence et le flux selon les besoins du site Placo de Vaujours. Le taux de valorisation d’élève à 98% », détaille Raphaël Gas, Président de Serfim Recyclage et de Pari Plâtre. Au premier semestre 2022, ce sont 4 camions de 60 m3 qui transitent chaque jour entre l’atelier et l’usine.
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La nouvelle installation francilienne vient nourrir les ambitions de Placo en matière de développement durable. « En 2021, Placo a recyclé plus de 67 000 tonnes de déchets de plâtre issus des chantiers de déconstruction, soit plus de 50% du plâtre recyclé en France ». En 2022, le fabricant vise 79 000 tonnes. « Pari Plâtre va participer à cette intensification pour atteindre 150 000 tonnes de plâtre recyclé à horizon 2025, et 200 000 tonnes en 2030, soit 4 fois plus qu’en 2020. Cela contribuera à réduire en conséquence l’utilisation de matières premières vierges et les prélèvements dans la nature », précise Lucile Charbonnier.
Vers une plaque de plâtre 100% recyclée ?
Si Placo exploite à ce jour sept carrières, le fabricant fait « de plus en plus de place au gypse secondaire ». « L’introduction de la matière recyclée est un vrai enjeu sur les ressources naturelles et c’est aussi un enjeu sur la partie carbone ». En termes d’analyse de cycle de vie (ACV), une matière recyclée vs une matière enfouie aurait un avantage carbone de 44%.
Lucile Charbonnier précise que l’industriel a beaucoup travaillé « pour professionnaliser » ses usines pour l’accueil spécifique de la matière secondaire. Des travaux sont notamment menés sur les alliages. « Tout ce qu’on extraie des carrières n’a pas la même qualité. Il y a des gypses extrêmement purs, d’autres moins. Comment allier ces différentes strates de carrière avec du contenu recyclé ? Il y a un vrai enjeu là-dessus, et nous pensons que l’entrée en vigueur de la REP va nous apporter beaucoup plus de matière et de meilleure qualité ».
Aujourd’hui, les produits de la marque présentent un taux de matière recyclée aux alentours de 20%. « Plus la plaque est technique, moins elle accepte de recyclé parce qu’elle a besoin de plus de filon de gypse pur », explique Lucile Charbonnier. Elle révèle cependant qu’une plaque de plâtre 100% recyclée est tout à fait possible. Seul problème, la disponibilité de la matière. « La demande est de l’ordre de 2,5 millions de tonnes pour construire année après année, selon le Syndicat National des Industries du Plâtre et l’Ademe. Or, ce que l’on démonte aujourd’hui, c’est ce que l’on a mis sur le marché il y a 40-50 ans. Et ce gisement est estimé à 600 000 tonnes ».
Une filière structurée
La stratégie de Placo en termes de développement durable est ainsi bien engagée. Le recyclage « c’est une affaire d’hommes et de femmes. C’est un effort quotidien. Au départ, ce n’était pas rentable ». C’est aussi « une histoire de territoire, d’agilité industrielle et d’éco-innovation », se félicite Lucile Charbonnier. C’est enfin une « histoire d’engagement et de valeur commune que l’on partage avec nos partenaires au quotidien ».
♻️ A ce jour, le réseau Placo Recycling compte 180 collecteurs agréés dont une quarantaine en Ile-de-France.
Photos : ©Rose Colombel