Objectif 100 Gigawatts de puissance solaire installée en 2050 : quelle place pour l’autoconsommation solaire résidentielle ?

Jeudi dernier à Belfort, le Président de la République a détaillé de nouvelles orientations en matière de politique énergétique pour « faire en 30 ans de la France, le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles ».

Ce discours a notamment permis de détailler les priorités pour réussir ce défi et notamment celle en matière de développement de puissance solaire installée. Cependant, aucun détail n’a été donné quand au développement de chaque segment d’installation.

Quelle place pour l’autoconsommation solaire résidentielle ?

Ce qui a été annoncé : plus de 100 gigawatts de puissance installée pour l’énergie solaire

Augmenter la production d'énergie décarbonée est le second pilier de la stratégie visant à sortir des énergies fossiles d’ici 2050. Aux côtés des annonces sur le nucléaire, le Président de la République a également annoncé de nouveaux objectifs pour développement de chaque énergie renouvelable.

L’accent a particulièrement été mis sur le développement du solaire avec un objectif de multiplication par 10 de la puissance installée pour dépasser 100 gigawatts d’ici 2050. Aujourd’hui nous sommes encore loin de l’objectif de la PPE qui est de 35 à 44 GW de puissance installée en 2028. En effet, malgré une embellie du solaire photovoltaïque et ses plus de 2 GW de puissance été installés fin septembre 2021, la puissance du parc solaire photovoltaïque n’atteignait 13,2 GW[1].

Ce qui reste inconnu : quelle place pour l’autoconsommation résidentielle ?

La production solaire photovoltaïque est composée de plusieurs segments[2] de production et donc de puissances. Il y a les systèmes au sol dont la puissance excède 550 kWc, les systèmes sur grandes toitures (toitures de bâtiments commerciaux, industriels, agricoles, …) dont la puissance peut être comprise entre 100 kWc et 500 kWc. Les systèmes sur petites toitures sont le dernier segment, dont la puissance est comprise entre 0 et 100 kWc. Ce dernier segment est lui-même composé d’un sous-segment relatif aux toitures résidentielles dont la puissance est comprise entre 0 et 9 kWc.

Dans son discours, le chef de l’Etat a indiqué « veiller à un juste équilibre entre les installations en toiture et celles au sol »[3] et a cité en exemple le développement des projets sur les emprises commerciales, les emprises d’État et l’agrivoltaïsme sans pour autant évoquer les projets d’autoconsommation résidentielle qui représentent pourtant la majorité des installations (83% des unités raccordées entre janvier et septembre 2021).

D’autant plus que malgré la dynamique du solaire résidentiel et de l’autoconsommation entre janvier et septembre 2021[4] , les marges de progression sont encore très importantes. En effet, Enedis a communiqué le chiffre de plus 100 000 clients raccordés en autoconsommation individuelle au 1er trimestre 2021 quand RTE identifie un potentiel de 4 millions d’autoconsommateurs en 2030.

L’autoconsommation solaire résidentielle : plus de moyens pour être au rendez-vous

L’installation de panneaux solaires dispose de nombreux bénéfices puisqu’elle permet de réduire la facture énergétique tout en favorisant la maîtrise de sa consommation que les panneaux permettent de suivre et de piloter. Elle permet également à chaque ménage de pouvoir percevoir les bénéfices du développement des énergies renouvelables et de participer à la transition énergétique.

Le soutien aux panneaux solaires d’autoconsommation individuelle passe toujours par une prime faible à l’investissement versée en cinq fois ainsi que par le tarif de rachat du surplus d’électricité. Si pour la rénovation énergétique d’un logement, MaPrimeRénov’ peut couvrir jusqu’à 90% du coût des travaux, cette prime ne couvre que 10% du prix de l’installation photovoltaïque. Ce montant est insuffisant pour démocratiser cette technologie et y permettre l’accès aux ménages les plus modestes notamment au regard des bénéfices que présentent ces installations permettant l’autoconsommation. Par ailleurs, le manque d’accompagnement fiscal des installations de 3 à 9 kWc constitue également un frein au développement de l’autoconsommation solaire.

La récente refonte de l’arrêté tarifaire n’a pas modifié le montant de cette prime ni simplifié ses modalités de versement. Oubli total également du côté du récent « plan d’actions pour accélérer le développement du photovoltaïque » puisqu’il ne comporte aucune mesure à destination de ce segment. Le solaire résidentiel et l’autoconsommation individuelle ne doivent donc pas être une fois de plus les grands oubliés de la stratégie solaire photovoltaïque et des mesures qui en découleront.




Une ambition très forte pour le solaire qui appelle à la mobilisation de tout le potentiel existant, y compris le secteur résidentiel avec le développement de l’autoconsommation individuelle. Cela passera notamment par un meilleur accompagnement des particuliers à travers les mesures qui seront prises dans le cadre de cette nouvelle stratégie énergétique.

[1]Tableau de bord solaire photovoltaïque – 3ème trimestre 2021 – Ministère de la Transition écologique
[2] https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/pvps-etat-photovoltaique-france-2019.pdf
[3]https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-19285-fr.pdf
[4]Tableau de bord solaire photovoltaïque – 3ème trimestre 2021 – Ministère de la Transition écologique
[5]https://www.enedis.fr/presse/plus-de-100-000-operations-dautoconsommation-en-france-metropolitaine#:~:text=Au%201er%20trimestre%202021%2C%20Enedis,clients%20raccord%C3%A9s%20en%20autoconsommation%20individuelle.&text=Alors%20qu'en%202015%2C%20Enedis,exponentielle%20ces%205%20derni%C3%A8res%20ann%C3%A9es

Alexandre Fernandez

Responsable des Affaires Publiques