Quel avenir pour les pompes à chaleur après une année 2024 en baisse ?
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Le secteur des pompes à chaleur, technologie au cœur de la rénovation énergétique, connaît une baisse de ses ventes. Pourtant, cette filière semble promise à un bel avenir, si l’on croit les objectifs du gouvernement et les projections de recrutement. Effy fait le point sur l’état du marché.
Un retour de la croissance en 2026 ?
En 2024, les ventes de pompes à chaleur (PAC) utilisées en chauffage enregistrent ainsi une baisse de 30 % par rapport à 2023.
Ces chiffres sont issus d’une analyse menée par le cabinet de recherche et de conseil spécialisé dans la transition énergétique LCP Delta, qui estime que 400 000 pompes à chaleur devraient être vendues d’ici la fin de l’année.
En Europe, la France reste pourtant le principal marché de pompes à chaleur, devant l’Italie et l’Allemagne, qui connaissent également une baisse des ventes. Entre 2022 et 2024, le marché français a quant à lui perdu plus de 150 000 pièces en volume, sur tous les types de technologies. Les modèles air-eau sont les plus touchés.
Le cabinet LCP Delta estime qu’une reprise devrait intervenir fin 2025, avant un réel renouement avec la croissance en 2026.
🔎 Quelle situation pour les PAC en Europe ?
Le marché européen avait commencé à ralentir en 2023, et connaît cette année 35 % de baisse des volumes vendus, après 50 % de hausse en 2021 et 54 % en 2022. Cependant, le niveau reste supérieur à 2020.
Face à ces baisses, les acteurs du secteur se voient obligés de réduire la voilure. « Plusieurs usines tournent en sous-régime, et des réductions des effectifs sont envisagées pour adapter l'activité à la demande actuelle », alerte le cabinet.
Un marché de l’immobilier ralenti et des aides instables
Ce ralentissement du secteur s’explique par plusieurs facteurs, notamment liés au contexte du marché immobilier.
En effet, la crise de la construction neuve se poursuit, et les ventes de logements anciens sont toujours ralenties, malgré la baisse des taux d’intérêt.
Par ailleurs, la hausse de l’inflation impacte le pouvoir d’achat des Français, et donc leurs projets de rénovation.
S’ajoute à cela une confusion autour des dispositifs d’aides, liée à leurs évolutions fréquentes, notamment pour MaPrimeRénov’. Ainsi, les rénovations par geste, qui ont connu plusieurs revirements au sujet de leurs modalités durant l’année 2024, n’ont pas retrouvé un niveau similaire à 2023 selon les derniers chiffres publiés.
Autre aspect qui ne joue pas en faveur des pompes à chaleur : les tarifs du gaz, plus compétitifs que ceux de l’électricité, qui contribuent donc à rendre attractives les chaudières à gaz pour les particuliers, notamment lors des rénovations.
En outre, si le gouvernement a envisagé d’interdire complètement la vente des chaudières à gaz en 2023, il s’est finalement ravisé, et leurs ventes ont augmenté cette année. Plusieurs mesures ont cependant été mises en place : ces équipements ne sont désormais plus éligibles à MaPrimeRénov’ et aux CEE. Dès 2025, ils devraient être soumis à une TVA rehaussée à 20 %.
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Objectif : un million de PAC produites en France pour 2027
Pourtant, de fortes ambitions ont été placées sur la filière.
En septembre 2023, le président avait annoncé l’objectif de baisser de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Un des leviers pour l’atteindre : tripler la production de pompes à chaleur d’ici 2027 pour atteindre le million d’unités fabriquées en France.
Avec le ralentissement actuel du marché, cet objectif semble néanmoins éloigné pour le moment...
En effet, 5 milliards d’euros d’investissements et 50 000 recrutements seraient nécessaires d’ici 2030, d’après les projections de l’Uniclima (le syndicat professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques) et de l’Afpac (Association française pour la pompe à chaleur).
C’est le nombre de pompes à chaleur ayant été produites en France en 2022.
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Des aides bientôt réservées au « Made in Europe » ?
Mais les projections sont encourageantes : l’institut d’études privées Xerfi a ainsi établi que les ventes de PAC devraient augmenter de 10 % par an en moyenne d’ici 2027, et ainsi dépasser 2 millions d’unités.
De son côté, LCP Delta estime qu'en 2035, environ 750 000 pompes à chaleur dédiées au chauffage seront vendues. C’est 30 % de plus que le niveau de 2023.
La réglementation RE2020, qui interdit désormais le chauffage au gaz dans les logements individuels neufs, et dans les logements collectifs neufs à partir de 2025, devrait en effet contribuer à soutenir le secteur des pompes à chaleur.
Une mesure pourrait également booster la filière : en avril dernier, le gouvernement a annoncé son intention de mettre en place une éco-conditionnalité des aides pompes à chaleur à partir de 2025. Les aides comme MaPrimeRénov’ seraient ainsi conditionnées au choix de PAC produites en France ou en Europe, présentant les meilleures performances environnementales.
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La filière garde le cap portée par la R&D
Si les investissements sont suspendus dans la majorité de la filière et que les usines adaptent leur production, l’Afpac reste optimiste sur la nécessité de décarboner le chauffage et l'eau chaude sanitaire.
La recherche et développement joue son rôle et la technologie continue d’évoluer : les modèles sont de plus en plus efficients et silencieux.
Un récent exemple en témoigne : le groupe Atlantic vient ainsi d’annoncer le démarrage du chantier d’une nouvelle usine, dans le Grand Chalon, en Saône-et-Loire. Il s’engage également à investir 140 millions d'euros d'ici à 2027, à créer 30 000 emplois et à fabriquer jusqu'à 150 000 pompes à chaleur. Un bon signal pour cette filière qui reste dynamique !