Le raté de la réforme MaPrimeRénov’ enfin chiffré
Ces dernières semaines, les ministres du Gouvernement Barnier ont multiplié les sorties médiatiques pour justifier de la baisse du budget de MaPrimeRénov’ en 2025. Motif invoqué : une sous-exécution du budget 2024. Mais une annexe au budget 2025 consultée par Effy dévoile les vraies raisons de cette baisse. Décryptage.
Un prévisionnel 2024 en berne
Avec un budget qui devrait être réduit à 2,3 milliards d’euros l’année prochaine, le dispositif MaPrimeRénov’ fait les frais d’une année compliquée pour la rénovation énergétique. Et pour cause, la cacophonie autour de la réforme du 1er janvier 2024 a plombé le bilan du premier semestre 2024 de MaPrimeRénov’ avec seulement 159 473 logements rénovés. Invitée d'une matinale à la mi-octobre, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher avait indiqué qu’« on aura consommé 1,7 milliard d’euros d’ici la fin de l’année » sur le budget 2024 de MaPrimeRénov’.
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 (prév) | |
Rénovations financées par MaPrimeRénov' | 193 111 | 701 190 | 669 890 | 569 243 | 350 000 |
Pour l’heure le Gouvernement ne s’est jamais exprimé sur la baisse du nombre de rénovations financées par MaPrimeRénov’ à l’origine de cette sous-exécution budgétaire. Mais une annexe au projet de loi de finances 2025 consultée par Effy1 dévoile le prévisionnel 2024 de l’ANAH : seulement 350 000 rénovations seraient financées par MaPrimeRénov’ cette année, contre un objectif initial de 700 000 rénovations (SGPE). Soit le plus bas niveau de rénovations hors année de création du dispositif et moitié moins qu’en 2021. Ce document budgétaire ne précise toutefois pas la ventilation entre les rénovations monogeste et les rénovations d'ampleur. Une chose est sûre : la réforme du 1er janvier 2024 aura laissé des marques pour le dispositif. Espérons que le Gouvernement saura tirer les leçons de cet échec et que la mouture 2025 de MaPrimeRénov’ figera les modalités actuelles du dispositif.
L’Eco-PTZ tire vers le haut la rénovation énergétique
Cette même annexe budgétaire est également riche d’enseignements sur les autres dispositifs de soutien à la rénovation énergétique des bâtiments. Ainsi le document nous apprend que le nombre d’éco-PTZ distribués devrait continuer de croître cette année, avec un prévisionnel de 111 600 éco-PTZ en 2024 et 121 000 en 2025. A noter toutefois, l’éco-PTZ semble souffrir de la baisse du marché de la rénovation énergétique en 2024 : sa croissance prévisionnelle affiche seulement 6%, contre 29% en 2023.
De son côté la dépense fiscale liée à la TVA à 5,5% devrait légèrement augmenter en 2024 avec un prévisionnel de 975 millions d’euros, en hausse de 5 millions par rapport à 2023. Pour l’heure évalué à 1030 millions d’euros, le prévisionnel pour 2025 pourrait toutefois augmenter. En effet, l’adoption récente lors de l’examen du PLF 2025 d’une TVA à 5,5% pour les installations solaires résidentielles associées à un dispositif de stockage ou de pilotage pourrait faire augmenter le poids de cette dépense fiscale dès l’année prochaine. Cette intégration resterait pour partie compensée par la sortie des chaudières fossiles du champ de la TVA à 5,5%.
[1] Jaune budgétaire au projet de loi de finances pour 2025, Effort financier de l'Etat en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments. Disponible en ligne.