Rénovation énergétique : « Le rôle des professionnels est absolument déterminant dans la définition des projets »
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Une nouvelle enquête Club de l’amélioration de l’habitat (CAH) – Qualitel réalisée par IPSOS met en lumière le comportement des propriétaires occupants en termes de travaux de rénovation. L’étude souligne le rôle clé des professionnels du bâtiment dans la prise de décision des ménages. Voici les premiers résultats partagés lors des Rendez-vous du Mondial du bâtiment, le 3 juin dernier.
Les particuliers attendent des professionnels qu'ils soient à leur écoute ©shutterstock
Pour la troisième année consécutive, l’institut de sondage IPSOS a mené une enquête auprès de 3 000 propriétaires occupants pour mieux comprendre leurs comportements en termes de travaux de rénovation.
Pour segmenter le marché et analyser les résultats, quatre univers de travaux ont été définis (indispensable, confort, embellissement, en profondeur). Ils ont ensuite été croisés avec cinq comportements (passif, modéré, mainteneur, embellisseur, reconstructeur).
Cette étude, réalisée pour le compte du CAH avec l’appui de l’association Qualitel, vise notamment à définir des leviers d’actions qui permettent de « globaliser les travaux et amener les utilisateurs à être davantage proactifs », explique Jean-Pascal Chirat, délégué général du CAH. Les éditions précédentes de l’enquête ont en effet démontré que les projets de rénovation-entretien restaient en grande partie au stade intentionnel.
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Le confort, c’est aussi la tranquillité de confier ses travaux à un professionnel
Le premier frein à la réalisation de travaux reste le budget. Est également évoquée par les propriétaires, la peur que « le chantier soit mal fait » ou « de ne pas trouver les bons professionnels », dévoile Amandine Lama, directrice d’études d’Ipsos. Elle rappelle que « le rôle des professionnels est extrêmement important dans la définition du projet, l’accompagnement et la réalisation des travaux. Dans la majorité des cas, le propriétaire a été accompagné par un professionnel. Ils ont réfléchi ensemble à ce projet ».
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Confier les clés de son projet à un artisan du bâtiment est également un gage de qualité, note Audrey Valin, sociologue de l’habitat chez ACTES. C’est aussi synonyme de « confort ». « Les limites de faire soi-même, c’est la professionnalisation. C’est le fait de faire confiance à un professionnel pour les tâches qu’on ne peut pas faire ».
Valoriser l’acte professionnel est un des leviers pour accélérer le passage à l’acte des ménages
Au-delà du devis, les ménages se laissent plus facilement convaincre s’ils ressentent que le professionnel est à leur écoute et prend le temps de bien comprendre leurs besoins.
Habiter un logement plus durable
La transition énergétique est un critère de plus en plus important pour les ménages français. « Compte-tenu de l’augmentation des prix de l’énergie, la question des économies de chauffage est centrale. Les Français expliquent vouloir protéger l’environnement et être plus efficace dans l’utilisation de l’énergie. On reste principalement sur le remplacement de fenêtres et sur l’isolation des combles », détaille Amandine Lama.
La durabilité des produits semble aussi peser dans le choix des Français. « Ils souhaitent consommer moins et mieux », souligne Audrey Valin. Les propriétaires s’intéressent ainsi davantage à la fabrication des équipements comme les panneaux solaires et les pompes à chaleur. On perçoit une certaine appétence pour le Made in France.
Des travaux pour bien vieillir chez soi
Le maintien à domicile prend également une place plus importante dans les critères des Français. « C’est un sujet intéressant qui montre l’attachement au logement tout au long de la vie. Quand on est sénior, on n’a pas envie de quitter son logement. Les + de 65 ans déclarent vouloir rester chez eux même en cas de très grande dépendance », révèle Amandine Lama. « Cela peut se faire grâce à des travaux d’aménagement. Mais seulement trois personnes sur dix ont déjà effectué des travaux adaptés à la vie quand on est très âgé ou très dépendant. On ne s’en donne pas toujours les moyens », poursuit-elle.
Audrey Valin observe : « Être propriétaire répond à un besoin de sécurité. Mais cela crée de l’immobilisme, de la passivité. Les ménages veulent rester chez eux mais n’anticipent pas les travaux ».
Des recommandations pour dynamiser le marché
Dans son étude, le Club de l’amélioration de l’habitat a établi des recommandations pour accélérer les travaux. Le CAH préconise notamment de s’appuyer sur l’incertitude émanant du contexte social, économique et environnemental pour rendre les ménages plus proactifs. Et aussi de développer « les concepts de souplesse et d’adaptabilité de l’habitat ». La crise sanitaire a démontré que les ménages avaient une grande capacité d’adaptation. « Au travers de cela, on crée de la mobilité, de l’agilité, de la dynamique », conclut Jean-Pascal Chirat.