MaPrimeRénov’ 2024 : les artisans indépendants inquiets
Sommaire
Les petits artisans sont inquiets face aux changements de MaPrimeRénov’ pour 2024. Avec l’accent mis sur les rénovations globales, ils ont peur d’être mis de côté et de ne pas faire le poids face à de plus gros acteurs. Effy fait le point.
Depuis le 1er janvier, la nouvelle version du dispositif MaPrimeRénov’ est entrée en vigueur. Les travaux de rénovation énergétique des particuliers sont désormais pris en charge dans le cadre de deux parcours :
- MaPrimeRénov’ Décarbonation pour l’installation d’un système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire décarboné
- MaPrimeRénov’ Rénovation d’ampleur (aussi appelé “Parcours accompagné”) pour les rénovations globales
Cette évolution a pour but d’encourager les particuliers à mener des bouquets de travaux ambitieux. Le parcours MaPrimeRénov’ Rénovation d’ampleur doit ainsi inclure deux gestes d’isolation et permettre de gagner au moins deux classes énergétiques.
Pour aller plus loin : Changements de MaPrimeRénov’ en 2024 : les réponses à toutes vos questions
🎬 Découvrez les derniers changements liés à MaPrimeRénov' :
Un avantage d’ampleur pour les grosses entreprises ?
C’est cette mise en avant des travaux d’ampleur qui inquiète certains artisans. Interrogé par les médias locaux, un menuisier de l’Hérault explique ainsi que les chantiers de rénovation énergétique représentent 90% de son activité.
« Ces subventions vont favoriser les entreprises capables de gérer des dossiers administratifs, plus que les travaux intérieurs. Pour moi qui suis travailleur indépendant, je vais être complètement largué », témoigne-t-il auprès de France 3 Occitanie.
Ces rénovations globales nécessitent l’intervention de plusieurs corps de métier, ce qui avantage les entreprises multi-activités ou les groupes. « Avec leurs commerciaux, ils vont aller prendre des parts de marché et monter des dossiers, au détriment de nos artisans », s’inquiète de son côté Olivier Coulom, président de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) de l’Aude.
À lire aussi : Qu'est-ce qui empêche les particuliers de rénover leur logement ?
Les gestes simples plus encouragés
Surtout, les artisans s’inquiètent que ces nouvelles modalités n’incitent pas les particuliers à rénover. « Les travaux de rénovation sont souvent déclenchés par une panne d’un équipement », explique Jean-Christophe Repon, président de la Capeb aux Échos. En ne prenant plus en charge une majorité de gestes simples, cette nouvelle version de MaPrimeRénov’ risque donc de refroidir l’élan de nombreux propriétaires selon lui.
La confédération milite pour la mise en place d’un calendrier de travaux, qui permettrait de réaliser une rénovation globale étalée dans le temps.
Plus d’étapes pour accompagner les particuliers
Tous les projets dépendant de MaPrimeRénov’ Parcours accompagné devront fournir un audit énergétique, puis être suivi dans le cadre du dispositif Mon Accompagnateur Rénov’.
Ces professionnels indépendants, agréés par l’Anah, ont pour rôle de conseiller les particuliers sur le choix des travaux et des artisans, et de les aider à monter leur dossier de demande d’aide.
Ce nouveau processus rallongé inquiète les artisans indépendants, qui ont peur que ces nombreuses étapes découragent les clients de se lancer dans des travaux.
Pour en savoir plus : Mon Accompagnateur Rénov’ : le nouveau maillon indispensable pour les rénovations globales
Une activité globale en baisse
L’inquiétude croissante des petits artisans quant au dispositif MaPrimeRénov' se matérialise par ailleurs dans un contexte économique compliqué.
En effet, la rénovation représente un marché important pour les artisans, surtout avec le repli de la construction neuve : -2,3% en 2023 selon le dernier état de conjoncture de la Capeb. L’entretien-rénovation est stable avec +0,1%, tandis que l’amélioration de la performance énergétique des logements augmente (+1,8%).
« On est impactés par le neuf mais moins que les grands groupes ou entreprises moyennes », confie Jean-Christophe Repon, reconnaissant tout de même que « les chiffres ne sont pas bons ». Au total, la Capeb fait état d’une baisse de l’activité de 0,6% sur l’année 2023.
Et cette tendance semble se confirmer pour 2024, puisque pour janvier, les adhérents de la Capeb comptent l’équivalent de 75 jours de travail commandés, soit 21 de moins qu’en janvier 2023. La confédération prévoit une baisse de 2% sur toute l’année.