MaPrimeRénov 2022 : Une dynamique constante et des faiblesses persistantes

La publication du tant attendu projet de loi de finances rectificative pour 2022 coïncide avec la publication hier des chiffres du premier semestre 2022 de la prime contemporaine aux travaux de rénovation énergétique. Le tout, dans un contexte où la Cour des comptes n’a pas manqué d’aborder l’aide publique dans sa note d’exécution budgétaire du programme support de MaPrimeRénov’.

L’occasion de faire un point sur les chiffres et l’actualité de cette prime qui est la principale aide à la rénovation énergétique aux côtés des primes issues des certificats d’économies d’énergie (CEE), en ce début de nouvelle législature parlementaire.

Bilan du premier semestre de MaPrimeRénov : une dynamique analogue au 1er trimestre et au millésime 2021

Dans la continuité du bilan du premier trimestre 2022, les chiffres du 1er semestre témoignent de la dynamique continuelle de la prime : 318 429 dossiers financés de janvier à mars 2022 pour 1,2 milliards d’euros de primes et 4,7 milliards de travaux de rénovation énergétique associés. Le montant moyen de la prime est de 3719€, en légère hausse par rapport aux chiffres de 2021[1].

Sur ce premier semestre il y a eu 377 346 dossiers déposés, soit rythme constant eu égard à celui du premier trimestre. Si cette dynamique devait se poursuivre, il y aurait à peu près autant de demandes MaPrimeRénov’ en 2022 qu’en 2021 avec plus de 700 000 dossiers déposés. Idem concernant les bénéficiaires des primes où les ménages modestes et très modestes représentent quasiment 70% des bénéficiaires.

Le top 3 des gestes de travaux financés est identique à celui du 1er trimestre avec le poêle à granulés à la première place (81 642), toujours suivi de la pompe à chaleur air-eau (73 409) et du chauffe-eau individuel solaire (34 355).

Peu de dossiers "propriétaires bailleur" et "rénovation globale"

Dans sa note d’exécution budgétaire 2021 sur la mission « écologie, développement et mobilités durables », la Cour des comptes met en exergue que les crédits exceptionnels du plan de relance destinés à l’ouverture de la prime à de nouveaux publics (propriétaires bailleurs, revenus intermédiaires et supérieurs) ont en réalité financé les primes des publics déjà éligibles. Ce constat, qui implique le non-décollage du financement des rénovations des propriétaires bailleurs semble se reproduire. Avec seulement un peu plus de 6 000 primes, les propriétaires bailleurs représentent à peine 2% des primes financées au premier semestre. C’est bien trop peu au regard de l’enjeu d’accompagnement financier des publics sur lesquels pèsent les interdictions progressives de location entre 2023 et 2034.

En matière de rénovation globale, le bat blesse toujours avec un peu plus de 15 000 dossiers MaPrimeRénov’ Sérénité. Bien que la dynamique semble être légèrement plus importante sur ce second trimestre, elle est moindre que celle de 2021 où plus de 45 000 logements avaient bénéficiés de cette aide à la rénovation globale des logements des ménages les plus modestes en 2021 (déjà en baisse de 13% par rapport à 2020). Du côté de MaPrimeRénov’ Copropriétés, malgré une très forte dynamique par rapport au trimestres précédent, seuls 4314 logements ont bénéficié de l’aide quand ils étaient plus de 11 000 en 2021.

La rallonge budgétaire du PLFR 2022 ...

Dans l’attente d’éventuelles évolutions substantielles lors du PLF 2023, cet ajustement du budget 2022 prévoit une hausse de 400 millions d’euros des autorisations d’engagement de la prime pour atteindre 2,4 milliards d’euros. Ce budget est identique à celui de 2021 après PLFR rectificatif. Cette rallonge budgétaire est présentée comme un accroissement du « soutien à la rénovation énergétique des logements privés, notamment pour les ménages modestes, afin de réduire rapidement notre consommation énergétique et notre consommation en gaz ». Un lien est également fait avec la bonification de 1000 € des primes pour l’installation d’un système de chauffage vertueux. Ce budget de 2,4 Mds d’euros d’engagement pourrait être nécessaire au regard du financement de cette bonification de 1 000 € dans un contexte où MaPrimeRénov’ pour les chaudières THPE gaz ne s’éteindra qu’au 1er janvier 2023.

... Qui ne règle pas des problématiques identifiées

Cette évolution des crédits de MaPrimeRénov’ est positive car vu la dynamique du 1er semestre 2021, il est fort possible que le nombre de demandes en 2022 soient à peu près égales à celles de 2021. Cependant, elle ne règle pas le problème de l’atonie du marché des CEE qui impacte notamment le montant cumulé des aides sur l’isolation qui ne représente que 21% des travaux financés et 19% des subventions MaPrimeRénov’. Par ailleurs, la dynamique de dossiers MaPrimeRénov’ financés pour les propriétaires bailleurs interpelle toujours à l’aune des interdictions de location des logements les moins performants qui débuteront progressivement en 2023 et qui appellent à un renforcement des accompagnements.

Enfin, le développement des rénovations globales ne semble toujours pas au-rendez vous puisque la dynamique d’Habiter Mieux Sérénité est moins importante que les années précédentes sur ce premier semestre. La récente ouverture du cumul de l’aide avec les primes CEE ne pourra avoir un impact que si la dynamique du marché des certificats reprend grâce à un rehaussement conséquent de l’obligation pour la 5ème période.