À chaque pays son énergie : les Pays-Bas
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Dans la course à la transition énergétique, tout le monde n’occupe pas la même place. Cet été, Effy prend le large et effectue un petit tour d’horizon européen en matière d’énergies renouvelables et de rénovation énergétique. Aujourd’hui, cap sur les Pays-Bas ! Comment s’en sortent nos amis hollandais en la matière ?
Un pays à la traîne
En Europe, c’est indéniable, les Pays-Bas ne font pas partie des “bons élèves”. Même si les énergies renouvelables s’y développent progressivement, le pays reste encore fortement dépendant aux énergies fossiles, qui sont notamment à l’origine de 84% de sa production d’électricité (contre 16% pour les énergies durables). Des efforts considérables restent donc à fournir.
Globalement, la Hollande est même le pays européen le plus en retard dans la course aux énergies renouvelables : en janvier 2020, la part d’énergies vertes dans la consommation finale du pays n’était que de 7,4% selon Eurostat, tandis que les objectifs à l’échelle de l’UE sont de 20% pour cette même année.
Les mauvais résultats des Pays-Bas en termes de transition énergétique ont même eu des conséquences historiques, avec une décision juridique sans précédents tombée à la fin de l’année 2019. Suite à la plainte de quelques 900 néerlandais contre leur propre gouvernement, la Cour suprême du pays a condamné l’Etat à réduire ses émissions de CO2 d'au moins 25% d'ici 2020.
Un réveil néerlandais ?
Pour tenter d’atteindre ces objectifs, les autorités du pays souhaitent désormais adopter une politique énergétique particulièrement ambitieuse. En atteste la feuille de route des Pays-Bas à l’horizon 2050, qui comporte des mesures fortes telles que :
- L’abandon total du gaz pour le chauffage des bâtiments résidentiels
- Une réduction de 80% des émissions de CO2 des bâtiments résidentiels
Pour sortir du gaz naturel, la Hollande souhaite se reposer principalement sur l’électricité, en s’appuyant notamment sur la production des pompes à chaleur, mais aussi éventuellement sur le développement de l’énergie nucléaire à laquelle le peuple néerlandais n’est pas nécessairement réfractaire selon de récents sondages. Le parc éolien du pays s’est également largement développé ces dernières années, notamment pour le secteur du transport : l’ambition à terme est notamment que les éoliennes fournissent 100% de l’énergie nécessaire au secteur ferroviaire.
Mais malgré cette nouvelle politique volontariste, le gouvernement néerlandais n’a pas d’illusions sur sa capacité à rattraper son retard d’ici la fin de l’année, et a donc décidé de demander de l’aide à ses voisins : le pays va donc verser 100 millions d’euros au Danemark pour que ce dernier, en avance dans ses objectifs de transition énergétique, lui offre en échange au moins 8 TWh de surplus d’électricité verte.
Des idées innovantes
Les résultats mitigés des Pays-Bas en termes de transition énergétique n'excluent cependant pas que le pays ait eu des idées novatrices en matière de rénovation des bâtiments. En 2010 déjà, le programme “EnergieSprong” a eu pour volonté de massifier les travaux énergétiques dans le parc immobilier du pays. Le concept était simple : identifier les logements sociaux à fort besoin de travaux, puis passer des contrats avec des industriels pour faire ces travaux à moindre coûts et en un temps record : pose de panneaux photovoltaïques, isolation… Un investissement ensuite remboursé grâce à une consommation d’énergie nulle et les économies qui en découlent. Cette opération a connu un grand succès et s’est même exportée ailleurs en Europe.
Autre exemple d’initiative hollandaise intéressante, le dispositif “Gele Énergie Bus” : une team formée par des personnes au chômage se déplace de quartiers en quartiers dans un bus et vient à la rencontre de ménages pour leur proposer des équipements à bas prix pour réaliser des économies d’énergie.
Les Pays-Bas ont donc sans conteste des idées et de la volonté pour devenir à leur tour de bons élèves de la transition énergétique en Europe. Reste à voir comment la situation évoluera dans le pays ces prochaines années.
Amandine Martinet