La Fin du chauffage au fioul, vraiment ?

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Serait-ce la fin du chauffage au fioul ? C'est en tout cas la volonté affirmée par le Gouvernement qui a décidé d'interdire l'installation de nouvelles chaudières fioul et charbon d'ici 2022. En effet, lors du cinquième Conseil de défense écologique, la Ministre chargée du Logement, Emmannuelle Wargon, a annoncé qu’à compter de 2022 les Français ne pourraient plus remplacer leur chaudière au fioul par une chaudière identique ou au charbon. Cette mesure se veut la transposition d’une des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, mais est-ce vraiment le cas ?

De l’interdiction d’installation à l’obligation de changement

Le Gouvernement souhaite diminuer le nombre de chaudière fioul en limitant leurs remplacements. Aujourd’hui, un tiers des gaz à effet de serre en France vient du bâtiment et, dans ce secteur, les chaudières fioul sont responsables de 15% des rejets carbonés. Il est important de préciser que le Gouvernement n’entend pas interdire le chauffage au fioul mais bien interdire toute nouvelle installation. Ainsi, en cas de panne d’une chaudière au fioul, il sera tout à fait possible de la réparer.

 

La proposition du Gouvernement permet donc de limiter le « flux » de nouvelles chaudières fioul/charbon sans s’attaquer de manière directe aux « stocks », estimé à 3.5 millions de chaudières fioul sur le territoire national. Par ailleurs, cette proposition ne permet pas de retranscrire avec exactitude la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC). En effet, dans son rapport la CCC préconise d’obliger le changement des chaudières au fioul et au charbon d’ici à 2030 en intégrant dans les logements un critère d’émissions de gaz à effet de serre par énergie produite (250gCo2eq/KWh) permettant d’écarter les équipements au fioul et au charbon.

 

On peut tout de même noter la cohérence du Gouvernement. Cette « interdiction d’installation » emboîte le pas du « Plan Chaudière » qui avait été lancé début 2019 pour inciter les Français à installer des systèmes de chauffages utilisant des énergies renouvelables. A date, ce sont près de 144 000 chaudières fioul qui ont fait l’objet d’un remplacement dans le cadre de ce plan. Une bonne lancée qu’il convient d’accélérer pour remplir l’objectif fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie de remplacer 1 million de chaudière fioul d’ici 2023.

Des alternatives au fioul de plus en plus importantes

Sur les 144 000 chaudières fioul remplacées depuis janvier 2019, 73% le sont en faveur des énergies renouvelables ! Le Plan Chaudière a donc un effet de levier très important sur le développement des énergies renouvelables dans le secteur résidentiel. Dans le dernier rapport DATALAB sur les « Chiffres clés des énergies renouvelables 2020 », on peut lire que la production de chaleur renouvelable à partir de pompes à chaleur s’établit à 34 TWh en 2019, en hausse de 12% sur un an, à climat constat. La PAC air/eau connaît un succès fulgurant, ce sont plus de 176 000 pompes à chaleur vendus en 2019, soit une hausse de … 82% sur un an ! Le constat est le même du côté des chaudières biomasses qui connaissent une croissance très importante, malgré des chiffres unitaires moins élevés. Entre 2018 et 2019, le nombre de chaudières biomasses vendues a augmenté de 53%, passant de 12 135 unités à 18 650.

 

On le voit, dès lors que des incitations fortes sont mises en place pour changer d’équipement de chauffage les Français passent à l’acte. Le Gouvernement a déjà acté que cet accompagnement financier serait prolongé : « L’Etat prendra en charge jusqu’à 80% du coût d’installation », dans la droite ligne de ce qui existe déjà. Est-ce à dire que le « Coup de Pouce Chauffage », principal aide du Plan Chaudière sera maintenue dans les prochaines années ? Il y a toutes les raisons de le penser.