Neutralité carbone : la rénovation énergétique comme moteur
La semaine passée fut celle de la parution du second tome du rapport du GIEC consacré aux effet du changement climatique. Les conclusions de ce rapport sont alarmantes puisque selon les experts internationaux les effets actuels du changement climatique sont irrémédiables[1]. Un troisième tome devrait paraître en avril prochain sur les solutions à mettre en œuvre, et l’efficacité énergétique notamment des logements devraient y être présente.
Les logements doivent donc prendre toute leur part dans cette transition énergétique vers la neutralité carbone puisque le bâtiment représente 25% de nos émissions de Co2. La rénovation énergétique qui est bénéfique en termes de pouvoir d’achat et d’indépendance énergétique doit également occuper une place centrale dans le chemin menant à la neutralité carbone en 2050.
La rénovation énergétique : avant tout une réponse à des enjeux majeurs
La rénovation énergétique dispose de nombreux atouts pour répondre à plusieurs défis de notre temps : l’indépendance énergétique, l’amélioration du pouvoir d’achat et la neutralité climatique.
En effet, les travaux d’amélioration de la performance du logement sont clefs pour réduire les consommations énergétiques. Par exemple, la Ministre du logement, Emmanuelle Wargon, a récemment annoncé que les 660 000 dossiers d’aides engagés en 2021 permettraient une économie d’énergie 3,5 TWh par an. La réduction des consommations d’énergie entraine la réduction des factures énergétiques et un gain de pouvoir d’achat comme en témoigne le coup de pouce CEE chauffage dont les travaux auraient permis aux ménages concernés d’économiser chaque année 600 millions d’euros sur leurs factures[2].
Par ailleurs, sur le long terme, la réduction des consommations d’énergie du parc de logement nous permet de réduire notre dépendance aux importations d’énergies, prioritairement fossiles. Par conséquent, la rénovation énergétique est une réponse structurelle à notre indépendance énergétique. Enfin, la rénovation énergétique est également bénéfique sur le plan de l’économie et de l’emploi puisqu’elle permet le développement d’emplois locaux non délocalisables à forte impact environnemental, comme le rappelle la récente tribune sur le bouclier énergie de l’Initiative Rénovons !, dont Effy est membre.
La rénovation énergétique : levier majeur de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre (GES)
Les aides à la rénovation énergétique sont souvent appréhendées sous le prisme de la réduction de la consommation d’énergie, pourtant elles constituent également un puissant levier de réduction des émissions de GES d’un secteur très émetteur. En effet, « les logements français émettaient en 2017 en moyenne 18,6 kgCO2/m2 pour le chauffage, plaçant la France au-dessus de la moyenne européenne qui se situait cette année-là à 16,1 kgCO2/m2 »[3].
Dans un rapport de juillet dernier[4], l’ADEME mettait en exergue la réduction des émissions de carbone permise par les opérations bénéficiant des CEE. Ainsi, entre 2015 et 2018 le dispositif aurait contribué à 43% des économies de gaz à effet de serre (GES) observées et à 21% des objectifs généraux fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pour le seul secteur résidentiel, le dispositif a contribué à 61 % des réductions de GES du secteur du résidentiel et à 35 % de l’objectif sectoriel de la SNBC. Depuis 2019, les changements d’1 million de systèmes de chauffage dans le cadre du coup de pouce CEE permettent d’éviter chaque année l’émission de près de 3 millions de tonnes de CO2[5].
Quels travaux permettent d’économiser le plus de carbone?
Le bilan carbone réalisé par Effy a permis de mettre en exergue l’impact environnemental des travaux de rénovation énergétiques que nous effectuons chez les particuliers. En valeur unitaire, c’est-à-dire par unité de travaux réalisé, c’est l’installation d’une pompe-à-chaleur qui permet le plus d’économies de Co2 avec une moyenne de 60 tonnes équivalent Co2 suivie de l’isolation des combles avec une moyenne de 34 tonnes équivalent Co2.
La rénovation énergétique permet d’apporter des réponses concrètes au défi de la souveraineté énergétique et du pouvoir d’achat, mais elle représente également un levier puissant d’économies de Co2. La massification des rénovations énergétiques performantes constitue un impératif pour réussir l’immense défi de la neutralité carbone à horizon 2050.
[1] https://www.vie-publique.fr/en-bref/284117-rapport-2022-du-giec-nouvelle-alerte-face-au-rechauffement-du-climat
[2] Lettre des Certificats d’Economies d’Energie (CEE) – Février 2022
[3] Rénover Mieux – Leçons d’Europe – Haut Conseil pour le Climat – Novembre 2020 [4] ADEME, ATEMA Conseil, Philippe BERTRAND. BURGEAP, Thibault LACHESNAIE, Fabrice PETITFRERE, Salomé BAKALOGLOU. 2021. Etude exploratoire sur l’intégration d’une composante carbone dans le dispositif des CEE. 83 p
[5] Lettre des Certificats d’Economies d’Energie (CEE) – Février 2022