[Interview] « Il faut doubler le nombre de pompes à chaleur installées à partir de l’année prochaine »
Le gouvernement souhaite faire de la France « la première nation européenne de l’industrie verte ». Et pour cela, elle compte notamment sur une installation massive de pompes à chaleur dans les foyers français. Avec Christophe Thebault, directeur marketing pompes à chaleur et chaudières pour le groupe ATLANTIC, Effy revient sur les attentes et les besoins du secteur pour répondre aux objectifs fixés par l’Union européenne sur les sept prochaines années.
La France est le premier marché de pompe à chaleur en Europe. ©Maxime Huriez
Comment les pompes à chaleur peuvent contribuer à ce que la France devienne la première nation européenne de l’industrie verte ?
Il faut dire que c’est déjà le cas, parce qu’historiquement, le marché français est le premier marché de pompe à chaleur en Europe. Et ce grâce à un marché de la construction dans le neuf assez dynamique et à une réglementation qui a poussé les énergies renouvelables et donc les pompes à chaleur assez fortement en maison individuelle. Depuis une dizaine d’années, la pompe à chaleur joue donc un rôle central dans la politique de décarbonation française. Et maintenant sur le marché de la rénovation, lorsque l’on regarde en termes d’émissions de carbone, passer d’installations aux énergies fossiles (ndlr : chaudières au gaz ou au fioul) à une pompe à chaleur air/eau ou hybride apporte un gain significatif. C’est donc un élément majeur de décarbonation en France sur lequel il faut continuer à persévérer et investir. D’autant plus que, parmi les secteurs à décarboner pour atteindre les objectifs européens, le bâtiment est l’un des chantiers les plus importants. Il est donc crucial d’accélérer l’installation de pompes à chaleur pour atteindre ces objectifs européens.
Pour atteindre cet objectif de 1ère nation verte, devons-nous accélérer le rythme d’installation des pompes à chaleur en France ?
Pour atteindre les objectifs de décarbonation européens en 2030, la Commission européenne veut installer 10 millions de pompes à chaleur en Europe entre 2022 et 2027 et 30 millions en 2030. Pour faire cela, il faut quasiment multiplier par deux le marché actuel. Si on veut pouvoir installer 10 millions de pompes à chaleur en cinq ans, il faut le doubler le nombre de pompes à chaleur installées à partir de l’année prochaine. Un accroissement du marché est attendu assez rapidement si les gouvernements souhaitent remplir leurs engagements et tenir leurs objectifs.
Comment vous préparez-vous à ces changements ?
Pour nous préparer à ces changements, on a plusieurs axes de travail dans le groupe ATLANTIC. D’abord, nous avons prévu d’augmenter nos capacités de production. Ce sont des choses qu’on a déjà fait et qu’on continue à faire en ouvrant de nouvelles lignes de fabrication, par exemple. On a un deuxième axe en recherche et développement pour continuer à travailler sur la performance énergétique, le design, la capacité d’intégration et la facilité de pose des pompes à chaleur. Notre but est d’anticiper l’évolution des futures réglementations.
Quoi qu’il en soit, il faut noter que les aides financières à la rénovation énergétique ont prouvé leur efficacité, que ce soient les certificats d’économies d’énergie (CEE) ou le dispositif MaPrimeRénov’. Ce qui est sûr, c’est que depuis trois ans maintenant, ce sont les aides à la rénovation énergétique qui ont permis d’accélérer significativement le marché de la pompe à chaleur en rénovation. Il faut effectivement que ces mécanismes restent efficaces dans les années qui viennent.
Quel serait le premier argument pour convaincre les Français de passer à l’acte et de changer leur système de chauffage par une pompe à chaleur ?
Globalement, le premier argument, qui est un élément majeur quand on voit l’évolution des prix de l’énergie, ce sont les économies générées sur la facture de chauffage. Lorsque vous installez une pompe à chaleur chez vous, vous allez réaliser des économies d’énergie significatives. On a l’habitude de dire qu’on peut réaliser jusqu’à 60% d’économies d’énergie. Ensuite, le deuxième argument, c’est la décarbonation, pouvoir participer à lutter contre le réchauffement climatique.