Quel avenir pour le chauffage au fioul ?
Dès juillet 2022, l’installation de chaudières fioul neuves sera interdite sur le territoire. Le secteur est-il prêt à assurer une bonne transition et quelles solutions sont envisagées pour le remplacement des équipements énergivores ? La FF3C a organisé une table ronde à ce sujet en collaboration avec Les Echos - Le Parisien. Nous faisons le point.
3,5 millions de logements sont équipés de chaudières au fioul à ce jour en France. Alors que l’installation de nouveaux équipements ne sera plus possible dès le 1er juillet 2022, le secteur tente d’anticiper cette transition et aimerait miser sur le biofioul. Pour savoir comment faire face à ce nouveau défi, la Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffage (FF3C) et Les Echos - Le Parisien ont organisé une table ronde ce mercredi 22 septembre sur l’avenir du fioul domestique.
La fin du fioul, une opportunité pour la profession
Selon la DGEC, un décret prévoyant l’interdiction des chaudières dépassant le seuil des 300 g / kWh de CO2 émis devrait être publié fin octobre 2021. Ce décret marquera donc la fin des chaudières fioul, émettrices de plus de 320 g / kWh de CO2.
Faut-il néanmoins remplacer toutes les chaudières fioul de France par une solution de chauffage plus écologique comme la pompe à chaleur ? Jean-Claude Rancurel, Président de la CAPEB de l’Union Nationale Artisanale Chauffage-Couverture-Plomberie, ne juge pas cette solution pertinente. Il explique que pour certains ménages, ce système de chauffage représente un coût plus élevé à l’installation, à l’entretien et à l’usage, qu’ils ne peuvent se permettre.
Sa solution : l’hybridation ! Il propose de coupler les anciennes chaudières fioul ou gaz à d’autres équipements comme des panneaux solaires ou une pompe à chaleur. “C’est le système le plus économique et le plus écologique du marché”. Pour cela, il est nécessaire de remplacer le brûleur des chaudières fioul de moins de 10 ans pour les alimenter en biofioul, un combustible liquide bien moins polluant. Une solution moins coûteuse et simple à mettre en place. “Les artisans sont prêts” assure Jean-Claude Rancurel qui mise sur l’alternance et l’apprentissage pour trouver “la main d’oeuvre de demain”.
Le biofioul, une solution d’avenir ?
Le biofioul est un combustible liquide composé de fioul domestique, auquel on ajoute de l’ester méthylique de colza. Deux combustibles sont aujourd’hui proposés :
- le produit F10 : il contient jusqu’à 10 % de colza ;
- le produit F30 : il contient jusqu’à 30 % de colza.
La filière du biofioul concentre 20 % des grandes cultures en France, et réunit aujourd’hui 120 000 producteurs. “Le biofioul se situe bien en dessous des 300 g / kWh d’émissions de CO2” indique Alexandre Dozières, sous-directeur de l’efficacité énergétique et de la qualité de l’air DGEC.
Bien que reconnu pour son impact environnemental plus faible, le biofioul coûte aujourd’hui plus cher que le fossile et aucune aide existe pour l’installation d’équipements de chauffage utilisant ce combustible. L’ensemble des acteurs présents déplorent même un manque d’informations concrètes.
Date de mise en service, norme du produit à commercialiser, coup de pouce fiscal, création d’une filière française pour accéder à la souveraineté énergétique et alimentaire du pays… les questions sont nombreuses et restent à ce jour sans réponse. Et pas uniquement du côté des professionnels ! Selon une étude réalisée par la FF3C, 47 % des ménages qui ont une chaudière fioul chez eux se disent prêts à passer au biofioul, à condition d’avoir plus d’informations à ce sujet.