Législatives 2024 : qui a dit quoi sur l’énergie et le logement ?
Alors que le premier tour des élections législatives se tiendra ce dimanche, on s’intéresse cette semaine aux programmes des principales forces politiques sur les questions de logement et d’énergie. Si plusieurs sujets font consensus, comme la baisse du prix de l’électricité, les moyens d’y parvenir diffèrent à chaque fois selon les partis. Décryptage.
Reculer ou accélérer, la rénovation énergétique divise
Premier constat : la question de la rénovation énergétique figure dans l’ensemble des programmes ici étudiés. Preuve s’il en fallait une que l’efficacité énergétique est devenu un pilier à part entière de la politique du logement en France. Pourtant, les moyens d’y parvenir diffèrent diamétralement. Si le Nouveau Front Populaire et Ensemble souhaitent le maintien du calendrier d’interdiction de location des passoires thermiques – voire son extension aux meublés de tourisme –, les Républicains et le Rassemblement National (RN) proposent sa suppression. Ce dernier propose toutefois en contrepartie un "accompagnement pragmatique" à la rénovation des logements en lien avec les professionnels.
Du côté du financement, deux approches se confrontent : poursuivre les aides existantes ou remplacer celles-ci par un nouvel instrument financier, voire un retour au modèle du CITE.
La baisse du prix de l’électricité fait consensus
C’est LE sujet de cette campagne des élections législatives. Et pour cause : l’ensemble des forces politiques s’accordent sur la nécessité de réduire la facture d’électricité des Français. Mais chacun à sa manière. A droite de l’échiquier, les Républicains et le RN souhaitent réduire les taxes sur l’électricité (TVA, TICFE, TURPE), au risque que cet allégement fiscal ne soit pas répercuté sur les factures, en particulier s’agissant de la TVA. De leur côté, le Nouveau Front Populaire et Ensemble proposent des baisses de 10% à 15%, rendues automatiquement possibles par la méthode de calcul du TRVE grâce à la baisse des prix de marché.
Pour le gaz, les extrêmes s’accordent en proposant d’annuler la hausse à venir de 12%... qui rentrera en vigueur au 1er juillet prochain, soit dans l’entre-deux tours de ces élections. Soulignons toutefois que cette hausse concerne le prix repère du gaz communiqué par la Commission de Régulation de l’Energie, et n’engage ni le Gouvernement ni les fournisseurs, libres d’appliquer la hausse qu’ils souhaitent.
L’éradication des chaudières fossiles, une priorité non-partagée par tous
Alors que le premier tour de ces élections législatives marquera le deuxième anniversaire de l’interdiction d’installation de nouvelles chaudières fioul, cette thématique est oubliée par le Nouveau Front Populaire et les Républicains. Le RN proposait quant à lui en 2022 de subventionner le remplacement de toutes les chaudières fioul. De son côté, Ensemble, à la veille de la dissolution de l’Assemblée national, avait eu l’occasion de rappeler ses objectifs en la matière : éradiquer 300 000 logements/an chauffés au fioul d’ici 2030 et 400 000 logements/an au gaz, et rehausser la TVA pour l’installation d’une chaudière à gaz.
A l’exception du Nouveau Front Populaire, les forces politiques s’accordent par ailleurs sur la nécessité de relocaliser la production des équipements de transition (PAC et/ou panneaux solaires) en France ou en Europe. Ensemble va plus loin en proposant d’orienter les aides vers les équipements produits sur le continent, à commencer par les pompes à chaleur aidées par MaPrimeRénov’ dès 2025 (plan PAC). Le RN propose de son côté l'instauration de droits de douane au niveau européen pour les panneaux solaires, une mesure qui s'appliquait entre 2013 et 2018 aux panneaux solaires chinois.
Du tout ou rien sur les énergies renouvelables
D’un moratoire sur l’éolien (hors éoliennes existantes) pour le RN à la planification du passage à 100% d’énergies renouvelables pour le Nouveau Front Populaire, les EnR sont l’un des points de crispation de ces élections. Si Ensemble retranscrit la trajectoire proposée par le SGPE, la position des Républicains se rapproche du RN en ce qu’elle propose l’arrêt des subventions aux principales EnR pour concentrer les financements sur la relance du nucléaire.
Enfin, à l’exception du RN qui reste muet sur le sujet, la sortie des énergies fossiles figure en bonne place dans les programmes des autres forces politiques – à des degrés plus ou moins nuancés toutefois.
En résumé, l'énergie et le pouvoir d'achat sont parmi les enjeux clés de cette campagne des législatives. Pour faire baisser la facture d'énergie, les idées des politiques fusent… N'oublions pas que la rénovation reste le levier le plus durable pour baisser la facture pour longtemps, bien au-delà de toute promesse politique court-termisme.