Crise des matériaux : le chômage partiel pourrait être pris en charge par l’Etat
Le secteur du bâtiment s’est réuni ce jeudi 15 juillet avec le Gouvernement pour évoquer la crise sur les matériaux du BTP. Un deuxième rendez-vous qui semble avoir porté ses fruits. Bercy a notamment annoncé travailler à la prise en charge totale du chômage partiel en cas de pénurie avérée. Quant aux délais de réalisation des chantiers, ils pourraient être rallongés pour bénéficier de certaines aides à la rénovation.
Le bâtiment connaît une crise sans précédent : alors que les matériaux se raréfient et que la hausse des prix se poursuit, les artisans et entreprises du secteur craignent pour leur activité. Cette pénurie entraine en effet des retards dans les livraisons et des arrêts de chantiers. De quoi tirer la sonnette d’alarme.
Lors des Questions au Gouvernement le 13 juillet dernier, Pascale Fontenel-Personne, député Modem de la Sarthe, a regretté cette situation qui pèse sur le secteur et qui pourrait conduire à des « défaillances en chaine ». Elle a ainsi souligné : « Ce sont
410 000 entreprises, 1 150 000 salariés, 386 000 artisans qui sont à la peine et qui supportent des hausses parfaitement incompatibles avec leurs marges financières, impossibles à répercuter sur leurs clients ».
Le Gouvernement répond au secteur du bâtiment
Alors que les syndicats professionnels multiplient leurs appels, le Gouvernement semble réfléchir à de nouveaux dispositifs de soutien. Pour rappel, des mesures ont été annoncées à deux reprises, en mai et en juin dernier.
Emmanuel Macron a lui profité de son allocution du 12 juillet pour se référer à l’action du Gouvernement. « Nous allons faire le maximum pour lever les contraintes qui pèsent sur les secteurs qui sont les plus en tension. D’abord le manque de matières premières, qu’il s’agisse de bois, d’acier, de fer ou de semi-conducteurs, ce qui a retardé de nombreux chantiers et fait monter les coûts ».
« Des avancées significatives »
Ce jeudi 15 juillet, le secteur du bâtiment a pu de nouveau échanger avec le Gouvernement. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie était accompagné d’Emmanuelle Wargon, ministre du Logement et d’Alain Griset, ministre délégué en charge des TPE et PME.
Qu’a-t-il été annoncé ?
Rien de très concret mais les messages portés par les syndicats professionnels semblent avoir été pris en compte. Le Gouvernement a annoncé :
- Réfléchir à une prise en charge intégrale du coût de la mise en activité partielle des salariés du BTP en cas de pénurie avérée
- Travailler à identifier les moyens de limiter les exportations sauvages de grumes qui constituent l’une des causes des difficultés actuelles d’approvisionnement en produits bois
Une circulaire interministérielle devrait venir renforcer les préconisations formulées par Bercy sur les marchés publics, en termes de gels des pénalités de retard et de prise en compte des surcoûts. Une communication à destination des marchés privés y sera accolée.
Enfin, Alain Griset a annoncé un possible « assouplissement » des règles en matière de délais de réalisation des chantiers pour bénéficier des aides destinées à soutenir la rénovation énergétique telles que MaPrimeRénov’ ou encore les Certificats d’économie d’énergie (CEE).
Si les annonces sont encourageantes, la FFB réitère « sa demande de rendre possible la mobilisation immédiate de la créance de carry-back jusqu’à fin 2021 ». « Cette mesure de simple trésorerie rendra les entreprises plus à même de supporter les surcoûts immédiats », estime Olivier Salleron, son président.
EBC appelle la Commission européenne à agir
European Builders Confederation représente les TPE et PME du secteur du bâtiment au niveau européen. Dans un communiqué, l’association appelle la Commission européenne à intervenir. « Les prix élevés et la rareté des matériaux affectent les entreprises de manière disproportionnée ».
« Il est primordial de s’assurer que les objectifs du Green Deal et de la Vague de rénovation soient préservés », insiste EBC. « La vigilance et la flexibilité des pouvoirs publics et de l’ensemble des parties prenantes doivent être assurés pour identifier et déclencher les réponses les plus adaptées, et ce afin d’accompagner les TPE et PME en difficulté ».