Crise des matériaux : les acteurs du BTP signent une déclaration commune d’engagement
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Dans un contexte de hausse des prix et de difficultés d’approvisionnement, 11 acteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP) ont signé, lundi 11 juillet, une déclaration commune d’engagement sur les bonnes pratiques contractuelles et commerciales. L’objectif, « avancer en filière » pour limiter l’impact de la crise des matériaux et préserver l’activité et l’emploi.
Nouvel élan de solidarité dans la filière BTP - Photo : Compte twitter @oliviagregoire
« Je tiens à féliciter l’exemple que vous donnez. Je connais vos préoccupations. Je les connais d’autant mieux qu’elles sont partagées dans tous les secteurs », a introduit Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, à l’occasion de la signature de la déclaration de solidarité de la filière BTP, lundi 11 juillet.
Cette déclaration est « une base commune, c’est un pas décisif qui est accompli grâce à vous », a-t-elle poursuivi, saluant « l’engagement et le sens des responsabilités » des signataires.
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« Un signal majeur face à un contexte inédit »
La ministre a rappelé que les difficultés d’approvisionnement et de hausse des prix ne datent pas de la guerre en Ukraine. Le conflit n’a fait qu’amplifier ces phénomènes. La forte reprise post-covid a notamment conduit à des envolées sur les prix des matières premières (+ 135% sur l’acier, + 70% sur le bois, + 51% sur le cuivre…) et à une augmentation de 287% sur le coût du fret conteneurs (indice Harpex) en 2021 (source : cercle cyclope), précise un communiqué diffusé par Bercy.
Afin de « faire émerger des solutions collectives », une mission de médiation a été confiée au Médiateur des entreprises dès le mois de juin 2021.
Les échanges menés avec la filière ont permis d'identifier des bonnes pratiques pour aider les entreprises à gérer au mieux les conséquences de la crise. La déclaration signée lundi vient concrétiser « l’esprit de dialogue » des acteurs du BTP.
« C’est une fierté car c’est la première fois que la filière a souhaité travailler ensemble. Ce document que nous avons signé est un signal majeur face à un contexte inédit. C’est un message de solidarité économique face à une situation exceptionnelle », s’est félicité Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises et président du comité de crise BTP. « Tous ensemble, nous allons plus loin. Nous allons en ressortir plus fort ».
La déclaration a vocation à être enrichie. « Ce n’est qu’une première liste. Nous allons continuer à promouvoir les bonnes pratiques ». Les bons élèves vont également être mis en avant. « Nous ne faisons pas de Name and Shame mais du Name and Fame », a-t-il précisé.
En parallèle, le comité de crise va poursuivre ses missions pour identifier les acteurs qui ne jouent pas le jeu. « Nous avons déployé un certain nombre d’actions qui ont bien marché », a-t-il ajouté.
Des bonnes pratiques pour guider la filière BTP
La déclaration des acteurs du BTP s’articule autour de plusieurs axes parmi lesquels :
- Un partage d’information fiable sur les perspectives d’approvisionnement
- Un traitement équitable dans la relation client-fournisseur avec par exemple des délais de prévenance « justes, justifiés et adaptés aux circonstances en matière d’augmentation des prix »
- Des aides à la trésorerie via versement d’acomptes sur approvisionnement notamment
- Une prolongation ou suspension des délais d’exécution des marchés
Des acteurs solidaires mais pas signataires
La déclaration compte à ce jour *11 signataires. La Fédération française du bâtiment (FFB) en fait partie. Olivier Salleron, son président, a estimé que l’initiative était « la première pierre indispensable au lancement sans délais des Assises du BTP ». Ce pourrait aussi être le départ « d’un Conseil national où l’on se retrouverait régulièrement ».
La Capeb a de son côté salué le travail réalisé par la médiation des entreprises mais a décidé de ne pas signer la déclaration. Jean-Christophe Repon a rappelé que certains industriels, revendeurs et fournisseurs s’étaient engagés avec des délais de commande d’un mois. « Nous ne le retrouvons pas dans la déclaration ». Il a ainsi regretté « une frilosité de la filière sur les délais de prévenance ».
Si la déclaration mérite d’être complétée, Olivia Grégoire a insisté. « Cette charte d’engagement est importante en termes de signal et d’exemplarité des filières. Dès la rentrée, dans le cadre des Assises du BTP, le Gouvernement prendra ses responsabilités et ira plus loin sur ces enjeux tout en préservant les objectifs de transition écologique ».
Les Assises doivent enclencher un mouvement. Elles peuvent permettre de voir « quelles mesures pourraient éventuellement être portées en Projet de Loi de Finances (PLF) », a conclu la ministre.
Les 11 signataires de la déclaration sont :
- Association française des industries des produits de construction (AIMCC)
- Alliance des minerais, minéraux et métaux (A3M)
- Confédération des Grossistes de France (CGF)
- Chambre Nationale de l’Artisanat des Travaux publics et Paysagistes (CNATP)
- France Bois Industries Entreprises (FBIE)
- Fédération Française du Bâtiment (FFB), la Fédération Nationale des Travaux Public (FNTP)
- Fédération des Distributeurs de Matériaux de Construction (FDMC)
- Fédération des Industries Électriques, Électroniques et de Communication (FIEEC)
- Organisation des Coopératives d’achat des artisans du bâtiment (ORCAB)
- Union Sociale pour l’Habitat (USH)