Artisans du bâtiment : la crise s’éternise pour le secteur
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Comparée à une conjoncture toujours dégradée pour le secteur de l’artisanat du bâtiment, la rénovation énergétique limite légèrement l’impact, avec une baisse de 1% de l’activité. Les derniers chiffres dépeignent cependant un tableau mitigé pour les professionnels. Effy fait le point.
Un volume d'activité en décroissance pour la rénovation énergétique
Le contexte reste difficile en cette fin d’année pour les entreprises du bâtiment. C’est ce que confirme la note de conjoncture du troisième trimestre 2024, publiée par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).
Dans l’ensemble, le secteur enregistre une baisse de -5% de l’activité par rapport au troisième trimestre de 2023, avec une tendance annuelle qui atteint -2,7% pour les neuf premiers mois de 2024. Ce recul impacte de manière similaire les entreprises de toutes tailles.
En comparaison, le secteur de l’entretien-rénovation s’en tire légèrement mieux, avec une baisse de 1% au troisième trimestre par rapport à l’an passé, et une tendance annuelle de -0,6%. Cela reste cependant un net recul par rapport à la même période en 2022, où le secteur connaissait 2% de croissance, et en 2023, où il était stable (0%).
Les travaux d’amélioration de la performance énergétique connaissent quant à eux une baisse plus réduite, avec -0,5% au troisième trimestre.
Des commandes et des marges en baisses sur tout le territoire
La majorité du territoire est concernée par cette dégradation du volume d’activité.
L’Île-de-France et le Centre-Val de Loire s’en sortent en revanche moins bien que la moyenne nationale (évaluée à -5%), avec des baisses de 7% et 6% de l’activité respectivement. De son côté, la région PACA-Corse enregistre un recul plus réduit, de 3,5%.
Au-delà de la diminution des carnets de commandes (-10 points pour le solde d’opinion dans le secteur de l’entretien-amélioration), les entreprises voient leurs marges baisser dans ce contexte de crise. Elles sont 20% à constater une baisse, tandis que seules 7% déclarent une hausse.
Ces baisses se traduisent sur la trésorerie des entreprises. Ainsi, 28 % déclarent subir une détérioration de leur trésorerie au troisième trimestre 2024, contre seulement 6 % une amélioration.
24% d’entre elles ont donc besoin de trésorerie : c’est 5% de plus qu’au même trimestre de l’année précédente. En moyenne, elles ont besoin de 29 000€, un montant stable depuis le début de l’année 2024.
En cause : 55% des entreprises interrogées sont logiquement impactées par la baisse de l’activité, mais pour 45% d’entre elles l’allongement des délais de paiement des clients joue aussi un rôle.
Des difficultés à recruter et à maintenir l’emploi
De fait, à l’échelle de l’artisanat du bâtiment, les défaillances d’entreprises sont en hausse de 39,2% par rapport au troisième trimestre 2023, selon les chiffres de la Banque de France. À l’inverse, les créations augmentent aussi, mais de manière moins marquée : +12,6%.
Cette situation précaire pour les entreprises se ressent sur l’emploi : si les emplois salariés sont plutôt stables (-1,6%), les emplois intérimaires connaissent eux une baisse plus nette de 6,9%.
Au premier semestre, les entreprises artisanales sont 25% à avoir cherché à recruter : un chiffre en légère baisse par rapport au semestre précédent (30%), mais équivalent à celui de 2022.
Dans cette conjoncture dégradée, les entreprises artisanales sont plus nombreuses (10%) à envisager des licenciements ou des non-renouvellements de contrats, que des embauches supplémentaires (8%) au deuxième semestre 2024.
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Une baisse d’activité liée aux ventes en berne
Quels sont les éléments de contexte expliquant cette baisse d’activité pour le secteur de la rénovation énergétique ?
Tout d’abord la vente de logements anciens : celle-ci a elle aussi diminué fortement. En juillet 2024, elle atteint ainsi un niveau 20% plus bas que celui de juillet 2023. Le changement de propriétaire constituant un moment clé pour la rénovation des biens, la baisse de ventes a donc logiquement impacté directement le nombre de chantiers.
Et si ces ventes diminuent c’est que, dans le contexte actuel, les ménages ont plus de difficultés à obtenir des crédits, comme le montrent les chiffres les plus récents (pour le T4 2023). Les montants des crédits accordés sont ainsi en forte baisse par rapport au quatrième trimestre 2022 :
- -41% pour les logements anciens
- -56,9% pour le financement de travaux d’amélioration-entretien, dont ceux de rénovation énergétique
En revanche, le taux d’épargne des ménages est en légère augmentation : à 17,9%, c’est +1% par rapport à 2023.
Pour 2025, les perspectives d’amélioration semblent toujours floues pour les professionnels.
Il faudra attendre la fin du débat parlementaire autour du projet de loi de finance 2025 pour savoir comment certaines mesures – budget de MaPrimeRénov’, taux de TVA réduit, etc. – pourraient impacter positivement ou négativement le secteur de la rénovation énergétique.
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