Santé des artisans : 57% se trouvent souvent stressés

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Des dirigeants soumis à des fortes charges de travail et de stress : c’est le constat que dresse la récente édition du baromètre ARTIsanté, qui s’intéresse aux chefs d’entreprises artisanales du BTP. Effy décrypte ses conclusions à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. 

En bref

📆 55% des chefs d’entreprises travaillent plus de 50 heures par semaine

🏖️ 60% d’entre eux consultent leurs mails en vacances

😴 59% se sentent assez ou très fatigué

🌧️ 43% ont connu des difficultés psychiques

 

🔎 Qu’est-ce que le baromètre ARTIsanté ?
Cette étude annuelle a pour objectif de suivre l’état de santé des chefs d’entreprises artisanales. Elle est réalisée par l’Institut de Recherche et d’Innovation sur la Santé et la Sécurité au Travail (IRIS-ST), en partenariat avec la CAPEB et la CNATP (Chambre Nationale des Artisans des Travaux Publics et du Paysage).

 

Cette dixième édition du baromètre ARTIsanté a été menée auprès de 2106 chefs d’entreprises de 0 à 19 salariés, entre décembre 2023 et janvier 2024. Elle s’inscrit dans un contexte économique difficile pour les entreprises du bâtiment en 2023, à cause notamment du recul de la construction neuve. À l’occasion du 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, revenons sur ses conclusions. 

Des longues semaines de travail

L’étude révèle un rythme de travail toujours très soutenu pour les chefs d’entreprises. Ils sont ainsi 55% à travailler plus de 50 heures par semaine

 

Le nombre d’heures hebdomadaires augmente par ailleurs avec le nombre d’employés : 57% des dirigeants ayant 1 à 5 salariés travaillent plus de 50 heures, tandis qu’ils sont 73% pour ceux ayant 16 à 20 salariés. Dans cette catégorie, ils sont même 40% à travailler plus de 60 heures hebdomadaires.

 

Ce travail déborde souvent sur les week-ends, puisque 48% des chefs d’entreprises déclarent travailler le week-end. À noter toutefois que cette proportion est en baisse : c’est 5 points de moins qu’en 2022. 

 

Cette surcharge de travail induit une fatigue plus forte : 39% des chefs d’entreprises travaillant systématiquement le week-end se disent beaucoup fatigués, alors qu’ils ne sont que 15% chez ceux ne travaillant jamais le week-end.

Des vacances sans déconnecter du travail

La majorité des dirigeants prend 3 à 5 semaines de congés. Ils sont toutefois 30% à ne pas prendre plus de deux semaines, mais ce chiffre est en baisse de 6 points par rapport à 2022. 

 

Une fois de plus, la taille de l’entreprise impacte cet aspect de vie : les personnes à leur compte sont 42% à ne pas prendre plus de deux semaines, contre 17% pour les chefs d’entreprises de plus de 6 salariés.

 

En revanche, il est difficile pour eux de vraiment déconnecter de leur travail : 60% des interrogés déclarent consulter leurs mails tous les jours durant leurs vacances, et 19% d’entre eux les consultent tous les deux jours. En raison ? Éviter d’être submergés à leur retour, suivre l’activité de l’entreprise, mais aussi rester disponible auprès des clients, ce qui « fait partie du métier », selon leurs réponses.

 

De manière générale, 78% des dirigeants estiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie privée. Ce chiffre est cependant plutôt en baisse par rapport aux années précédentes. 

Pessimistes et optimistes au même niveau

La même proportion de dirigeants se dit optimiste et pessimiste face à l’avenir : 38%. Concernant les optimistes, cela représente 3 points de plus qu’en 2022, mais plus de 10 de moins que les années précédentes. Cela s’explique notamment par la tendance de baisse d’activité qui se dessine depuis début 2022.

 

Parmi les chefs d’entreprises pessimistes, plus de la moitié déclare que la pérennité de leur entreprise est menacée. Mais seuls 57% en ont parlé à quelqu’un. Parmi ces derniers, 34% ont cependant choisi de se faire aider. Inévitablement, les dirigeants dans cette situation sont soumis à un stress plus important.

 

« Ce baromètre révèle les répercussions de la dégradation de la situation économique sur la santé des artisans. Les carnets de commande tardent à se remplir par suite d’un marché du neuf en très forte chute avec des transactions immobilières en baisse, une activité en rénovation globalement atone, autant de facteurs qui expliquent ce moral en baisse », analyse Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB. 

 

Et de poursuivre : « Nous espérons que la révision majeure du dispositif MaPrimeRénov obtenue par la CAPEB, qui va nécessairement contribuer à relancer l’activité, ait un impact positif sur leur moral. »

 

À lire aussi : MaPrimeRénov' : quels sont les changements annoncés ?

Fatigue et stress au cœur du quotidien

Si 65% des dirigeants se disent en bonne santé, ils sont nombreux à déclarer souffrir de douleurs musculaires (63%), de fatigue importante (58%) ou de troubles émotionnels (41%). La grande majorité trouve son travail exigeant physiquement (82%), mais surtout mentalement, pour 89% d’entre eux.

 

Travailler dans l’urgence fait d’ailleurs partie des habitudes de ces chefs d’entreprises. Et ces difficultés se traduisent dans les niveaux de stress qu’ils ressentent au quotidien : 57% d’entre eux se disent souvent, voire très souvent, stressés. Parmi les préoccupations les plus citées, on retrouve la charge de travail, le poids des responsabilités, le poids de l’administratif ou encore les contraintes de délais.

 

Tout cela a un impact sur le sommeil : 59% des interrogés disent se sentir assez ou beaucoup fatigué. Près de la moitié souffre de troubles du sommeil qui les réveillent au milieu de la nuit ou précocement le matin. 73% considèrent que ces problèmes de sommeil ont une répercussion sur leur activité.

Les troubles psychiques en hausse

Autre chiffre inquiétant : 43% des dirigeants disent avoir connu des difficultés psychiques durant l’année écoulée, c’est-à-dire de l’anxiété, une dépression, ou un épuisement professionnel. C’est 8 points de plus qu’en 2022.

 

Plus d’un sur deux (58%) a évoqué ces soucis à un proche, à un organisme professionnel ou à un dispositif de soutien. Si c’est encourageant, cela démontre toutefois l’importance de poursuivre la sensibilisation sur ces sujets. 

 

« Si les chefs d’entreprises artisanales travaillent beaucoup, s’écoutent peu… Ils commencent à s’ouvrir à la possibilité de se faire aider, conscients que lorsqu’ils vont bien, l’entreprise s’en porte mieux », souligne Françoise Despret, présidente de la CNATP.

Un métier passion pour beaucoup

Si les préoccupations sont nombreuses, 65% des chefs d’entreprises se sentent suffisamment soutenus dans la gestion de leur entreprise. Les aspects juridiques – santé, sécurité, droit salarial, assurance – restent le domaine principal sur lequel ils souhaiteraient être accompagnés. 

 

La partie commerciale, autour de la promotion de l’activité et la recherche des nouveaux marchés, arrive en deuxième position avec 19% des répondants. C’est une évolution de 6 points par rapport à l’année dernière. 

 

Mais malgré ce contexte difficile, 86% des chefs d’entreprises se disent épanouis dans leur métier, et 59% totalement épanouis, ce qui confirme la passion qui l’accompagne.

Animée par la transition écologique, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers les sujets autour de la rénovation énergétique. Pour Effy, je vous informe donc sur les actualités de ce secteur.