« Une menuiserie en fin de vie n’est pas un déchet », Bruno Cadudal
Le 3 juin dernier, Bruno Cadudal (groupe Atlantem) a été réélu à la présidence de l’Union des fabricants de menuiseries (UFME), l’occasion de poursuivre et même d’intensifier les actions engagées. Il revient pour le Groupe Effy sur ses missions prioritaires.
Vous avez été élu pour un premier mandat à la tête de l’UFME en juin 2020. Comment décriveriez-vous cette période marquée par la crise sanitaire ?
Bruno Cadudal : J’ai fait un premier mandat sans jamais rencontrer mes adhérents, mais l’année a été chargée. Nous avons fait un excellent travail, orienté dans un premier temps sur les conséquences de la crise et la reprise. Puis, sont rapidement venus dans le champ de nos travaux la RE2020, la loi anti-gaspillage, la REP bâtiment et la charte sur le recyclage des menuiseries en fin de vie.
Quels sont les chantiers prioritaires pour ces prochains mois ?
B.C : Nous avons participé avec REED Expositions à la construction du nouvel EquipBaie pour lequel les attentes sont fortes. Le salon va être la première occasion pour l’ensemble de la profession de se retrouver en présentiel et de découvrir les innovations.
Les objectifs du syndicat sont bien sûr de défendre ses adhérents, d’en attirer de nouveaux, et de poursuivre nos missions d’accompagnement. Nous avons notamment travaillé à la mise en place d’un CQP Menuiserie Industriel que nous avons testé auprès de salariés d'entreprises adhérentes. Le but est de le proposer dans différents centres de formation.
Le volet environnemental semble particulièrement important dans la feuille de route de l’UFME. Pouvez-vous nous en dire plus ?
B.C : L’année passée, dans le cadre de la REP bâtiment et du projet FERVAM, nous avons embauché deux chargés « environnement ». L’idée est de faire prendre conscience à nos clients menuisiers, installateurs, rénovateurs, qu’une menuiserie en fin de vie, ce n’est pas un déchet, c’est une source potentiel de matières premières. Aujourd’hui, elle n’est pas suffisamment recyclée, réemployée ou réutilisée.
Il est nécessaire de rendre possible la récupération, de faire naître des points de collecte qui peuvent être des déchetteries spécialisées dans le bâtiment, des déchetteries communales, peut-être même des négoces pour inciter les poseurs à y transporter leurs menuiseries en fin de vie.
En France, on compte un peu plus de 40 000 artisans poseurs. Il faut qu’ils soient capables de trouver un point de collecte à 15-20 km de chez eux.
La marque FERVAM vise donc à faciliter la collecte des produits.
B.C : C’est aussi trouver des sites spécialistes pour traiter les menuiseries. Et les aider à obtenir des financements pour mettre au point des techniques, des scénarios, des process qui n’existent pas aujourd’hui, de façon à désassembler proprement les matériaux.
Autre sujet, la traçabilité. Il faut être capable de dire : j’ai récupéré tant de menuiseries, et je les ai déposées à tel endroit. Ça se traduit par une amélioration du bilan carbone. C’est bon pour la planète.
Vous encouragez la valorisation des menuiseries en fin de vie. Quel est le gisement estimé ?
B.C : Sur les 10 millions de menuiseries neuves mises sur le marché chaque année, les deux-tiers sont destinées à la rénovation. Le gisement est donc de 6 600 000 fenêtres.
Un gisement qui pourrait être encore plus important. Le marché de la rénovation semble en bonne forme.
B.C : Sur douze mois glissants, nous avons battu en France, le record de transactions dans l’ancien. Tout le monde ne va pas changer ses fenêtres mais cela reste la source première de rénovation.
Nous avons aussi eu l’effet cocooning post-covid. Les Français sont restés chez eux, ils ont passé plus de temps dans leur logement, et se sont parfois rendu compte que les performances thermiques ou acoustiques de leurs fenêtres n’étaient pas optimales.
MaPrimeRénov' a également contribué bien que les incitations soient moins généreuses pour le produit fenêtre. Nous avons enregistré un record d’entrée de commandes dans la profession. La rénovation a été fortement active.
Quels sont les principaux défis que doit relever la profession ?
B.C : Les ruptures d’approvisionnement et la hausse des coûts qui, d’après ce que j’entends, n’a pas encore atteint son point d’inflexion.
Le recyclage bien sûr puisque fournisseurs et industriels vont avoir des obligations d’introduction de matières recyclées dans leurs vitrages, leurs profilés et leur quincaillerie.
Les tendances sur le marché ont-elles évolué ?
B.C : Le digital et la domotique sont une tendance forte, non pas pour le gadget mais pour le bien-être du logement. La protection solaire est aussi une tendance d’avenir. Les périodes de canicule et la prise en compte du confort d’été dans le nouveau moteur de calcul de la RE2020 devraient amener les consommateurs à s’intéresser davantage à des produits comme les screens ou encore les stores.
Avez-vous un dernier message à adresser à nos lecteurs ?
B.C : Achetez français. Mettez en avant les produits disponibles sur notre territoire auprès des ménages. Et apportez-leur le message que leurs anciennes menuiseries ne vont pas partir à l’enfouissement comme autrefois. Elles vont prendre le chemin du recyclage et permettront demain, de fabriquer de nouvelles fenêtres.
L'UFME s'associe au projet Valobat
L'UFME fait partie des 26 associés du projet Valobat. L'éco-organisme, présenté à la presse le 2 juillet, a pour ambition d'accélérer l'économie circulaire dans le secteur du bâtiment. Il s'inscrit dans le cadre de la loi AGEC qui prévoit la mise en place d'une REP (responsabilité élargie du producteur) Bâtiment.