Avec l’audit énergétique, « le diagnostiqueur devient le bras armé de la politique publique en termes de rénovation », Yannick Ainouche
L’obligation d’audit énergétique en cas de vente d’une passoire thermique n’entrera en vigueur que le 1er avril 2023. Ce deuxième report doit notamment permettre à la filière du diagnostic immobilier de s’organiser et de monter en compétences. Nous faisons le point avec Yannick Ainouche, président de la CDI-Fnaim.
Yannick Ainouche ©EX'IM
Dans le cadre de la loi Climat, le diagnostiqueur devient un acteur incontournable de la rénovation. Dites-nous en plus.
Notre métier existe depuis plus de 20 ans. Il a été créé par le législateur pour lutter contre la désinformation que pouvait subir le particulier lors d’un acte d’achat sur tout un tas d’items comme la surface ou encore la sécurité du logement. Petit à petit, nous sommes rentrés dans la sphère de l’immobilier.
En juillet de l’année dernière, il y a eu une réforme du Diagnostic de performance énergétique (DPE) et notre rôle a complètement changé. Certes, nous continuons à faire notre métier de prévention des risques, mais nous informons également les consommateurs, acquéreurs ou locataires, sur ce que coûte un bien immobilier en énergie et la façon dont il va pouvoir l’améliorer dans les années qui viennent.
87% des acquéreurs tiennent compte du DPE avant de faire une proposition d’achat, selon une étude OpinionWay pour SeLoger
Demain avec l’audit énergétique, nos rapports seront encore plus pertinents en termes de scénarios de travaux. Le diagnostiqueur devient ainsi une source d’information fondamentale dans un arbitrage pour le particulier et le bras armé de la politique publique en termes de rénovation énergétique.
L’audit énergétique obligatoire a été repoussé au 1er avril 2023. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?
Le report était nécessaire pour des raisons techniques. En effet, le moteur de calcul et surtout la restitution par la DHUP des trames de rapports n’était pas à l’ordre du jour. De notre côté, nous étions déjà en train de nous former avec des parcours sur l’audit énergétique. Ce report nous permet d’être encore mieux préparés.
Le ministère du Logement a évoqué un manque de personnels qualifiés pour établir les audits nécessaires. Etes-vous d’accord avec cela ?
Nous sommes en très forte tension sur notre filière. Nous ne faisons pas que de l’audit énergétique. Notre activité est dense et notre offre de services importante. Nous faisons du diagnostic à la vente, du diagnostic à la location, du repérage avant travaux sur les problématiques d’amiante… Nous avons des carnets de commande qui sont pleins mais nous manquons de collaborateurs. Et vu que nous sommes sur un marché réglementaire, nous ne pouvons pas nous passer de nos diagnostics.
A ce jour, nous réalisons 32 000 DPE par semaine. Environ 11 000 personnes travaillent dans notre univers et interviennent sur tous types de bâtiment (logement, équipement public, entreprise, usine, plateforme logistique…). Nous estimons qu’il nous manque à peu près 2 000 diagnostiqueurs. Nous avons donc besoin de faire la promotion de notre filière. C’est tout l’enjeu de ma présidence dans les mois qui viennent.
Quelles sont les actions engagées par la CDI-Fnaim en ce sens ?
Tous les adhérents de la CDI-Fnaim font la promotion des postes à pourvoir. Nous avons prévu de lancer des grandes campagnes d’information sur nos métiers, sur les opportunités et les débouchés professionnelles.
Relever le défi de la rénovation passe par la mobilisation de tous. Des synergies se mettent en place entre les différents corps d'état ?
Nous travaillons bien sûr avec tous les corps d’état, avec les entreprises de travaux, les architectes. Nous sommes la porte d’entrée dans l’information du bâti. La lecture d’un diagnostic vient en amont de toute décision.