Élection de Joe Biden : quel impact sur la politique climatique internationale ?
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Samedi 07 novembre 2020, Joe Biden a officiellement été désigné 46ème président des États-Unis, devançant son adversaire Donald Trump. Quelles sont les idées du démocrate fraîchement élu en matière d’écologie, et quelle politique climatique internationale pourrait émaner de son élection ? On fait le point.
État des lieux post-Trump
C’était un événement concomitant au début de l’élection présidentielle américaine, le 04 novembre dernier : les États-unis se sont officiellement retirés de l’Accord de Paris, à la suite d’une décision de Donald Trump un an plus tôt. Ce document datant de 2015 et ratifié à ce jour par 183 pays prévoit la mise en oeuvre de politiques visant à limiter à moins de 2°C, et idéalement 1,5°C, le réchauffement climatique à l’horizon 2100. Pour rappel, les États-Unis constituent le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde, derrière la Chine. Par sa volonté de défaire son pays de l’Accord de Paris, l’ex-dirigeant républicain a démontré une fois de plus son hostilité vis à vis de l’effort collectif contre le réchauffement climatique.
Plus encore, ses dires ont maintes fois laissé entendre une idéologie à tendance climato-sceptique. En 2015, lors de sa campagne officielle, il affirme sur CNN : “Je ne crois pas au changement climatique. C’est juste la météo !”. La même année, il qualifie la COP21 de “grosse arnaque pour que certains se fassent de l’argent”. Un avis tranché qui n’a pas évolué au fil des années, puisqu’en septembre 2020, le républicain nie à nouveau le danger du réchauffement climatique. Et pour cause : selon lui, “cela va commencer à refroidir”...
Autant de propos qui en disent long sur le manque d’engagement de Donald Trump dans la lutte pour la préservation de la planète. Au total, pas moins de 162 réglementations concernant le climat ont été annulées au cours de ces quatre dernières années. Une erreur stratégique, peut-être, puisque cela va à l’encontre des préoccupations affichées des habitants du pays. Selon un sondage de Pew Research réalisé en mai 2020, 65% des Américains — et une majorité indifféremment de leur couleur politique — estiment que le gouvernement en fait “trop peu” pour réduire les effets du changement climatique.
Joe Biden : une ambition verte
Aux antipodes de son rival républicain, Joe Biden a toujours clamé haut et fort sa volonté d’agir contre le réchauffement climatique. Selon lui, cet enjeu constitue un “défi existentiel qui va déterminer l'avenir de [notre] pays”. Le nouveau président des USA a d’ailleurs déjà prévu de demander la réintégration de l’État dans l’Accord de Paris dès sa prise de fonctions officielle, le 20 janvier 2021 (elle serait effective trente jours plus tard). Plus généralement, des sujets tels que l’écologie et le développement durable ont été des éléments centraux de la campagne du démocrate.
L’un de ses projets majeurs aux côtés de sa vice-présidente Kamala Harris est notamment la mise en place d’un plan climatique pour mettre fin aux émissions de carbone du pays d'ici à 2050. Pas moins de 2000 milliards de dollars sur quatre ans sont prévus à ces fins ! Au programme, des créations massives d’emplois verts, mais aussi encourager le développement des énergies propres et durables au moyen d’aides financières. Lors de l’un de ses débats télévisés contre Donald Trump, Joe Biden affirme vouloir “supprimer les subventions pour les énergies fossiles”.
Parmi les mesures prévues dans le plan climat en question, la rénovation énergétique trouve toute sa place. En effet, le président a annoncé le financement de “1,5 million de nouveaux logements plus durables et écoénergétiques” dans le pays, ainsi que la rénovation de 4 millions de bâtiments commerciaux et de 2 millions de logements particuliers, notamment au sein des quartiers défavorisés.
Parallèlement aux actions de Joe Biden au sein de son propre pays, c’est son influence au niveau international qui pourrait bien faire changer les choses. C’est notamment vrai pour le ralliement à l’Accord de Paris, qui pourrait inspirer d’autres grands acteurs (et pollueurs) de la planète tels que l’Australie, le Brésil ou l’Afrique du Sud, par exemple.
Quel avenir pour l’espoir Biden ?
L’élection de Joe Biden constitue donc un soulagement manifeste pour les défenseurs du climat, qui attendent désormais des actes concrets de sa part. Sur Twitter, la directrice exécutive de Greenpeace, Jennifer Morgan, a qualifié l’élection du démocrate de “première étape pour éviter la catastrophe climatique”. Plus encore, Laurence Tubiana, l’une des fondatrices de l'Accord de Paris, y voit “une occasion historique de mettre en œuvre l'un des plus grands efforts de relance écologique au monde”.
Mais le chemin est encore long pour le nouveau président des USA, déjà fragilisé par des tensions au sein de son propre parti, l’aile gauche démocrate n’approuvant pas entièrement son plan pour le climat (ce dernier n’exclut entre autres pas l’extraction de gaz de schiste par fracturation hydraulique, une pratique polluante et néfaste pour la santé).
Joe Biden représente donc certainement un second souffle pour l’avenir vert du pays, mais la partie n’est pas encore gagnée et tout reste encore à accomplir. L’un de ses premiers actes significatifs pourrait se tenir lors de la COP26 à Glasgow en novembre 2021, une occasion de présenter de nouveaux objectifs climatiques plus ambitieux à l’horizon 2030. Pour l’heure, les engagements des États-Unis sont de réduire leurs émissions de 26 % à 28 % d’ici à 2025 par rapport à 2005, mais ce but est encore loin d’être atteint.
Alors, 2021 sera-t-elle l’année de changements sans précédent à l’échelle mondiale dans les politiques de protection de la planète ? Affaire à suivre, avec certainement un début de réponse dès le 05 janvier prochain lors de nouvelles élections sénatoriales qui vont déterminer si le parti démocrate aura la majorité ou non.
Amandine Martinet