« Les mesures de soutien sur le marché de la rénovation ne sont pas à la hauteur des ambitions », Jean-Christophe Repon

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Les prédictions de la Capeb se confirment : au deuxième trimestre 2023, l’activité globale des entreprises artisanales du bâtiment recule pour la première fois depuis trois ans (- 0,5% en glissement annuel). Seul segment en croissance, la rénovation énergétique. Jean-Christophe Repon, président de l’organisation professionnelle, appelle à la mise en place de mesures d’urgence, adaptées à la réalité du marché et à celle des ménages.

Conférence Capeb septembre 2023

L'activité de rénovation énergétique progresse de 2% au 2T 2023

Il y a un an, la Capeb tirait la sonnette d’alarme sur l’activité des entreprises artisanales du bâtiment. En effet, l’année 2022 avait été marquée par un ralentissement de l’ensemble des segments du marché.

 

Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques, rappelle ainsi : « Nous avions fait des hypothèses de croissance en début d’année entre + 0,5% et - 0,5%. Notre estimation sera plutôt sur le bas de la fourchette, en volume. Nous étions à 2,4% en 2022. Et pour 2024, on ne peut pas faire de pronostics, de prédictions sérieuses mais on peut faire l’hypothèse qu’on sera autour de - 1% ».

« Ce premier semestre n’est pas une déception car on s’y attendait mais on espérait des arbitrages pour contrer cette décroissance », regrette Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

 

Cette baisse d’activité n’était pas arrivée depuis trois ans. « Elle nécessite des mesures d’attention toute particulière pour l’artisanat du bâtiment qui sera, je pense, l’un des acteurs importants pour réussir les ambitions - de transition énergétique, de décarbonation et d'adaptation du logements - du Gouvernement. Les mesures de soutien ne sont pas à la hauteur des ambitions. Les 2% d’activité ne relatent pas le potentiel du marché » ni même « les objectifs de la France à horizon 2050 ».

 

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Mais alors que faire ?

Il est indispensable de prendre en compte la réalité économique du marché et la situation financière des particuliers. L’inflation impacte le pouvoir d’achat des ménages qui engagent moins de rénovations énergétiques. A cela s’ajoute une difficulté à accéder à la propriété. « Le rapport à la banque avec le taux d’usure est très complexe ». Les transactions immobilières se font plus rares. Or, « quand on achète un nouveau logement, souvent on l’améliore et on y fait des travaux ».

 

Autre frein à lever, la complexité de l’offre et des aides. Les ménages ne s’y retrouvent pas. Certaines annonces pourraient être contre-productives, selon la Capeb, se référant notamment à l'interdiction des mono-gestes pour privilégier la rénovation dite globale. Elle s'oppose également à la suppression totale des subventions en faveur de l'installation de chaudières gaz qui « va totalement à l'encontre des particuliers qui ont commencé une démarche de rénovation ». Par ailleurs, une hausse de la TVA à 20% sur une activité déjà « atone » ne « rapportera pas les 3 ou 4 milliards d'euros espérés aux finances publiques », avance Jean-Christophe Repon. 

 

Quant aux professionnels, ils sont de moins en moins nombreux à détenir le label RGE alors même que les ambitions sont plus importantes. « On est autour de 60 000 entreprises RGE. Ce qui est inquiétant, c’est que ça ne progresse pas, ça baisse même à Qualibat. Les seuls chiffres qui sont positifs, c’est chez Qualit’Enr parce qu’ils ne font pratiquement que de la pompe à chaleur et c’est une part du marché qui, elle, est en progression », révèle ainsi David Morales, vice-Président de la Capeb et de Qualibat. 

 

Il est également nécessaire de donner de la visibilité aux chefs d'entreprises. « Ce qui caractérise le climat ambiant sur le terrain, c’est de l’incertitude, c’est de ne pas savoir ce qu’il va se passer. Nouvelles réglementations ? Niveau d’aides renforcé ? Comment vont-elles être fléchées ? », pointe Alain Chouguiat. 

Reconnaître l'artisanat du bâtiment à sa juste valeur

Alors que de nouveaux arbitrages sont attendus dans les prochaines semaines, la Capeb souhaite la tenue d'Assises du bâtiment. Elle réitère également ses propositions en faveur du marché de la rénovation énergétique, par exemple une harmonisation des dispositifs d'aides et un reste à charge moins élevé pour les ménages. « On voit que la banque privée ne joue toujours par le jeu ». Elle s'interroge aussi sur le déploiement du réseau d'accompagnateurs rénov' qui ne seraient «  pas encore tous formés ». 

 

« Les chefs d'entreprises ont des difficultés à maintenir les carnets de commandes et ils essayent de trouver des solutions pour ne trop rogner sur leurs marges et continuer à exercer ».  Pourtant, « avec le marché qui s'ouvre à nous, on devrait gérer l'activité avec facilité », souligne Jean-Christophe Repon. 

 

Le secteur attend ainsi des pouvoirs publics « de la reconnaissance et de la bienveillance ». « Nous sommes en ordre de marche pour relever le défi de la rénovation énergétique La situation est difficile mais on peut encore, avec quelques décisions de bon sens, redonner de l’activité à l’artisanat du bâtiment et atteindre les objectifs que l’on s’est fixés ensemble ». 

Rose Colombel

Journaliste - Responsable de contenus pour Effy

Journaliste passionnée par le secteur du bâtiment, je vais à la rencontre des professionnels depuis sept ans. Valoriser votre secteur et ses métiers est un effort collectif, celui de toute une filière. C'est avec enthousiasme et humilité que je vous donne la parole et vous informe sur l’actualité.