La rénovation énergétique comme moteur de l’économie
À l’heure où la France doit se relever d’une crise sanitaire et économique sans précédent, pourquoi ne pas envisager la transition énergétique comme une solution à part entière ? Focus sur les bienfaits du secteur de la rénovation énergétique pour la bonne santé financière du pays.
Quatre mois de propagation du Coronavirus plus tard, la France sort doucement de la pandémie mais compte encore ses séquelles pécuniaires. Les initiatives gouvernementales se multiplient dans le but de soutenir les entreprises et secteurs clés pour les richesses du pays, et le gouvernement travaille sur un plan de relance national à l’horizon de l’été 2020. Dans ce chantier conséquent, il peut être judicieux de considérer les énergies renouvelables et les travaux de rénovation liés dans le milieu du BTP comme des leviers de réactivation économiques intéressants.
Éviter une catastrophe financière
En 2006, le rapport Stern est publié, avec la vocation de chiffrer les conséquences économiques du changement climatique : ce dernier, si l’on en croit le texte, pourrait coûter de 5 à 20% du Produit Mondial Brut annuel, dès aujourd’hui et pour toujours, chose qui pourrait être évitée à moindre coûts. En d’autres termes, l’étude de Nicholas Stern affirme qu’une politique internationale de maîtrise des dommages écologiques ne serait pas un frein à la croissance économique mondiale. Bien que ces données ne fassent pas toujours l’unanimité, nombre de spécialistes s’accordent à dire qu’il y a urgence à mener des politiques plus vertes, et ce y compris pour le bien-être financier de la planète.
Choisir des énergies d’avenir
L’un des premiers leviers économiques pour un pays comme la France, dont la dépendance énergétique s’élève à plus de 50%, repose sur la production d’énergies renouvelables telles que le solaire, l’éolien ou encore l'hydraulique. En effet, les énergies fossiles que sont le gaz ou le pétrole non seulement sont en voie de raréfaction, mais s'acquièrent à des prix toujours plus élevés : il ne s’agit donc pas d’une perspective d’avenir rassurante pour la France qui en importe la majorité de ce qu’elle utilise.
Produire de l’énergie à partir de ressources illimitées que sont le vent ou encore le soleil, c’est s’assurer d’un fonctionnement économique sur le très long terme, et ce sans porter préjudice à l’environnement. En effet, les énergies dites vertes ne rejettent pas de gaz à effet de serre et ne participent donc pas au réchauffement climatique.
Aujourd’hui, la part d’énergies renouvelables en France s’élève à environ 16,5%, loin derrière d’autres acteurs européens tels que la Suède qui s’approche des 55%, et surtout loin de sa volonté de base d’atteindre les 20% en 2020. Cette part est inégale au sein du pays : quand l’Occitanie compte presque 50% d’énergies vertes, l’Ile-de-France n’en est qu’à 1,5%.
Des emplois à la clé
Si la transition énergétique est une promesse d’avenir économiquement parlant, c’est aussi car elle est synonyme de création de postes et d’opportunités professionnelles inédites. De nouveaux métiers ont vu le jour avec les énergies vertes et la rénovation énergétique, de l’éco-gestionnaire au facilitateur énergétique, en passant par le conseiller info-énergie. Quant aux professions traditionnelles du secteur du BTP, elles ont su évoluer avec ces changements et s’adapter sans que cela cause leur perte : preuve en est avec la certification RGE qui a le vent en poupe chez les artisans.
Pour chiffrer cette tendance, l’Ademe estime que 25 000 emplois liés à la filière des énergies renouvelables seront créés rien qu’en Ile-de-France d’ici 2025. L’éolien, par exemple, qui connaît une forte croissance dans le pays, est à l’origine de quatre nouveaux postes par jour en moyenne : chef de projet éolien, techniciens de maintenance… Les opportunités sont nombreuses ! Quant au solaire, il devrait compter 15 à 30 000 emplois d’ici 2023.
Du pouvoir d’achat à gagner
N’oublions pas également que la rénovation énergétique des logements en France représente un manque à gagner pour les ménages. Certes, il s’agit d’un investissement de départ conséquent, mais qui a pour objectif de réaliser des économies sur le long terme. Par exemple, isoler ses combles aménageables peut permettre de réduire ses factures de chauffage jusqu’à 30% chaque année, quand installer une pompe à chaleur peut être la source de 1000€ d’économies d’énergies par an pendant 17 ans.
D’autre part, c’est tout un système économique viable qui s’est créé autour de cette volonté de préservation des ressources. On pense par exemple aux Certificats d'économie d’Énergie mis en place par l’Etat en 2005, qui permettent de verser des primes aux foyers français pour chaque économies d’énergies réalisées chez eux. Des coups de pouce financiers qui peuvent permettre à chacun d’engager des projets à moindre frais, et s’autoriser ainsi à agir à son niveau pour la transition énergétique, et pour des modèles économiques plus sains pour l’avenir.
Pour conclure, on peut citer les chiffres donnés par l’Ademe quant au chiffre d’affaire du secteur de la rénovation énergétique des bâtiments : entre 2006 et 2017, il s’élève à environ 31 milliards d’euros. Entre la nécessité de construire un avenir plus respectueux de la planète et la possibilité de faire fructifier monétairement des comportements responsables, nul doute que la transition énergétique doit être prise en compte dans les politiques économiques des sociétés actuelles.
Amandine Martinet