Se former à la Réglementation Thermique 2012 avec l’AFPA

La RT 2012 concerne depuis le 1er janvier 2012, tous les bâtiments neufs à usage d’habitation, ainsi que l’ensemble des bâtiments du tertiaire. Cette réglementation implique l’acquisition de nouvelles compétences pour les professionnels du bâtiment. Les instituts de formations professionnelles n’ont pas attendu le 1er janvier pour proposer des offres de formations adaptées. Ils ont peu à peu intégré ces nouvelles techniques d’installation, ces nouvelles normes, ces nouvelles exigences à leurs cursus. Soit dans le cadre de la formation initiale, soit dans le cadre de la formation continue, les questions de la performance énergétique font désormais partie intégrante des programmes.

 

L’AFPA (Association nationale pour la Formation Professionnelle pour Adultes) existe depuis 60 ans et est le premier opérateur de formations professionnelles en France. L’association s’organise autour de trois centres d’ingénierie : le BTP à Toulouse, l’Industrie à Lyon et le Tertiaire en région parisienne. Elle a bien sûr devancé les évolutions du secteur du BTP dans sa proposition de formations.

 

M. Gabriel COIN, Directeur du Centre d’Ingénierie BTP de l’AFPA, a accepté de répondre à nos questions sur ces formations. Il nous explique les différences d’intérêt porté par les divers corps d’état vis-à-vis de celles-ci. Alors que les particuliers, souvent déroutés par les nouvelles normes, se reposent sur les compétences de leurs artisans, les professionnels du bâtiment hésitent parfois à investir du temps dans des formations. Pourtant, les compétences acquises lors de ces journées de formation peuvent être décisives lors d’un rendez-vous chez votre client.

Quel est le rôle de l’AFPA ?

On crée des formations en fonction des besoins de la profession. Nous sommes donc en lien avec les professionnels et le marché du BTP pour être au plus proche de leurs besoins.

Quels types de formations proposez-vous ?

Nous proposons d’une part des formations qualifiantes, dites longues, donnant accès à une certification RNCP (Registre National des Certifications Professionnelles). Les formations qualifiantes et certifiantes sont élaborées sous l’égide de l’Etat, soumises à des commissions paritaires consultatives dans lesquelles siègent des professionnels. C’est nous qui procédons à la maintenance et à l’évolution des titres professionnels. Ce sont des formations pour plaquistes, carreleurs, plâtriers, plombiers… Puis nous proposons des stages de perfectionnement ou des offres courtes.

 

Chaque année nous produisons un catalogue d’offres qui vont d’une journée à 6 jours. Nous abordons dans ces offres différentes rubriques, comme les aspects réglementaires, par exemple.

Abordez-vous lors de ces formations courtes le thème de la performance énergétique ?

Oui, tout à fait, nous proposons une quarantaine d’offres sur ce sujet. Il y a celles de type Qualit’ENR, FEEBAT. Puis il y a des offres complémentaires qui s’appliquent à certains métiers de façon particulière.

 

Depuis environ 3 ans, nous avons développé une offre courte assez complète sur les enjeux de la performance énergétique. Et d’autre part, nous avons inséré dans chacune des formations qualifiantes les éléments d’appropriation et d’apprentissage, qui sont propres à chacun des métiers.

 

Par exemple, la formation plaquiste (environ 1000h), contient des modules traitant des questions de l’isolation et de l’étanchéité à l’air. Ce qui permet au professionnel d’intégrer les éléments de la réglementation mais aussi bien sûr un vrai savoir-faire.

Quelques chiffres sur les formations AFPA du BTP ?

Nous avons un millier de formateurs bâtiment, répartis sur 120 centres sur la France. En 2012, nous avons formé 900 stagiaires dans le cadre des formations FEEBAT, et 150 stagiaires pour les certifications Qualit’ENR.

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Vos formateurs sont au fait de la performance énergétique ?

Depuis 2 ans, nous avons engagé un programme qui s’appelle « Accompagner nos 1000 formateurs aux enjeux de la performance énergétique ». Ce programme est découpé en trois niveaux : un niveau d’acculturation qui traite de la réglementation, de l’environnement qui se modifie et des nouvelles contraintes que rencontrent les professionnels. Le second niveau prend en compte la dimension métier. C’est à dire la façon dont la réglementation (sur les aides de l’état comme le PTZ ou les C2E) et ces évolutions environnementales influent sur chacun des métiers. Et enfin, un niveau plus stratégique, en cours d’émergence, qui concerne la coordination des métiers et l’intégration des corps d’état. Les exigences de la réglementation reposent sur l’ensemble du bâtiment, donc l’ensemble des corps d’état est co-contributeur à cette exigence de performance énergétique. D’une posture de simple coordination des métiers, nous passons maintenant à une posture plus intégrative. Les questions de thermographie ou d’infiltrométrie, d’étanchéité à l’air et à la chaleur des bâtiments concernent à la fois les maçons, les charpentiers, les menuisiers…

Quel est le profil de professionnels qui viennent se former ?

Leur profil est en adéquation avec la structure de la profession. Le monde du bâtiment étant composé en très grande majorité d’entreprise de moins de 20 salariés, nos clients sont donc des TPE.

 

Nos formateurs, qui sont d’anciens professionnels, sont aussi issus de ces petites entreprises artisanales.

Selon vous, quel est l’évolution des TPE vis à vis la RT 2012 ?

Nous constatons des disparités entre les métiers plus techniques, comme les chauffagistes ou les électriciens, et les autres, maçons, plaquistes…

 

Pour les métiers techniques, nous avons vu un important investissement en formation, sur les panneaux solaires ou chauffe-eau solaires, par exemple. Aujourd’hui, ces professions ont largement intégré ces nouvelles problématiques de performance énergétique.

 

Nous avons par exemple une formation de plombier chauffagiste axée sur les énergies renouvelables (Installateur en Chauffe-Eau et Climatisation Sanitaire Energies Renouvelables). Par rapport à la formation classique de Plombier Chauffagiste, nous avons une très forte progression sur la première, qui prend en compte la problématique des énergies renouvelables.

 

Pour les autres métiers, nous avons des offres de perfectionnement et bien sûr, la performance énergétique est traitée dans nos programmes de fond. Mais, l’évolution de la demande de formation est plus modérée.

 

Cette disparité est aussi due au fait que techniquement, il est plus simple en rénovation, de modifier les installations type chauffage ou production d’ECS, que de modifier l’ossature des bâtiments. Lorsque nous touchons à l’ossature du bâtiment, à sa performance passive, nous ne sommes plus sur les énergies renouvelables mais sur les qualités intrinsèques du bâtiment, ce que frappe de plein fouet la RT 2012 (coefficient thermique, épaisseur de l’isolation, absence de ponts thermiques). Sur ces qualités intrinsèques du bâtiment, la progression des mentalités est moins rapide. Cette progression est aussi due au fait que les prescripteurs clients (les particuliers, entre autres) n’ont pas encore intégré toutes les problématiques de la RT 2012.
Il y a cependant une filière qui prend de l’essor, selon les régions, c’est la partie ossature bois. La construction bois est de plus en plus mobilisée. Là aussi, nous avons créé une formation spécifique, Monteur en Construction Bois, issue du métier traditionnel de charpentier, avec des modules sur l’isolation plus poussés.

 

Nous voyons aussi apparaître une légère préoccupation sur les techniques d’isolation thermique par l’extérieur. La profession d’ailleurs, investit elle-même dans ce secteur, avec la création de qualifications type CQP (Certificats de Qualification Professionnelle).

 

Dans les mentalités, tout le monde, aujourd’hui, accepte les diagnostics énergétiques comme étant une réalité. Dans la consommation énergétique, les bâtiments constituent 35 à 40% des problématiques. Nécessairement, il y a à travailler, dans le cadre de la RT 2012, sur les constructions neuves, il faut éviter de construire des bâtiments gourmands. Et il y a aussi l’énorme chantier de la rénovation qui représente l’essentiel du parc immobilier. Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes financiers autour de cette problématique de la rénovation, les particuliers, comme les copropriétés n’en ont pas forcément les moyens.

 

Peu à peu cette réglementation va s’intégrer dans les fondamentaux.

Est-ce que ces réglementations sont une motivation pour se former ?

Pas encore. Mais il n’a pas été nécessaire d’attendre les nouvelles réglementations. Sur la partie des éléments techniques, cela fait quelques temps que les choses ont bien avancé. L’installation d’une PAC est devenue quelque chose de banal. Sur la partie performance du bâtiment, nous avons investi sur ce sujet, car nous y croyons fondamentalement, c’est un chemin incontournable. Je n’observe pas pour l’instant d’effet levier suite à la RT 2012. Nos clients professionnels sont encore un peu attentistes quant à nos offres de formations sur cette partie-là.

 

Il faudra compter plusieurs mois, voire des années pour que ces nouvelles façons de bâtir soient intégrées.

Quelles sont vos techniques pour motiver les TPE à s’engager dans des formations ?

Par notre site internet et son catalogue de formations en ligne ainsi que les inscriptions en ligne. Et puis nous travaillons avec la profession, les CAPEB au niveau régional, la Fédération du Bâtiment et les IFRB (Institut de Formation et de Recherche du Bâtiment) pour faire à la fois la promotion et partager les préoccupations. A charge à la profession de convaincre leurs adhérents ou leurs membres, de la nécessité de se former.

Le Grenelle de l’Environnement et la RT 2012 impose des exigences d’efficacité énergétique. Comment évaluez-vous les besoins de la profession en matière de formation ?

Nous contribuons à un programme européen Build up Skills, lancé il y a un peu plus d’un an, par un consortium de partenaires : l’ADEME, L’Alliance Villes Emploi, le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) et l’AFPA.

 

Dans un premier temps, ce consortium a mené un gros travail d’inventaire de l’ensemble des problématiques métiers et des offres de formations. A présent, nous débutons la phase 2 de ce dispositif. C’est une phase de concertation pendant laquelle sont organisées des manifestations régionales qui font se rencontrer les acteurs de la formation mais aussi les professionnels du bâtiment. Son objectif est de partager des éléments de diagnostic d’évolution des pratiques des métiers et en face, des offres de formations. Ce dispositif a pour perspective au final, de construire des recommandations en termes d’évolution des compétences et d’offres de formation.

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