Chauffe-eau thermodynamique en rénovation, les bonnes pratiques à adopter
L’Agence Qualité Construction (AQC) présente son rapport « Les chauffe-eau thermodynamiques en rénovation ». Réalisé dans le cadre du dispositif REX Bâtiments performants, il délivre 12 enseignements. Quelles sont les non-qualités observées sur le terrain ? Quelles solutions correctives privilégier ? Nous faisons le point.
Lors d’un webinaire organisé le 1er juillet dernier, Carlos Vasquez, chargé de mission à EnvirobatBDM et enquêteur pour l’AQC, a dévoilé les principaux enseignements du rapport « Les chauffe-eaux thermodynamiques en rénovation ».
Mené dans le cadre du dispositif REX BP, un des observatoires de l’Agence Qualité Construction, le rapport s’est concentré sur les chauffe-eau aérothermiques : CET sur air extrait (couplé à une VMC), CET sur air ambiant et CET sur air extérieur. 12 enseignements ont été retenus. Ils répondent à des enjeux sanitaires, de durabilité de l’installation ou encore de performance.
Attention à l’inconfort acoustique
Première non-qualité présentée par Carlos Vasquez, un chauffe-eau installé au centre du logement, à proximité des pièces de vie. Il explique que l’appareil est situé dans un placard dont la porte et les parois ne sont pas isolées acoustiquement.
Quelle conséquence ? « Un inconfort acoustique lié à la transmission de bruits aériens et solidiens qui impactent la santé des utilisateurs », souligne-t-il.
Que faire si vous rencontrez cette problématique ?
- Isolez acoustiquement les parois adjacentes
- Pensez à désolidariser le CET des parois et du sol pour limiter la propagation des bruits solidiens
- Programmez le fonctionnement du CET en priorité durant les temps d’absence des occupants
Quelles sont les bonnes pratiques ?
- Veillez à vérifier la puissance acoustique mentionnée par le fabricant ou encore à prendre en compte la pression acoustique, variable selon l’emplacement du CET, l’isolation des parois, etc.
- Prévoyez la mise en place de pièges à son sur le passage des gaines, et privilégiez un CET gainé plutôt que sur air ambiant. « Cela permet de diminuer la pression de 5 à 6 dB, ce qui n’est pas négligeable », souligne Carlos Vasquez
Photo : ©AQC
Prévenir les brûlures
Autre cas relevé sur le terrain par les enquêteurs, l’absence de mitigeur thermostatique à la sortie du CET. « La mesure de la température de l’eau chaude sanitaire (ECS) aux points de puisage est de 63°C ». Bien plus que la température maximale autorisée.
💡 L’arrêté du 30 novembre 2005 limite à 50°C la température de l’eau chaude sanitaire aux points de puisage dans les pièces destinées à la toilette. Dans les autres pièces, cette température est limitée à 60°C.
Quelles sont les solutions correctives ?
Mettez en place un organe mécanique de sécurité qui limite la température de l’eau à 50°C, positionné en sortie de cuve ou en amont des pièces de vie ou de la robinetterie.
Les bonnes pratiques à mettre en œuvre
- Pensez à placer un mitigeur thermostatique en sortie de production ou en amont des points de puisage en fonction des configurations et dans le respect des préconisations face au risque de légionelle
- Programmez une température de consigne adaptée au niveau du CET
- Vérifiez la température maximale de l’ECS aux points de puisage
Faire le bon choix d’équipement
Carlos Vasquez évoque ensuite le cas d’un chauffe-eau thermodynamique branché sur air extrait alors que l’appareil était destiné à être utilisé sur air ambiant ou extérieur. « Il n’y a pas eu de contrôle lorsque le chauffe-eau a été réceptionné ».
Conséquence, le débit d’air n’est pas adapté. La forte vitesse d’air circulant dans les gaines génère de bruit. De plus, les besoins en eau chaude peuvent être impactés et non garantis. Les déperditions thermiques dans le volume chauffé sont plus importantes, et la garantie du fabricant n’est plus valable car le produit n’est pas adapté.
Autre retour terrain, un CET programmé à 60°C comme le chauffe-eau classique qu’il est venu remplacer. Les principaux impacts : une baisse du COP, un rendement plus faible, un surcoût et un amortissement de l’investissement bien plus long. L’AQC rappelle l’importance d’adapter la température de consigne au volume d’eau utilisé et aux variations d’occupation.
Permettre l’entretien des filtres
On ne le répètera jamais assez, l’entretien des appareils est primordial pour assurer leur pérennité. Parmi les désordres relevés par l’AQC, des câbles électriques passant au-dessus du CET, et ne permettant pas le changement de filtre qui se fait en déployant la partie haute de l’équipement.
Cette non-qualité présente « un risque d’encrassement et une perte de performance de la pompe à chaleur associée au CET, une réduction du COP puisque le débit d’air est amoindri ainsi que les calories absorbées vers la cuve », détaille Carlos Vasquez. Cela peut engendrer « une activation permanente de la résistance électrique pour l’appoint, entrainant un surcoût, une mauvaise ventilation et donc un risque de condensation », poursuit-il.
Les solutions correctives consistent à rincer et / ou changer les filtres, et à engager un contrat d’entretien.
Quelles pratiques adopter ?
- Anticipez le passage des réseaux aux alentours du CET pour prévoir un espace suffisamment dégagé pour le changement du filtre
- Fournissez la notice d’utilisation du produit à l’utilisateur, informez-le de la manipulation et de la récurrence du changement de filtre.
- Vous pouvez également lui fournir un carnet d’entretien avec des dates d’échéance
L’ensemble de ces enseignements est à retrouver très prochainement dans la mallette pédagogique proposée par l’Agence Qualité Construction dans le cadre du dispositif REX BP.