Linky, nouvel allié de la transition énergétique du résidentiel ?

8 ans après le début de son déploiement, le compteur Linky revient sur le devant de la scène… de la rénovation énergétique. On connaissait déjà ses atouts concernant l’autoconsommation, mais en une semaine le Linky s’est installé au cœur des arbitrages sur la 6ème période du dispositif CEE. Décryptage.

Le Linky passé à la loupe de la Cour des comptes

Fin novembre, la Cour des comptes dans un rapport consacré au déploiement et l’utilisation des compteurs Linky regrettait un « bilan provisoire décevant en ce qui concerne la maîtrise de la demande d’énergie »1. En cause, le manque d’information du consommateur sur le détail de sa consommation. Un reproche régulièrement adressé au dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE) en raison de l’absence de suivi de la consommation d’énergie post travaux. Raison pour laquelle la DGEC dans sa réponse au rapport de la Cour rappelle que le suivi des consommations constitue « un objectif prioritaire », notamment via le lancement en 2024 du programme ECONOMEE.

Au-delà de la seule maitrise de la demande en énergie, la Cour des comptes salue en revanche les avancées permises par le compteur Linky en matière de production d’énergie renouvelable. Le rapport souligne ainsi que Linky a eu des effets positifs en matière de « simplification de l’intégration des énergies renouvelables en autoconsommation ». Et ce grâce à sa capacité de comptage dans les deux sens, en soutirage du réseau et en injection sur le réseau du surplus produit par l’installation PV. 

Le Linky au service de la rénovation énergétique

Hasard ou non du calendrier, la DGEC a présenté justement la semaine dernière des pistes d’orientation pour la 6ème période des CEE en lien avec l’essor du compteur Linky. Ainsi à partir de 2026, la DGEC envisage ainsi de systématiser le recueil pour les bénéficiaires de CEE de leur numéro de compteur. Objectif ? Suivre grâce à leur PCE gaz ou PDL électricité la consommation d’énergie après travaux. L’une des pistes à explorer pourrait être de généraliser l’inscription dans l’attestation sur l’honneur des numéros de compteur.

Ce recueil des numéros de compteur est une première étape sur le chemin d’un basculement du dispositif des CEE vers les économies d’énergie réelles. Lors du comité de pilotage CEE, la DGEC a indiqué qu’une étude de faisabilité était en cours concernant la collecte de ces données de consommation réelles. Une proposition portée par Effy durant l’été 2023 lors de la consultation sur la 6ème période des CEE afin de mesurer les économies d’énergie réelles générées par le dispositif. En effet, dans sa contribution Effy proposait de créer à la charge du demandeur CEE une obligation de suivi de consommation du bénéficiaire afin que son accompagnement aille au-delà des travaux. Une façon de répondre aux critiques sur le manque d’efficience du dispositif CEE.

D’ici là, les résultats à venir d’une étude lancée en 2023 auprès d’un million de foyers grâce aux compteurs communicants permettront de dresser une évaluation inédite des gains énergétiques permis par les travaux de rénovation.

[1] Contrôle de suite sur le déploiement et l’utilisation des compteurs Linky, Cour des comptes, 29 novembre 2024.

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.

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