Fin de la COP26 : un accord qui manque d'ambition
La COP26 à Glasgow s’est achevée par un accord entre les 196 pays participants, samedi 13 novembre 2021. Mais les décisions prises en commun semblent bien timides au regard de l’ampleur de l’urgence climatique. On fait le point.
196 pays, plus de 200 dirigeants, environ 30 000 participants au total… Jamais une Conférence des Parties (ou COP) n’aura eu une telle ampleur. Mais cela signifie-t-il que le rendez-vous a été une réussite ? Petit tour d’horizon des éléments positifs et négatifs à retenir.
Les points encourageants à retenir
- La volonté de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C est réaffirmée
- Pour la première fois, la diminution des énergies fossiles est évoquée dans l’accord. Cette ambition a d’ailleurs été au cœur des débats tout au long de la conférence, alors que jusqu’alors, elle n’avait pas été définie aussi directement. La France a notamment rejoint un accord mettant fin aux financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles d’ici fin 2022
- Autre mention inédite, l’enjeu de la réduction d’émission de méthane de 30% par rapport à 2020 d’ici 2030, ambition signée par plus de 100 pays
- L’accord de Paris a été finalisé au bout de 6 ans, ce qui le rend désormais opérationnel. Le texte comporte notamment des obligations renforcées de transparence pour les pays signataires quant à leurs émissions de gaz à effet de serre
- Les pays du Nord ont accepté de doubler les fonds consacrés à l’adaptation au réchauffement climatique d’ici 2025, par rapport au niveau de 2019. Certains soutiens aux pays en voie de développement ont été décidés : 8,5 milliards de dollars sur les 3 à 5 prochaines années pour la transition énergétique en Afrique du Sud par exemple, de la part de plusieurs pays de l’Union Européenne et des Etats-Unis.
Ce qui déçoit
L’accord de Glasgow comporte donc, comme nous l’avons vu, des éléments qui vont dans le bon sens pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais les décisions prises ne semblent malheureusement pas suffisantes pour enrayer le phénomène, ni même le limiter à +1,5°C comme préconisé par les experts et tel que stipulé dans l’accord de Paris.
Avant tout, il manque dans le consensus post-conférence des obligations internationales claires et chiffrées en termes d'économies d'énergie.
Concernant les énergies fossiles, un communiqué du gouvernement français précise qu’il “regrette que le terme "disparition progressive" du charbon ait été remplacé in extremis par "diminution progressive". On ne parle donc pas de sortie des énergies fossiles, mais seulement d’une baisse qui va s’effectuer petit à petit, et cela concerne le charbon uniquement. Soulignons aussi que l’Inde et la Chine ont refusé au dernier moment de s’engager sur ce sujet. Ce manque de prise de position forte sur les énergies fossiles peut faire notamment écho à ce qui se passe au niveau national, le gouvernement français ayant repoussé l'interdiction d'installation de chaudières au fioul dans les logements particuliers.
Autre axe d’amélioration, l’aide apportée aux pays en développement en matière de transition énergétique : en effet, du fait de leur plus grande faiblesse économique, les pays du Sud sont les premiers à subir un réchauffement climatique dont ils ne sont pas seuls responsables. Et l’accord trouvé à l’issue de la COP26 n’apporte que peu de réponses concrètes de la part des pays riches pour soutenir les nations qui en ont besoin. Les pays du Nord ont notamment refusé d’accorder des financements spécifiques pour réparer certains dégâts climatiques irréversibles qui ont eu lieu dans les pays du Sud.
Aussi, de nombreuses personnalités ont souligné le manque d’ambition de l’accord trouvé : une “joie teintée de déception” pour Boris Johnson, Premier ministre britannique, “ce n’est pas assez” pour Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, “c’est mou, c’est faible” pour la présidente de Greenpeace International, du “bla, bla, bla” pour la jeune militante Greta Thunberg. Et c’est les larmes aux yeux que le président de la Conférence, Alok Sharma, a clôturé ce congrès mondial, affirmant : “je suis désolé”.
Manque de concret, version finale édulcorée… La route est donc encore longue, et les consensus internationaux nombreux à trouver, avant de pouvoir agir vraiment efficacement contre le réchauffement climatique.
Pourtant, les citoyens expriment très largement leur désir de voir les choses changer, et c'est notamment vrai pour la rénovation énergétique des bâtiments ! Le rapport ROCKWOOL et Cambridge Econometrics*, publié en concomitance avec la fin de la COP26, révèle que 79% des interrogés procéderaient à la rénovation de leur logement sous conditions de bénéficier d’un accompagnement et de conseils appropriés. Et 73% d'entre eux estiment que l’amélioration énergétique des bâtiments devrait être obligatoire à condition qu’un soutien financier et administratif soit disponible.
*inclut un sondage réalisé par OnePoll auprès de 14 000 personnes dans sept pays en Europe (Danemark, France, Pologne, l’Allemagne, Italie, Royaume-Uni) et aux Etats-Unis, réalisé du 16 au 27 septembre 2021.