Rénovation énergétique : « Le coup de boost n’est pas présent », regrette la Fédération française du bâtiment (FFB)
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Malgré les mécanismes de soutien (MaPrimeRénov’, CEE, etc.) et les mesures issues de la loi Climat et résilience, le rythme de croissance du marché de la rénovation énergétique ralentit au premier trimestre 2023 (+1,1%). Du côté du logement neuf, la crise « gagne l’ensemble du territoire ». Résultat, l’emploi « se tasse ». Retour sur les chiffres révélés ce mardi 4 juillet, par la Fédération française du bâtiment (FFB).
Une activité en demi-teinte pour le bâtiment au premier trimestre 2023
En début de conférence de presse, ce mardi 4 juillet, la FFB a présenté la « photographie 2022 » du bâtiment.
L’an dernier, le secteur a totalisé 1 730 000 actifs, « un niveau historique depuis plus de 20 ans ! », s’est félicité Olivier Salleron, président de la Fédération. Même tendance pour le chiffre d’affaires avec 166 milliards d’euros, se répartissant entre 46% dans le neuf et 54% en amélioration-entretien.
En construction neuve comme en entretien-amélioration, le logement occupe une place importante (60% de l’activité) d’où la nécessité d’avoir des mesures « adéquates » pour le neuf et des dispositifs « suffisants » pour la rénovation.
Des dispositifs d’aides à la rénovation encore insuffisants
Olivier Salleron a rappelé que le rapport Pisani-Ferry préconisait d’investir chaque année, jusqu’en 2030, 48 milliards d’euros de plus (hors effet de prix) sur le parc existant, soit deux fois plus que le montant actuel des travaux énergétiques.
« On voit l’effort que l’on doit faire » pour « mobiliser les particuliers, les entreprises, les investisseurs, les institutions ou des financements nouveaux » et faire en sorte que « l’argent qui dort puisse servir à la rénovation énergétique », a déclaré le président de la FFB. Or, « on en est plus que loin (…) », a-t-il regretté pointant des dispositifs qui « arrivent à bouger » chaque année voire tous les six mois, n’offrant que très peu de stabilité « à nos concitoyens ».
Certains critères de MaPrimeRénov’ évoluent tandis que les Certificats d’économie d’énergie (CEE) « ne sont pas très clairs et peuvent changer à quelques mois d’intervalle. On l’a vu sur l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) ». Cela a un impact sur « l’investissement des entreprises, sur la formation des salariés. Si le marché n’existe pas, les entreprises n’investissent pas. C’est le marché qui dicte l’évolution de nos effectifs et aussi l’agilité de nos entreprises pour passer du neuf à la rénovation énergétique », a poursuivi Olivier Salleron.
L’amélioration-entretien ralentit
En termes d’activité, l’amélioration-entretien s’affiche à + 1% entre les premiers trimestres 2022 et 2023 (hormis l’Ile-de-France à – 0,2%). Dans ce segment, on retrouve la rénovation énergétique (tous types de bâtiments confondus) qui, « malgré la crise de l’énergie, les interdictions de réévaluer les loyers ou de louer les passoires thermiques, la mise en place du Prêt avance rénovation pour partie garanti par l’Etat », ralentit (+ 1,1%).
« C’est encore une petite progression mais ce n’est pas comme ça que l’on réussira à rénover énergétiquement la France », a insisté Olivier Salleron. « L’instabilité des dispositifs de soutien (MPR, CEE, crédit d’impôt pour la rénovation des locaux des TPE-PME) n’a pas aidé. Le coup de boost n’est pas présent, en tout cas pour l’instant », a-t-il ajouté.
Logement neuf, la situation se dégrade
Si l’entretien-amélioration reste dans le vert, la crise du logement neuf « gagne l’ensemble du territoire ». En cause, le durcissement du marché du crédit et la « forte hausse des coûts du foncier comme de la construction, notamment sous l’effet de dispositions réglementaires et normatives (RE 2020, Zéro artificialisation nette) ».
« La violente chute du neuf s’accélère et emporte tout »
En glissement annuel sur douze mois à fin mai 2023, les logements commencés reculent de 11% et les logements autorisés diminuent de 18%. Les ventes dans l’individuel diffus « s’effondrent » de plus de 35% et celles des promoteurs enregistrent une baisse de 22%.
Dans ce contexte quelque peu tendu, « l’emploi se tasse » et ne progresse que de 4 400 postes, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein (ETP) entre les premiers trimestres 2022 et 2023. « Les intentions d’embauche continuent de fléchir » pour les entreprises de plus de 10 salariés et pourraient bien basculer « en négatif » pour les artisans. On assiste par ailleurs à « une remontée des défaillances » d’entreprises même si elles restent « contenues dans le bâtiment ».
A quoi s'attendre ces prochains mois ?
Tout dépend des mesures qui seront déployées en faveur du secteur.
La FFB cite l’exemple de son scénario 2025 « si rien n’est fait ». Si l’on y ajoute un rabotage du prêt à taux zéro (PTZ) tel qu’envisagé par le CNR Logement, on pourrait perdre 15 000 opérations supplémentaires. « Seuls 259 000 logements » seraient mis en chantier en 2025, soit – 30% sur trois ans, estime la Fédération française du bâtiment.
Du côté de la rénovation énergétique, sans « réelle majoration » des aides et un recul des transactions immobilières, la croissance de l’activité pourrait être ramenée à + 1% en volume en 2023, contre 2% envisagé précédemment.
L’activité globale du bâtiment reculerait de « 7% hors effet de prix entre 2022 et 2025 », et ce ne sont pas moins de 135 000 postes qui seraient détruits (salariés et intérimaires ETP).
La FFB continue à pousser ses propositions
« La crise est inévitable mais son amplitude et sa durée peuvent encore être limitées », a insisté Olivier Salleron.
Parmi les propositions de la FFB :
- Un assouplissement des règles du HCSF en matière de crédit immobilier
- Un rétablissement du PTZ neuf dans son format de 2017, à 40% partout
- Un crédit d’impôt RE2020 sur les intérêts d’emprunt
La Fédération propose aussi la mise à l’étude de mécanismes de mobilisation de l’épargne en faveur du « logement vert ». « Une construction neuve constitue aujourd’hui une promesse d’efficacité durable, parfois bien plus qu’une rénovation », souligne l’organisation professionnelle.
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Sur la rénovation énergétique, la FFB renouvelle ses demandes :
- Majoration de MaPrimeRénov' d’un milliard d’euros chaque année pendant cinq ans pour assurer le déploiement de la rénovation globale
- Création d’un dossier unique de demande pour MPR et les CEE
- Rouvrir MonAccompagnateurRénov’ aux entreprises de bâtiment qualifiées
- Pérennisation du crédit d’impôt en faveur de la rénovation énergétique des locaux des TPE et PME
Elle pousse également à un démarrage rapide du plan EduRénov’ et à la mise en œuvre de MaPrimeAdapt’ dans les temps.
Le logement « est une rente pour la Nation », rappelle enfin la FFB. En effet, bien que les dispositifs de soutien représentent un coût pour l'Etat, « le solde entre prélèvements et aides sur le champ du logement s’établissait à plus de 50 Mds€ de recette nette en 2021 » selon le Compte du logement. « Il serait du même ordre de grandeur en 2022 ».