La clim’ pour le Coup de pouce chauffage

Le Coup de pouce chauffage serait-il grippé ? À en croire les derniers chiffres du Ministère de la Transition écologique, le diagnostic semble confirmé. La faute à des aides trop faibles ? Au manque de lisibilité autour des aides ? Aux évolutions des prix de l’énergie ? Effy décrypte les raisons d'un décrochage soudain.

Le Coup de pouce chauffage est devenu au fil des années la vitrine du dispositif des Certificats d’économies d’énergie dans le secteur résidentiel. Depuis 2019, il a permis le remplacement de 1,3 million de systèmes de chauffage à énergie fossile. Mais ce début d’année 2024 marque un repli inquiétant : seulement 30 000 travaux engagés sur les cinq premiers mois de l’année, contre 80 000 en 2023. Concrètement, cela représente en moyenne seulement 6 000 devis signés chaque mois grâce au Coup de pouce, contre 13 000 en moyenne l’année dernière.
 
 

 
Mais alors comment expliquer ce repli ? La réponse ne se trouve pas au niveau du montant d’aides puisque celui-ci est resté inchangé en 2024. Pire, l’aide MaPrimeRénov’ pour l'installation d'une pompe à chaleur – cumulable avec le Coup de pouce chauffage, dont 9 travaux financés sur 10 concernent une PAC – a été revalorisée au 1^er janvier. Lors de la présentation du plan PAC en avril dernier, chose assez rare pour le souligner, le Gouvernement mettait justement en avant le rôle incitatif du Coup de pouce chauffage pour réduire le reste à charge.

La réforme MaPrimeRénov’ a-t-elle eu un impact ? Pas forcément. L’exclusion en début d’année du monogeste ne concernait que l’isolation et non le chauffage. Mais la communication autour la réforme, centrée sur la création du parcours accompagné, a pu laisser à penser que les aides monogeste avaient disparu.

Et si la réponse se trouvait du côté des prix de l’énergie ? Le tarif de l’électricité a connu en février dernier une hausse de 8,6%, successive à une hausse de 10% en août 2023. Le prix des pellets est resté quant à lui à un niveau élevé jusqu’à la fin du premier trimestre 2024. De quoi freiner les envies des ménages de se tourner vers un équipement de chauffage renouvelable malgré le Coup de Pouce, alors que dans le même temps le prix du gaz était en baisse.

Si le Coup de pouce chauffage est au ralenti, le Coup de pouce pilotage connecté du chauffage semble avoir trouvé son public au premier semestre 2024. Lancé fin 2023, près de 68 000 travaux ont été engagés grâce au dispositif au 30 juin¹, soit le double du nombre de travaux engagés au titre du Coup de pouce chauffage.

Ces statistiques révèlent que les Français préfèrent installer un pilotage de leur mode de chauffage plutôt que le remplacer. Tout d’abord pour des raisons de pouvoir d’achat : installer un système de pilotage connecté coûte plusieurs centaines d’euros – pouvant être totalement pris en charge – contre plusieurs milliers d’euros pour remplacer son équipement de chauffage. Mais aussi pour des raisons calendaires. En effet, la fin du Coup de pouce pilotage est prévue à la fin de l’année – aucun arbitrage n’a pour l’heure été pris sur sa prolongation – quand le Coup de pouce chauffage court lui jusqu’au 31 décembre 2025. 


Alors que les arbitrages pour la 6^ème période du dispositif des CEE décideront dans les prochains mois de l’avenir du Coup du pouce chauffage, sa dynamique au second semestre sera scrutée de près par l’ensemble de la filière.




 

[1] Lettre d'information CEE de juillet 2024, Ministère de l'Economie et des Finances.