« S’adapter » et « se regrouper » pour relever le défi de la rénovation énergétique ?

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Les entreprises artisanales du bâtiment sont en première ligne face aux enjeux de transition énergétique. Mais dans un contexte de crise des matériaux, de difficultés de recrutement et d’évolutions réglementaires, comment répondre à l’objectif de massification des travaux de rénovation ? La question a été posée lors d’ateliers-débats organisés par la Capeb à l’occasion du Mondial du bâtiment 2022. Retour sur les principaux leviers identifiés.

Conférence Batimat Capeb

Résilience et solidarité : facteurs de performance pour les entreprises artisanales du bâtiment ©Rose Colombel

Les artisans du bâtiment restent les interlocuteurs privilégiés des ménages à l’heure d’engager des travaux de rénovation énergétique. Mais alors que la France s’est fixée des objectifs ambitieux en termes de réduction des consommations et des émissions de carbone, la filière doit poursuivre sa transformation.

 

« Nous avons 30 ans pour rénover les bâtiments qui en ont besoin. Il faut que toute la filière soit innovante et que l’on travaille ensemble pour trouver les bonnes solutions », déclare David Morales, vice-président de la Capeb en charge des affaires économiques.

 

Les entreprises doivent également s’adapter. On parle notamment ici des évolutions réglementaires : la RE2020 tout d’abord qui « va jouer sur la rénovation par capillarité », selon Patrice Richard, président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. Mais aussi du décret tertiaire, de la loi climat et résilience ou encore de la REP.

 

Et c’est bien le « travailler ensemble » qui prime là encore puisque dans un contexte inflationniste, il est plus que jamais nécessaire que la filière fasse preuve de solidarité. « Nous avons besoin de stabilité au niveau des prix pour que les devis soient stables et que les clients aient les moyens de payer ce qu’il y a à payer », souligne David Morales.

 

Depuis le début de l’année, les prix des matériaux ont augmenté de 23% à 25%. Une nouvelle hausse est attendue en janvier (5% voire 7%). A cela vient s’ajouter le coût de la REP (3% à 5%). « Nous sommes aux alentours de 30% d’augmentation » sur les produits et de 7% à 8% sur les devis pour ce qui est des travaux de rénovation.

Se regrouper pour gagner en performance

Avancer en filière est aussi l’opportunité de gagner en performance, selon Virginie Fraud, responsable du Développement Groupement - ORCAB. « La coopérative, c’est avant tout une aventure humaine. Ce sont des valeurs comme le partage de compétences techniques, la solidarité, la transparence ».

 

Jérôme Marciau, vice-président de l’Union Française des Coopératives artisanales de Construction (UFCAC), avance : « Nous nous regroupons de façon officielle, ce qui permet de mener des chantiers de rénovation avec des offres globales ».

 

Cette approche globale répond aussi à la vision de l’Unsfa. Michel Jarleton, son vice-président, donne l’exemple de l’association « Les architectes de la rénovation ». « Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait associer les entreprises. Il faut être opérationnel, synthétique, travailler ensemble pour avoir des raccourcis et être plus efficaces et performants », souligne-t-il.

 

S’associer dans le cadre de Groupements momentanés d’entreprises (GME) est l’occasion de « formaliser les contrats autour d’un chantier, d’apporter une garantie auprès des clients et de quantifier les travaux que peuvent réaliser les artisans de manière collective ». « On réfléchit mieux à plusieurs que tout seul », insiste Thierry Ravon, administrateur Capeb. Il révèle que l’application « GME en trois clics » sera présentée en octobre. Elle visera notamment à promouvoir le travail groupé des artisans.

S’adapter aux méthodes

Répondre aux enjeux de décarbonation, c’est aussi travailler autrement. On parle ici de méthodes. « Nous devons passer sur d’autres modes constructifs voire d’autres matériaux », explique Patrice Richard.

 

A ce sujet, David Morales se veut rassurant. Il prend l’exemple des maçons. « On retrouve de plus en plus de matériaux qui ne sont plus montés avec des mortiers mais posés avec des colles. Les maçons s’y sont faits. Nous sommes passés à une autre façon d’hourder ».

 

Conférence Capeb Mondial du bâtiment

©Rose Colombel

 

« Notre rôle c’est d’innover, de former, d’informer toute la chaine » et aussi « d’assurer la bonne garantie des produits mis sur le marché », déclare de son côté Philippe Gruat, président de l’AIMCC. Car si des nouveaux procédés et matériaux émergent, il ne faut pas oublier que les produits sont soumis à des DTU, des avis techniques, des règles professionnelles… « Il faut pouvoir construire une offre conforme à nos obligations ».

 

Bien sûr, la formation de la filière est essentielle pour faire évoluer les pratiques. Et pour accompagner le mouvement, « nous avons besoin de renforcer nos effectifs. Comment attirer les jeunes et les moins jeunes ? C’est un travail collectif que nous devons engager pour nous donner les moyens d’atteindre les objectifs ».

Rose Colombel

Journaliste - Responsable de contenus pour Effy

Journaliste passionnée par le secteur du bâtiment, je vais à la rencontre des professionnels depuis sept ans. Valoriser votre secteur et ses métiers est un effort collectif, celui de toute une filière. C'est avec enthousiasme et humilité que je vous donne la parole et vous informe sur l’actualité.

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