Bilan ONRE 2016-2020 : des rénovations plus nombreuses et efficaces
L’observatoire national de la rénovation énergétique a publié récemment les résultats provisoires des rénovations énergétiques aidées du secteur résidentiel entre 2016 et 2020. Cette nouvelle édition fait notamment suite à celle de mars 2022 qui portait sur la rénovation énergétique des logements entre 2016 et 2019. Bien que ces résultats peuvent sembler dater en 2023, les résultats de l’année 2020 sont intéressants puisqu’elle est celle de la mise en place de MaPrimeRénov’. Quel enseignement tirer de ces chiffres, dans l’attente de la publication de résultats plus récents ?
Une Répartition des travaux aidés corrélée aux incitations budgétaires et fiscales
Dans un contexte où la majeure partie des aides sont aujourd’hui captées par l’installation d’un nouveau système de chauffage, ces données permettent de mettre en exergue la prédominance des travaux d’isolation sur la période 2016-2020. En effet, l’isolation des toitures, des murs, et des planchers sont passés de moins de 500 000 logements aidés en 2016 à plus d’un million en 2019 et 2020. Cette croissance s’explique notamment par l’évolution des aides à l’isolation notamment issues des certificats d’économies d’énergie sur la période. En revanche, l’isolation des fenêtres, des volets et des portes régressent passant de plus de 800 000 logements aidés à moins de 300 000 logements aidés sur la période à la suite de leur exclusion du crédit d’impôt. Du côté de l’installation des systèmes de chauffage, le nombre de logement aidés croît également en passant de quasiment 600 000 en 2016 à quasiment 800 000 en 2020 avec même un maximum à 863 803 en 2019.
Le bilan quantitatif par aide témoigne d’une évolution opposée entre la réduction drastique des logements aidés par le CITE, sous l’effet du recentrage du crédit d’impôt[1], alors que le nombre de logements dont la rénovation a été aidée au titre des certificats d’économies d’énergie explose en passe de plus de 700 000 logements en 2016 à quasiment 1,8 millions de logements en 2020 sous l’effet de l’augmentation des primes liée notamment aux coups de pouce « chauffage et « isolation ».
Gains énergétiques : une hausse quantitative et qualitative qui masque des disparités
L’étude présente également les économies d’énergies moyenne générées par typologie de travaux ainsi que par aide sollicitée. Ainsi, les travaux de chauffage et d’eau chaude sanitaire constitueraient 57 % des économies d’énergie aidées[2] en 2020. Les travaux d’isolation représentent 40% des économies d’énergie aidées, dont 38% liés à l’isolation des murs, des toits ou des planchers et un peu plus de 2% liés à l’isolation des fenêtres, des portes ou des volets.
Côté aides, les certificats d’économies d’énergie représentent 80% des économies d’énergies aidées (CEE, MaPrimeRénov’, CITE et Habiter Mieux Sérénité) alors que cette proportion était de 57% en 2016. Les économies d’énergie moyenne par logement ont augmenté avec le recentrage du crédit d’impôt en 2019 sur des gestes à la meilleure efficacité énergétique. Habiter Mieux Sérénité (actuellement MaPrimeRénov’ Sérénité), qui est une aide à la rénovation globale[3] dédiées aux ménages très modestes et modestes, dispose logiquement de l’économie d’énergie moyenne par la plus élevée avec 15,4 MWh/an par logement. Cependant, le faible décollage de ces rénovation globales ont induit une plus faible contribution aux économies d’énergie générées au total.
Au global, les rénovations énergétiques ayant bénéficié d’une des aides précitées ont augmenté sur le plan quantitatif et qualitatif en passant de plus d’1,7 million de logement à 2,1 millions de logements entre 2016 et 2020 et en passant d’une économie d’énergie moyenne de 2,8 à 3,6 MWh par logement. L’ensemble des économies d’énergie sont donc passées de 4,8 millions de MWh à 7,7 millions de MWh ce qui représente 1,7 % de la consommation totale d’énergie finale du parc de résidences principales en France métropolitaine.
Cette étude, qui s’achève certes sur les résultats de l’année 2020, permet de mettre à nouveau en exergue le lien entre niveau d’incitation et réalisation de travaux de rénovation énergétique ainsi que l’impact positif de l’orientation des aides vers les travaux les plus efficaces. Dans l’attente des données pour les années 2021 et 2022 qui ne devraient pas manquer d’intérêt.
[1] Réduction des gestes aidés et des publics éligibles
[2] CEE, CITE, MaPrimeRénov’ et Habiter Mieux Sérénité
[3] 35% d’économies d’énergie après travaux