Bouclier tarifaire : des factures qui peuvent dépasser les 15% de hausse
Renouvelé pour l’année 2023, le bouclier tarifaire a permis de limiter les coûts de l’électricité et du gaz à 15%, contre 4% en 2022. Mais d’après les analyses de la start-up Lite, cette augmentation moyenne s’approche en réalité des 16%. De plus, la protection apportée par le bouclier tarifaire ne s’applique pas de la même manière pour tous les Français et ainsi, de nombreuses personnes demandent sa transformation, voire sa suppression.
D'après Lite, les abonnés aux « Heures Creuses » ont subi les moins fortes hausses sur leur facture. ©Maxime Huriez
Depuis février 2023, le gouvernement a reconduit le bouclier tarifaire pour limiter le prix de l’électricité et du gaz afin de freiner son augmentation. Celui-ci est fixé à 15% T.T.C, entrainant ainsi une hausse de 20 euros par mois pour les ménages contre 180 euros sans le bouclier tarifaire. Cette limitation est supérieure à celle de 2022, qui était fixée à 4%.
Mais tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, la hausse de 15% annoncée par le gouvernement n’est qu’une moyenne dont la variable change selon le contrat et le logement. Et ce chiffre n’est pas tout à fait exact. D’après les dernières analyses de Lite, qui accompagne les particuliers dans la maîtrise de leur consommation électrique, l’augmentation moyenne réelle s’élève à 15,74%, ce qui représente 184 euros supplémentaires sur la facture annuelle. Mais d’après Rémy Rousset, co-fondateur de la start-up Lite, « une augmentation de 15% reste tout de même lourde pour les foyers français, c’est historique qu’on atteigne une telle hausse ».
De plus, deux critères peuvent faire varier la protection apportée par le bouclier tarifaire : le type d’abonnement et la consommation de chaque foyer. Ainsi, « certains foyers ont connu des augmentations allant jusqu’à 18% », explique Rémy Rousset.
Des disparités selon le type d’abonnement
D’après les dernières données récoltées par Lite, les abonnés aux « Heures Creuses » ont subi les moins fortes hausses, tout comme les abonnés à l’offre Tempo. Plus en détail, les foyers en option base ont vu une augmentation de 16,54% sur leur facture, soit 159 euros par an tandis que ceux en option « Heures Creuses » ont réussi à se placer sous la barre des 15% établis par le gouvernement, avec une augmentation de 14,4% des coûts.
Rémy Rousset ajoute que « le gouvernement a fait des choix plus stratégiques dans sa manière de limiter l’augmentation. Il a décidé de récompenser les foyers ayant fait le plus d’efforts dans leur consommation d’énergie en décalant leurs usages pour moins dépenser. » Ainsi, les heures creuses ont subi moins d’augmentation que les heures pleines, 10% contre 21%.
Vers une fin du bouclier tarifaire ?
D’après le Conseil d’analyse économique (CAE), il est temps de sortir du bouclier tarifaire sur l’énergie. L’organisme qui conseille le gouvernement assure que ces mesures « ont été prises dans l’urgence » afin de répondre « à la volonté d’empêcher la hausse brutale des factures des consommateurs ». De plus, selon le CAE, cela constitue « des subventions aux énergies fossiles, incompatibles avec l’objectif de décarbonation ». L’organisme avise donc de se remplacer le bouclier tarifaire « par des dispositifs plus incitatifs et plus ciblés ».
Même son de cloche du côté du co-fondateur de Lite. D’après lui, le bouclier tarifaire représente « un budget énorme de 44 milliards d’euros, en particulier lorsqu’il est comparé à celui de la rénovation énergétique, qui coûte six milliards d’euros ». Il souhaiterait donc « un bouclier tarifaire beaucoup plus chirurgical, qui protège les foyers les plus modestes et permet d’accélérer le passage vers de nouvelles solutions ». Il ajoute : « Aujourd’hui, on colmate les fuites mais on ne résout pas le problème de l’énergie. »
Malgré les conseils du CAE, Elisabeth Borne et son gouvernement semblent bien décidés à prolonger le bouclier tarifaire. En janvier 2023, à l’occasion d’une interview d’une heure sur Franceinfo, la Première ministre déclare son ambition de maintenir « le principe d’un bouclier tarifaire jusqu’à la fin de l’année » 2023, notamment pour « protéger les ménages, en particulier les ménages les plus modestes ». Annoncée par Elisabeth Borne, cette prolongation ne concernera que le bouclier tarifaire sur l’électricité, reconduit jusqu’en 2025. Celui sur le gaz sera stoppé courant de l’année 2023, comme l’indique Bruno Le Maire sur LCI, vendredi 21 avril.