Comment aider les ménages en situation de précarité énergétique ?
Un petit guide des idées et recommandations pour lutter contre la précarité énergétique en France que nous avons retenues du colloque de l’ONPE, mardi 9 novembre 2021.
Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, 3,5 millions de ménages, soit environ 12% de la population française, consacrent plus de 8% de leurs revenus à leurs dépenses en énergie (et sont donc en situation de précarité énergétique). Ces chiffres, certes, ne sont pas en augmentation. Mais comment faire pour les faire diminuer ? Voici les 6 idées proposées par l’ONPE dans une déclaration collective, lors de son colloque annuel du 9 novembre dernier :
- Renforcer le montant des aides financières pour la rénovation énergétique, et notamment doubler le chèque énergie par deux
- Baisser le reste à charge des travaux à 0 € (ou presque 0 €) pour les ménages les plus modestes
- Former et outiller les personnes dédiées à l’accompagnement des ménages (notamment les futurs accompagnateurs rénov’)
- Encadrer les actions de tous les fournisseurs d’énergie
- Produire des connaissances fiables et pérennes sur la précarité énergétique, notamment par le biais de nouvelles études
- Créer un délégué interministériel à la précarité énergétique, placé auprès du Premier Ministre et chargé de la mise en oeuvre d’un plan national de lutte contre ce phénomène
Optimiser les connaissances sur le sujet
Avant de lutter contre un problème, il faut le définir. Et c’est là que le bât blesse : même s’il existe des chiffres sur la précarité énergétique en France, notamment grâce au travail de l’ONPE, l’observatoire précise que “de nombreux ménages passent à travers les mailles du filet de l’observation (et de l’action)”, comme par exemple “les foyers qui restreignent leur chauffage et leur mobilité en vue de parvenir à payer les factures d’énergie” ou encore “les ménages qui choisissent de payer leurs factures d’énergie au détriment d’autres postes de dépenses”.
Difficile donc de deviner avec exactitude la situation de chacun, puisque la précarité énergétique relève de la vie quotidienne et du foyer, et donc de l’intime.
Certains outils, évoqués lors du colloque de l’ONPE, ont donc été développés pour avoir des données plus complètes quant au nombre de foyers en situation de précarité énergétique : on pense par exemple à l’outil de géolocalisation GÉODIP lancé par l’observatoire et mis à disposition des collectivités territoriales. Des initiatives à plus petite échelle existent également, telles que le site Histologe pour l’agglomération de Pau, sur lequel les ménages en situation de précarité énergétique sont invités à signaler spontanément leurs difficultés financières. Ces solutions, récentes, doivent désormais faire leurs preuves dans la durée.
Aider financièrement les ménages aux revenus modestes
C’est un des points de la déclaration collective de l’ONPE, et le sujet a été soulevé par plusieurs intervenants du colloque : les aides financières à la rénovation énergétique sont des dispositifs absolument essentiels pour lutter contre la précarité énergétique en France. Le problème ? Aux yeux de certains acteurs du secteur, elle ne sont pas assez élevées pour enrayer le phénomène.
A propos du chèque énergie notamment, Jean Merckaert, du Secours Catholique, affirme que “100 €, ce n’est pas beaucoup pour l’année”. Il plaide pour un montant de 700 € pour aider les ménages à sortir de la précarité. Sandrine Buresi, co-présidente du CLER, insiste pour sa part sur les aides dédiées aux propriétaires bailleurs, qui ont besoin selon elle d’une “vrai dispositif d’accompagnement”, mais “en fonction de leurs revenus” : c’est-à-dire, accorder des aides uniquement à ceux qui le nécessitent vraiment financièrement.
Ce besoin de différencier en fonction des seuils de revenus est indispensable pour la co-présidente du CLER : pour elle, il faut “considérer comme étant à part” les ménages en situation de précarité énergétique. C’est-à-dire, “rénover au même niveau d’ambition tous les logements”, mais en prenant en compte la réalité économique et sociale des particuliers, et adapter les aides : des prêts pour les ménages aisés, et des subventions pour les ménages aux revenus faibles.
Impliquer le secteur sanitaire dans la problématique
Enfin, il apparaît nécessaire pour certains intervenants d’inclure les enjeux sanitaires dans la question de la précarité énergétique. Philippe Pelletier, du Plan Bâtiment Durable, a évoqué lors du colloque du 8 novembre la différence de notre système avec celui des anglais : outre-Manche, un médecin peut être prescripteur de travaux, car le lien entre santé et rénovation énergétique est établi. En effet, les particuliers vivant dans des passoires thermiques s’exposent à des maladies telles que des bronchiolites, par exemple.
Marion Hulin, de chez Santé publique France, plaide d’ailleurs pour instaurer la notion de “logement pathogène”. Une piste à explorer à l’avenir ?
Trois questions à Alicia Engel-Gennari, chargée de mécénat chez Solinergy
En quelques mots, le rôle de Solinergy ?
Solinergy agit depuis 10 ans pour soutenir les associations de terrain qui luttent contre la précarité énergétique : un vaste chantier !
Un bilan des actions menées ces derniers temps par Solinergy pour agir contre la précarité énergétique ?
Durant la pandémie, nous avons accordé 100.000 € aux structures associatives qui étaient en difficulté du fait de la crise sanitaire.
Des projets de financement importants à venir dont vous pouvez nous parler ?
Nous sommes fiers de soutenir l'initiative de l'ORS Auvergne Rhône Alpes qui vise à mesurer précisément le lien entre précarité énergétique et impact sanitaire. L'organisme mesure ainsi l'évolution des consommations de soins des ménages avant et après une rénovation énergétique. Nous continuons également de soutenir le réseau RAPPEL qui coalise les acteurs de la précarité énergétique pour mieux agir ensemble !