L’éco-PTZ poursuit son envol en 2023

Les années passent et l’éco-prêt à taux zéro continue de renforcer son poids dans le paysage des aides à la rénovation énergétique. Le bilan 2023 de l’éco-PTZ que vient de dévoiler la SGFGAS le confirme : plus de 100 000 prêts ont été distribués par les organismes bancaires l’année dernière1. Décryptage.

Le cap des 100 000 éco-PTZ franchi grâce à MaPrimeRénov’

Qui a dit que l’éco-PTZ ne fonctionnait pas ? Avec 105 082 prêts en 2023, le dispositif a marqué l’année dernière un record de distribution, en hausse de 28% par rapport à 2022. Au total, l’éco-PTZ a permis de prêter l'année dernière près de 1,5 milliard d’euros pour financer les reste à charge des travaux de rénovation énergétique. Cette hausse est marquée sur l’ensemble des éco-PTZ existants : les éco-PTZ pour un geste simple augmentent de 15%, ceux pour des bouquets de travaux bondissent de 23% et les éco-PTZ performance globale explosent de 168%. Le montant moyen prêté est par ailleurs en hausse de 6% avec 14 169€, remboursable en moyenne sur 122 mois.

Lancé au 1er juillet 2022, l’éco-PTZ dit MaPrimeRénov’ – qui permet sur justificatif de la décision ANAH d’octroi de la prime de simplifier les démarches d’obtention de l’éco-PTZ – a éclos en 2023. Alors que seulement 29 éco-PTZ de ce type avaient été distribués en 2022, près de 5 500 éco-PTZ ont été distribués en 2023 pour un montant moyen de 10 751€, permettant au dispositif de franchir les 100 000 prêts émis.

Un succès contrasté par des ombres au tableau

Malgré ce succès en 2023, on note deux ombres au tableau pour le dispositif. D’une part, les inégalités de distribution de l’éco-PTZ par décile de revenu se sont accrues en 2023. Sur les 6 premiers déciles de revenus, le nombre d’éco-PTZ distribué est en recul, en particulier sur les déciles 4 et 5. A l’inverse, sur les 3 derniers déciles de revenu, le nombre d’éco-PTZ distribués en 2023 est en forte hausse, en particulier sur le dernier décile dont la part gagne 3 points. L’éco-PTZ a ainsi particulièrement bénéficié aux ménages aux revenus supérieurs l’an passé.
 

Répartition des éco-PTZ 2023 par décile de revenu


D’autre part, le coût de l’éco-PTZ a fortement augmenté en 2023. Pour rappel, si les prêts sont émis par les banques sans intérêt pour les bénéficiaires, l’Etat dédommage en contrepartie les organismes bancaires via un crédit d’impôt. Ainsi, la « hausse des taux d’intérêt qui, couplée avec la hausse de la production, a entraîné une multiplication par 1,5 de la compensation » versée par l’Etat souligne le bilan du SGFGAS. La loi de finances pour 2024 indoquait en annexe budgétaire que le coût de l’éco-PTZ avait atteint 44 millions d’euros en 2023, contre 29 en 20222. Ce même document prévoit d'ailleurs que le coût prévisionnel pour 2024 pourrait atteindre 114 millions d’euros sous l’effet de la poursuite de la hausse des taux d’intérêt.

Un premier trimestre 2024 prometteur

Le SGFGAS vient également de dévoiler le bilan des éco-PTZ distribués au premier trimestre 2024. L’occasion d’analyser l’impact éventuel de la loi de finances pour 2024 qui, en prorogeant le dispositif jusqu’en 2027, a permis (re)mettre en lumière le dispositif. Et cela semble avoir porté ses fruits puisque près de 26 000 éco-PTZ ont été distribués, en hausse de 13% par rapport au T1 2023. Tout comme l’éco-PTZ MaPrimeRénov’ (dont l’éco-PTZ MaPrimeRénov’ parcours accompagné) dont le nombre a été multiplié par 3 sur 12 mois glissants. A noter toutefois : le nombre d’éco-PTZ MaPrimeRénov’ distribués au T1 2024 est en baisse par rapport à fin 2023 compte tenu de la baisse du nombre de dossiers MaPrimeRénov’ depuis la réforme du dispositif.



Désormais prorogé jusqu’au 31 décembre 2027, l’éco-PTZ devrait poursuivre en 2024 sa dynamique, renforcé par l’intérêt croissant des banques pour la rénovation énergétique. La loi de finances pour 2025 ne devrait procéder qu’à des ajustements mineurs pour le dispositif, en sortant les chaudières gaz des travaux éligibles à l’éco-PTZ en application de la nouvelle directive sur la performance énergétique des bâtiments et, pourquoi pas, en intégrant enfin les installations solaires résidentielles dans le champ des travaux éligibles.

[1] Bilan statistique des éco-PTZ émis en 2023, SGFGAS, 17 juillet 2023.
[2] PLF 2024 - Bleu budgétaire du programme 135 « Urbanisme, territoires et amélioration de l'habitat ».

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.