Rénovation énergétique performante : quelles solutions pour accélérer la tendance ?
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L’auditorium de la Tour Saint-Gobain accueillait, mardi 29 novembre, le Colloque du Club de l'Amélioration de l'Habitat (CAH) sur le thème : « Un habitat rénové et performant : efficience énergétique et décarbonation ». A cette occasion, des experts ont été conviés pour faire un état des lieux du marché de la rénovation énergétique et proposer des solutions de massification. Retour sur l’événement.
Le Colloque du CAH était animé par son délégué général, Jean-Pascal Chirat ©RC
Le Club de l’amélioration de l’habitat organisait, mardi 29 novembre, un nouveau colloque autour de la rénovation énergétique performante. En introduction, Jacques Pestre, président du CAH, a rappelé que le secteur travaillait depuis 30 ans à « économiser ce que l’on gaspille ». La rénovation est clé pour atteindre l’objectif mais « tous les moyens n’ont pas encore été mis aujourd’hui », a-t-il ajouté, appelant à « oser aller plus loin ».
Pour ce faire, la filière s’interroge. Faut-il un plan Marshall ? Remettre en place un crédit d’impôt fort ? Regarder les contraintes du RGE ? « Il est temps aujourd’hui de se mettre d’accord pour avancer plus vite », a insisté Jacques Pestre.
MonAccompagnateurRénov’, grand défi des pouvoirs publics
Simon Huffeteau, coordinateur interministériel du plan de rénovation énergétique, est venu apporter un éclairage sur les chantiers prioritaires du Gouvernement en matière de rénovation énergétique. Il a tout d’abord tenu à rappeler quelques résultats de la politique publique qui ne sont pas toujours mis en avant :
- 82% du montant de MaPrimeRénov’ va aux ménages modestes et très modestes, « là où le CITE était au contraire un système du ressort de l’anti distributif »
- En l’espace de trois ans, plus de 450 000 chaudières fioul ont été éliminées de l’habitat français et plus de 160 000 rénovations globales ont été accompagnées
Quels sont les travaux menés en interministériel ?
- L’amélioration de l’information aux ménages et du parcours usager. « Nous avons des curseurs à ajuster en permanence ». Dans cet item, on retrouve :
- Le déploiement de France Renov’.
- La mise en place de MonAccompagnateurRénov’ en 2023
- Un ajustement des outils de la rénovation (l’audit réglementaire par exemple)
- Le renforcement de l’évaluation de la politique publique.
Il s’agirait par exemple « d’être capable d’avoir une mise à jour plus fréquente de la connaissance du parc, d’avoir un système d’évaluation des aides qui soit là aussi un peu plus fréquent ». En ce sens, des travaux sont en cours avec l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE).
- Le travail avec la filière et le soutien aux innovations.
« Il y a un vrai enjeu qui est de renforcer l’attractivité de la filière et bien sûr de renforcer la force de frappe en matière de formation pour être capable de répondre aux enjeux ».
- La planification à travers notamment France Nation Verte.
« L’objectif de ces travaux, c’est réellement de définir quelle est la trajectoire physique en matière de rénovation et la trajectoire financière qui est celle que nous devrions suivre pour respecter nos engagements, pour lutter contre le changement climatique de manière efficace ».
Quelles sont les axes priorisés par les pouvoirs publics ?
Réussir MonAccompagnateurRénov’, garder le cap dans la lutte de la dépendance aux énergies fossiles, et réussir la transition et le post-SARE.
Les professionnels du bâtiment mobilisés
Si le Gouvernement mise sur le déploiement de France Rénov’ pour accélérer le passage à l’acte des ménages, une enquête menée par le Club de l’amélioration de l’habitat auprès d’un panel de 2 000 professionnels, révèle que seulement 51% des interrogés connaissent les structures locales d’information conseil. Parmi eux, 48% savent que les Espace conseil réalisent des actions envers les entreprises du bâtiment.
Pour les Espace Conseil France Renov’, la priorité doit être donnée aux actions d’information et de sensibilisation, ainsi qu’à la formation et à la structuration de l’offre globale. Les professionnels, eux, attendent plutôt des Espace Conseil, des informations sur les aides et sur les évolutions réglementaires en cours et à venir, et un accompagnement en faveur des clients particuliers.
9 experts pour débattre sur le thème de la rénovation énergétique ©RC
L’accompagnement est en effet clé aussi bien du côté des ménages que des professionnels. Lors d'une table ronde, David Morales, vice-président de la Capeb a souligné la nécessité d’aider les entreprises sur la partie administrative. Il a aussi appelé à plus de cohérence entre les dossiers CEE, MaPrimeRénov’ et RGE. Pour lui, l’attractivité des métiers, c’est aussi convaincre les entreprises qui ne sont pas encore RGE de s’inscrire dans la démarche. Des solutions doivent également être trouvées pour travailler en lieu occupé dans le cadre d’une rénovation globale.
Pascal Housset, président de l’UMGCCP, a lui aussi évoqué l’attractivité des métiers. Selon lui, l’ascenseur social que représente le secteur, doit être valorisé. Il faudrait aussi « avoir des plateformes techniques qui permettent aux pros de monter en compétences ». Autre sujet évoqué, le manque de lisibilité et de visibilité des aides.
💡 A l’occasion du Colloque, Pascal Housset, qui est également président de l’Association française de la ventilation, a annoncé l’élaboration prochaine d’un GreenDeal portant sur la qualité, la conception, la réalisation et la maintenance des installations. Il fait suite à une initiative portée par le Synasav autour de la maintenance des systèmes de ventilation.
Adaptation des logements et rénovation énergétique : duo gagnant ?
Pour conclure le Colloque, la CAH a invité Philippe Pelletier à s’exprimer. Le président du Plan bâtiment durable a estimé que « c’est ensemble et seulement ensemble » que les défis pourront être relevés.
Alors que le marché de la rénovation pourrait *ralentir en 2023, il a identifié deux leviers pour donner un coup de boost à l'activité :
- « Il faut modifier le périmètre d’intervention et réfléchir à l’échelle de l’ilot, du lotissement, du quartier... ». Cela viendrait faciliter « la contractualisation entre l’Etat et la collectivité locale » et cela pourrait attirer des acteurs « que l’on ne voit pas dans la rénovation énergétique, par exemple, les promoteurs ».
- L’adaptation du logement au vieillissement. Des travaux de rénovation énergétique pourraient être proposés en même temps. Le particulier bénéficierait « d’aides puissantes » et pourrait financer le reste à charge via le prêt avance rénovation.
* Le CAH a partagé une étude sur le marché de la rénovation énergétique en 2021 et les perspectives de croissance en 2022 et 2023. On y note un ralentissement de l'activité l'an prochain. En cause : la crise des matériaux, les difficultés de recrutement, un atterrissage du nombre d'occasions de rénover, un renchérissement des coûts des travaux, une dégradation de la capacité à financer, un maintien mesure de l'effort sur les aides.