Crise sanitaire, difficultés d’approvisionnement… : Quel impact sur l’artisanat du bâtiment ?
En ce début d’année 2022, la Capeb dévoile les résultats de deux études venant mesurer l’impact de la crise sanitaire et des difficultés d’approvisionnement sur l’activité de l’artisanat du bâtiment. Nous revenons sur les principaux résultats.
Dans une étude réalisée avec la Banque de France, la Capeb fait le point sur la santé financière des entreprises artisanales du bâtiment. L’analyse porte sur un échantillon de 48 000 entreprises.
Premier enseignement : si l’endettement des entreprises a « fortement progressé », les trésoreries ont également augmenté pour l’ensemble des entreprises de 25 jours de chiffres d’affaires entre 2019 et 2020. Le « quoi qu’il en coûte », le PGE, les aides sociales, le chômage partiel ou encore le loyer différé ont permis d’amortir les conséquences de la crise « dans un contexte de redémarrage rapide de l’activité ».
La valeur ajoutée a baissé, notamment du côté des entreprises de moins de 11 salariés « car elles ont eu davantage recours à la sous-traitance, de façon à avoir de la flexibilité, de la souplesse ». Par métier, l’aménagement présente une valeur ajoutée moins élevée. Parmi les raisons évoquées, les auto-réhabilitations qui se sont multipliées pendant le confinement.
En moyenne, entre 2019 et 2020, la rentabilité des entreprises a baissé passant de 3,9% à 3,5%. Un résultat net que la Capeb attribue à la crise sanitaire. « Cela correspond aux délais de l’entreprise artisanale. Il sera très intéressant de revenir sur ces évolutions après la crise », indique Jean-Christophe Repon.
Quelles tendances pour les entreprises de - de 10 salariés ?
Dans cette étude, la Capeb propose un « focus » qui s’intéresse plus particulièrement aux entreprises jusqu’à 10 salariés ayant un chiffre d’affaires inférieur à 750 000 euros.
13,7% des entreprises ont connu une dégradation de leur taux d’endettement, un taux qui atteint 16% pour la maçonnerie qui nécessite des investissements plus lourds dont les temps de retour « sont plus longs ».
Difficultés d’approvisionnement : une crise désormais structurelle
La deuxième étude de la Capeb porte sur la hausse des prix et les difficultés d’approvisionnement. Pour rappel, l’organisation professionnelle avait déjà enquêté sur cette crise en juillet dernier. Pour cette seconde édition, 1 700 entreprises artisanales du bâtiment ont été interrogées.
Quelle est la hausse moyenne des prix des matériaux observée ? 18% selon les sondés. Un taux qui s’élève à 22% du côté de la menuiserie dont l’activité est marquée par l’envolée du prix du bois et de l’acier.
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La hausse des prix signifie-t-elle une augmentation du coût des prestations ? Pas forcément puisque 55% des artisans disent ne pas répercuter cette hausse à leurs clients et 45% le font à hauteur de 33% !
Les métiers de l’électricité sont ceux qui « impactent le plus ». « Il y a un effet métier puisque les électriciens sont par exemple habitués à suivre le cour du cuivre ». Ces fluctuations sont habituelles sur ces métiers « où la matière première est prépondérante dans les devis ».
La crise des matériaux s’intensifie
La part des entreprises connaissant des difficultés d’approvisionnement s’est accrue de 7 points entre juillet et décembre 2021 (53% vs 60%). « Cette problématique était au départ très conjoncturelle ». Elle s’est désormais installée dans le temps, devenant ainsi structurelle.
« L’artisanat du bâtiment a plutôt bien réagi et a fait preuve de résilience », souligne le président de la Capeb. Mais bien sûr, les conséquences de cette crise sont nombreuses.
Les entreprises déclarent à :
- 16,3% une substitution de produits
- 16,3% des changements de distributeurs
- 20,9% des reports de chantiers
- 46,5% des retards ponctuels des chantiers.
Enfin, 26% disent rencontrer des problèmes d’organisation. « Plus les effectifs augmentent plus la part des entreprises ayant des problèmes d’organisation augmente ».