MaPrimeRénov’ : la chute des mono-gestes n’est pas compensée par les rénovations d’ampleurs

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Les chiffres pour la première partie de l’année sont tombés pour MaPrimeRénov’ et présentent un premier semestre mouvementé avec de nombreux changements pour le dispositif. À la clé : une baisse des mono-gestes mais une dynamique positive pour les rénovations d’ampleur. Effy décrypte ce bilan.

Un premier semestre décevant pour MaPrimeRénov'

Après un début d’année marqué par des évolutions du dispositif MaPrimeRénov’, l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) a publié le bilan du premier semestre 2024 pour le dispositif. 

 

Après le net ralentissement observé au premier trimestre par rapport aux dynamiques en 2023, notamment au niveau des rénovations par geste, il semblerait que la tendance soit repartie à la hausse sur les deux parcours de MaPrimeRénov’ depuis la mise à jour de mai 2024.

Bilan MaPrimeRénov' au premier semestre 2024

En effet, au 1er janvier, le gouvernement avait introduit une nouvelle version de MaPrimeRénov’ qui mettait l’accent sur les rénovations d’ampleur et limitait les mono-gestes aux changements de chauffage et d’eau chaude. 

 

Ce changement majeur a entraîné une certaine confusion auprès des propriétaires concernant les conditions d’éligibilité à MaPrimeRénov’, mais surtout une baisse significative et attendue des mono-gestes, notamment du fait de l’exclusion de l’isolation des travaux couverts.

 

Face à un bilan mitigé des premiers mois de 2024, de nouvelles mesures sont finalement entrées en vigueur au 15 mai 2024 pour simplifier le dispositif :

  • Plus besoin de DPE pour les mono-gestes
  • L’isolation thermique redevenait éligible aux aides pour les mono-gestes
  • Les maisons classées F et G devenaient éligibles à la rénovation par geste

 

📍 Les chiffres clés : 
Pour ce premier semestre 2024, 159 473 logements ont été rénovés grâce à MaPrimeRénov’, avec 1 039,4 millions d’euros d’aides accordées.

 

Dès lors, que penser globalement de ces chiffres pour le premier semestre 2024 ? Comparés aux plus de 280 000 logements rénovés en 2023 (pour les deux parcours cumulés), avec près de 160 000 rénovations, la chute est tout de même de 44%

 

La baisse des mono-gestes d’isolation n’est ainsi pas compensée par les rénovations d’ampleurs en hausse. Ces dernières restent d’ailleurs bien loin des objectifs annoncés – et pourtant déjà revus à la baisse – de 140 000 logements rénovés par an.

Les rénovations d’ampleur en forte croissance

Côté rénovation globale, la nouvelle direction donnée au dispositif à partir de mai 2024 a porté ses fruits. 

 

Si les propriétaires s’étaient montrés encore timides au premier trimestre en matière de rénovations d’ampleur, la suite du semestre a été marquée par « une accélération progressive de la dynamique de ces rénovations », selon le bilan de l’Anah.

 

Ainsi, l’Anah enregistre sur le deuxième trimestre une hausse de +61% des dossiers déposés pour la rénovation globale par rapport au deuxième trimestre 2023, avec 34 826 dépôts. La hausse est aussi nette à l’échelle du semestre complet : +31% entre 2023 et 2024.

 

20 463 projets de rénovation d’ampleur ont ainsi été engagés, et au-delà d’être plus nombreux, ils sont surtout plus ambitieux : 75% des dossiers concernent en effet des logements ayant une étiquette énergétique F ou G.

 

En outre, le montant moyen des travaux déclarés se situe désormais à 54 671€, pour une aide moyenne de 37 080 €

 

Les foyers aux revenus très modestes sont les plus représentés dans les dossiers de rénovation d’ampleur : ils représentent 59% des demandes, par rapport à 20% pour les foyers aux revenus modestes, 11% pour les foyers aux revenus intermédiaires et 10% pour les foyers aux revenus supérieurs.

 

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🔎 Des propriétaires variés 
Sur les plus de 20 000 logements rénovés au premier semestre, on compte une majorité de propriétaires occupants en logements individuels (13 776), mais aussi une part importante de logements en copropriété (5 342) et 1 345 propriétaires bailleurs.

 

Mon Accompagneur Rénov’ se déploie

Les foyers qui se lancent dans une rénovation d’ampleur sont systématiquement accompagnés par un tiers de confiance : Mon Accompagneur Rénov’. 

 

Depuis le début de l’année, ce dispositif se développe donc progressivement. 

 

L’Anah note ainsi une hausse de +47% du nombre d’accompagnateurs agréés par l’État depuis mars 2024

 

755 structures ont désormais reçu cet agrément, ce qui représente plus de 3 300 Accompagnateurs Rénov’

Une dynamique qui repart sur les rénovations par geste

Du côté des rénovations par geste, les conditions assouplies entrées en vigueur au 15 mai ont permis de relancer une dynamique qui était fortement à la baisse au premier trimestre (-51% entre les semestres 2023 et 2024). La hausse de la rénovation d’ampleur ne permet toutefois pas de compenser cette baisse des mono-gestes.

 

124 903 ménages ont ainsi sollicité une aide MaPrimeRénov’ mono-geste au premier semestre 2024 (contre 257 088 en 2023). 

 

139 010 dossiers ont ainsi été engagés en 2024 – certains dossiers ayant été déposés en 2023 mais engagés cette année –, pour 556,2 millions d’euros d’aides accordées.

 

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Le chauffage leader des mono-gestes

Lorsqu’on se penche sur les travaux les plus aidés, le changement de chauffage occupe évidemment une part très importante, puisque ce geste était le plus mis en avant depuis le début de l’année. 

 

78% des gestes concernent donc cette thématique, avec un trio de tête mené par les pompes à chaleur air/eau (20% des gestes), les poêles à granulés (18%) et, ex-aequo, les chauffe-eau thermodynamiques et les poêles à bûches (10%). 

 

On retrouve ensuite l’isolation avec 15% des gestes, malgré le fait qu’elle n’était pas couverte en mono-geste par le dispositif pour les dossiers déposés entre le 1er janvier et le 15 mai.

 

Un montant moyen semblable pour tous les ménages

Les ménages très modestes et modestes représentent à nouveau la majorité des dossiers, avec respectivement 45% et 24%.

 

Il est intéressant de noter que le montant moyen des travaux déclarés est sensiblement similaire en fonction des niveaux de revenus : 12 266€ pour les ménages aux revenus intermédiaires, 12 248€ pour les modestes et même 12 614€ pour les très modestes. En revanche, la part des aides délivrées par MaPrimeRénov’ diminue logiquement en fonction des catégories.

Le pari de simplifier les conditions d’accès à MaPrimeRénov’ au 15 mai a donc l’air d’avoir fonctionné, en relançant les dynamiques grippées. Les chiffres restent toutefois décevant par rapport aux objectifs

 

Reste à voir si ces dynamiques se confirmeront sur la deuxième moitié de l’année et à l’horizon 2025. Une nouvelle mise à jour du dispositif ne jouerait pas en sa faveur alors que les particuliers, de plus en plus attentistes, semblent avoir besoin de stabilité.

Animée par la transition écologique, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers les sujets autour de la rénovation énergétique. Pour Effy, je vous informe donc sur les actualités de ce secteur.