MaPrimeRénov’ : les résultats en demi-teinte du 3ème trimestre 2024
Sommaire
L’année 2024 a été mouvementée pour MaPrimeRénov’ : grande remise à plat en janvier, assouplissement en mai et discussions encore en cours pour les ajustements de 2025. Le dernier bilan chiffré des aides distribuées entre janvier et septembre était donc très attendu par tous les acteurs de la filière. Tour d’horizon des enseignements avec Effy !
Les rénovations globales décollent enfin
L’objectif majeur des modifications intervenues le 1er janvier 2024 – favoriser les rénovations globales – semble enfin se concrétiser au troisième trimestre !
En effet, en trois mois, la période juillet-septembre a vu le dépôt d'autant de dossiers que la période janvier-juin, soit un doublement du rythme.
Ainsi depuis le début de l’année, 70 601 dossiers pour des rénovations d’ampleur ont été déposés, dont la moitié pendant le 3ème trimestre. C’est quasiment autant que sur l’intégralité de l’année 2023 (71 000 rénovations globales aidées).
Ces rénovations visent prioritairement les logements avec une mauvaise classe énergétique, dits « passoire thermique » : 75 % des dossiers déposés pour ce type d’aide concernent des logements avec une étiquette énergétique F ou G.
En 2024, ce sont ainsi près de 43 000 primes qui ont été versées et qui ont contribué à la rénovation globale de :
- 12 533 logements en copropriété
- 2 553 logements locatifs, rénovés par les propriétaires bailleurs
- 27 659 logements rénovés par leur propriétaire occupant
Les aides distribuées par l’ANAH pour des rénovations globales représentent dès lors 1,1 milliard € depuis le début de l’année 2024.
En dépit de la satisfaction affichée de l’ANAH, avec ces 43 000 rénovations d’ampleur effectuées, signalons néanmoins que les chiffres sont encore bien loin des 200 000 rénovations globales qu’ambitionnait le gouvernement pour l’année 2024.
c’est le montant moyen de l’aide accordée pour une rénovation globale en 2024
MaPrimeRénov’ Parcours accompagné : un succès pour les foyers modestes
Autre point notable de ce bilan : la grande majorité des propriétaires qui engagent une rénovation d’ampleur appartiennent aux catégories « revenus modestes » (20 % du total) ou « revenus très modestes » (59 %).
On ne peut que constater le faible intérêt des catégories plus favorisées pour les rénovations globales. Peut-être peuvent-elles en effet plus facilement faire face à des factures de chauffage plus importantes. Ou alors est-ce à cause d’un reste à charge des travaux plus élevé ? En tout cas, les diverses dispositions prévues pour toucher prioritairement les foyers les plus modestes se révèlent payantes.
Les ménages des deux catégories de revenus inférieurs bénéficient ainsi d’une subvention moyenne de 41 000 € pour des travaux s’élevant à 53 400 €.
Les ménages des deux catégories supérieures touchent quant à eux en moyenne 25 000 €, pour un montant de travaux un peu plus élevé (62 300 €).
Les Accompagnateurs Rénov' montent en puissance
En plus du relèvement des montants de primes accordées aux foyers les plus modestes, on peut également supposer que l’accompagnement par une structure agréée a pu jouer un rôle pour aider les propriétaires à mener à bien leurs projets de rénovation ambitieuse.
En effet, depuis le 1er janvier 2024, il est obligatoire pour déposer un demande de financement MaPrimeRénov pour une rénovation d’ampleur d’être accompagné par un « Accompagnateur Rénov », une entité privée ou publique ayant reçu l’agrément pour apporter des conseils techniques, administratifs et financiers aux propriétaires.
Au 30 septembre 2024, on comptait ainsi 1 035 structures Mon Accompagnateur Rénov’ (en hausse de 37 % par rapport au 30 juin) : la dynamique est donc similaire à celle des dépôts de dossiers.
Selon une première enquête de satisfaction, 91 % des propriétaires concernés ont déclaré ne pas avoir eu de difficulté à trouver un Accompagnateur Rénov.
MaPrimeRénov’ Rénovation par geste : des chiffres décevants
Du côté des rénovations par geste, le bilan est nettement moins enthousiasmant, probablement en raison des allers-retours réglementaires et du durcissement des conditions.
Les propriétaires ont ralenti les demandes d’aide MaPrimeRénov’ par geste qui sont largement inférieures à celles de 2023, malgré l’assouplissement accordé finalement mi-mai 2024.
Sur les 9 premiers mois de l’année 2024, 173 000 dossiers « MaPrimeRénov par geste » ont ainsi été déposés. En fin d’année, on sera sûrement très loin des 497 000 rénovations financées en 2023, une année elle-même déjà en-deçà des chiffres de 2022.
Sans surprise, l’objectif des 500 000 rénovations visées en 2024 semble également très lointain…
🔎 Quels sont les travaux les plus fréquemment réalisés via MaPrimeRénov’ Rénovation par geste ?
• 77 % des demandes concernent un changement de chauffage. Elles se répartissent principalement entre les mises en place de pompes à chaleur air/eau (21 %), les installations de poêles à granulés et à bûches (27 %) et les chauffe-eau thermodynamiques (10 %).
• Deuxième type de travaux, l’isolation thermique avec 16 % des demandes.
• 4 % concernent enfin la ventilation, et 3 % le financement des audits énergétiques.
Quelles perspectives pour MaPrimeRénov’ en 2025 ?
A l'approche de la fin de l’année, beaucoup se posent des questions avec peu de réponses concrètes pour 2025.
Les acteurs du secteur semblent ainsi un peu circonspects au vu des signaux contradictoires affichés par le gouvernement : annonces de budget raboté d’une part, et ambitions réitérées d’autre part. Toute la filière réclame dès lors une stabilité des règles pour toute l’année 2025… Ce qui semble avoir été confirmé par les dernières déclarations de la ministre.
Les conditions précises et les barèmes pour 2025 devraient en tout cas être publiés dans les prochaines semaines. Et nous serons bien entendu là pour vous les communiquer !