Rénovation énergétique : haro sur les énergies fossiles
Lors de son audition au Sénat devant la commission d'enquête sur la rénovation énergétique, Antoine Peillon, le secrétaire général à la planification écologique (SGPE), a déclaré la semaine dernière que le bâtiment devrait diminuer ses émissions de gaz à effet de serre d'au moins 60% d'ici 2030.
La baisse de nos consommations d'énergie... et de nos émissions de gaz à effet de serre
Pour atteindre les objectifs de baisse d'émission de gaz à effet de serre à l'horizon 2030, le SGPE préconise d'accélérer sur les rénovations performantes et d'embarquer les particuliers dans une approche multigestes. Très concrètement, pour Antoine Peillon, "la politique de rénovation ne doit pas se limiter au remplacement des systèmes de chauffage" A ce titre, le SGPE souhaite accompagner tout changement d'une chaudière par une action d'isolation pour les passoires thermiques (logements F et G). En revanche, pour les logements disposant d'une bonne isolation (étiquette A à D), le SGPE suggère d'orienter en priorité la politique de rénovation énergétique sur le changement des systèmes de chauffage fonctionnant au fioul ou gaz. Pour la première fois, il est question de segmenter la politique publique de rénovation énergétique en fonction de l'état initial de la performance énergétique du bien à rénover.
Cependant, pour le SGPE l'approche est claire : il faut à la fois baisser nos émissions de gaz à effet de serre mais également nos consommations d'énergie. La France n'a pas actuellement la capacité d'assurer l'ensemble des besoins énergétiques si on ne réduit pas la consommation d'énergie. En effet, le transfert d'usage d'une partie de notre économie, des énergies fossiles vers de l'électricité décarbonée, va contribuer au global à augmenter notre consommation d'électricité à mesure que nous baisserons nos consommations d'énergies fossiles. D'après la trajectoire de la stratégie nationale bas carbone, l'électricité devrait représenter 55% de la consommation d'énergie finale en 2050, contre 27% aujourd'hui.
La fin annoncée des chaudières au fioul
Lors de son audition, Antoine Peillon, a été particulièrement clair sur les chaudières au fioul : "le SGPE souhaite que 75% des chaudières fioul en fonctionnement soient supprimées d'ici 2030". Pour rappel, la FF3C, le syndicat défendant les intérêts de la fioul, estimait dans Les Echos qu'il resterait après 2030 plus d'un million de chaudières fioul en fonctionnement sur le territoire français. En filigrane, pour le SGPE, il est nécessaire accélérer le rythme d'extinction du parc existant à la fois pour permettre aux ménages utilisant cette énergie de diminuer leurs factures, et dans le même temps, permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
En revanche qu'en est-il pour les chaudières au gaz ? Si Antoine Peillon ne s'est pas montré aussi catégorique que pour le fioul, il a fortement insisté sur la nécessité de baisser notre consommation de gaz. Pour cela, le SGPE développe deux axes de développement : le premier consiste à améliorer l'efficacité énergétique des équipements existants comme le fait de remplacer une chaudière gaz à condensation par une chaudière gaz à très haute performante énergétique ; le second vise à remplacer directement les chaudières à gaz par des équipements moins polluants (pompes à chaleur, chaudières à bois...).
Pour arriver à ses fins, le SGPE souhaite apporter des modifications au dispositif MaPrimeRénov' afin de renforcer le budget global de cette aide et la recentrer encore davantage sur les ménages les plus modestes. D'après Antoine Peillon, il va également falloir renforcer les objectifs d'économies d'énergie pour permettre de dégager des financements supplémentaires sur la rénovation énergétique. La présentation prochaine de la programmation pluriannuelle de l'énergie devrait pouvoir nous éclairer sur ce point.