Etude RTE - Futurs énergétiques 2050 : Efficacité énergétique et EnR devront être au rendez-vous

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Tant attendue et enfin parue ! L’étude de RTE intitulée « le futur énergétique 2050 » a été publiée lundi dernier. Ce document analyse les évolutions de la consommation et compare six scénarios de systèmes électriques qui garantissent la sécurité d’approvisionnement, pour que la France puisse disposer d’une électricité bas-carbone en 2050.

A l’aune de la future loi de programmation de l’énergie, ce rapport doit servir de base aux pouvoirs publics pour fixer la trajectoire énergétique du pays pour les années à venir. Quels sont les enseignements de cette étude et quelle est la place de la rénovation et de l’efficacité énergétique à l’horizon 2050 ?

Baisse de la consommation énergétique mais hausse de la consommation électrique

La trajectoire centrale de l’étude RTE prévoit une consommation électrique de 645 TWh/an en 2050. Elle prend en compte le scenario de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) où la consommation énergétique totale est de l’ordre de 930 TWh/an à la même échéance.

Si l'étude prévoit une baisse de la consommation énergétique totale à horizon 2050, elle prévoit dans tous les cas de figure une augmentation de la consommation électrique et donc de la production d’électricité. En effet, la fin du recours aux énergies fossiles sera compensée par une plus grande électrification des usages avec par exemple le remplacement de systèmes de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles, notamment par des pompes à chaleur ou encore le développement du véhicule électrique. Cette hausse de la consommation électrique serait de 35% dans cette trajectoire de référence.

L’efficacité énergétique, notamment du bâtiment, comme indispensable préalable

Comme le rappelle l’étude, la SNBC repose déjà largement sur l’efficacité énergétique puisque cette dernière prévoit une diminution de 40% de la consommation énergétique d’ici 2050. Pour atteindre l’objectif de la SNBC, dont dépend la trajectoire de référence de l’étude, il faudra gagner en efficacité énergétique. Par conséquent, la trajectoire de référence de l’étude est caractérisée par le déploiement important des actions d’efficacité énergétique dans tous les secteurs, y compris le résidentiel. Cette trajectoire prévoit notamment une baisse de 25 TWh/an de la consommation électrique du secteur résidentiel grâce aux rénovations énergétiques et l’amélioration de l’efficacité des équipements, qui compenserait le développement du chauffage électrique. Toujours selon l’étude, la baisse de la consommation unitaire des équipements mais également le doublement du rythme des rénovations énergétiques permettrait de baisser la consommation énergétique de 200 TWh/an.

La rénovation énergétique des bâtiments est également un élément clef du scenario 2022 de Negawatt pour atteindre la neutralité carbone. Présenté en début de semaine, le scenario propose notamment un grand programme de rénovation performante des bâtiments en France afin d’améliorer la qualité des logements.

Le rôle incontournable des EnR et le rôle majeur du solaire

Autre conclusion de l’étude de RTE : « le caractère indispensable d’un développement soutenu des énergies renouvelables électriques en France pour respecter nos engagements climatiques. » Les EnR représentent 50 à 100 % du mix électrique dans les 6 scénarios proposés. Parmi elles, le solaire représente une part de la production d’électricité comprise entre 13 et 36% à horizon 2050 (entre 70 et 200 GWh). Un des deux scenarios maximisant la part du solaire dans la production électrique est composé d’un développement très important de l’autoconsommation résidentielle avec 35 GW à l’horizon 2050. Cela représenterait 8 millions de maisons individuelles (soit la moitié de ce parc) qui seraient en mesure de consommer directement leur production photovoltaïque. Comme l’affirme l’étude, de nombreux consommateurs sont désireux de se réapproprier leur approvisionnement énergétique et de favoriser des modes de production locaux. De par son potentiel, la relative simplicité de son installation et la maturité de la technologie, le décollage de l’énergie renouvelable à la maison a toute sa place dans le futur énergétique national.

Un coût qui serait maitrisé mais variable en fonction des choix qui seront réalisés

L’étude estime que le coût du système électrique national peut être maîtrisé à moyen et long terme puisqu’il pourrait augmenter de 15% en vision médiane (hors inflation) sur 40 ans. L’accroissement du coût total du système électrique varierait avec les différents scenarios.

Par exemple, l’atteinte du 100% renouvelable en 2060, à travers le scenario prévoyant notamment un fort développement de l’autoconsommation solaire résidentielle, renchérirait les coûts de production car le solaire sur toiture serait plus onéreux que les grands parcs solaires au sol ou l’éolien. Cependant, cette évaluation économique n’« invalide pas pour autant l’objectif d’un développement de l’autoconsommation et l’intérêt de rechercher une meilleure adéquation entre production et consommation ». Des analyses complémentaires sont attendues à ce titre pour début 2022.

Autre exemple, la trajectoire dite de « sobriété » qui prévoit une baisse de 90 TWh de la consommation énergétique par rapport à la trajectoire de référence (dont 23 TWh sur le secteur résidentiel). Selon de premières estimations, cette trajectoire permettrait des économies importantes sur les coûts complets annualisés du système électrique d’environ 3 Md€ à l’horizon 2030 et jusqu’à 8 à 10 Md€ en 2050.




Après deux ans de concertation, cette étude très détaillée rappelle à nouveau que l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables seront des éléments clefs dans le chemin menant à la neutralité carbone en 2050.

Alexandre Fernandez

Responsable des Affaires Publiques