Hiver 2023/2024 : le point sur les approvisionnements par énergie

La sécurité d’approvisionnement, c’est-à-dire la capacité d’assurer à tout instant une production d’électricité équivalente à la consommation, avait constitué l’hiver dernier un motif de vive inquiétude pour les Français. Cette année, la Ministre Agnès Pannier-Runacher a indiqué que « la France abordait l’hiver plus en sécurité », mettant notamment en avant la meilleure disponibilité du parc nucléaire ainsi que la baisse de la consommation qui devrait se poursuivre. 

« Nous abordons cet hiver avec sérénité. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter la vigilance et les efforts de sobriété pour des raisons fondamentales.» Luc Rémont, PDF d’EDF 

L’année 2023 a en effet été marquée par une baisse de 12% de la consommation électrique en France, sous l’effet conjugué de tarifs en hausse et d’efforts de rénovation énergétique et de comportements vertueux.

Côté facture, les consommateurs vont continuer de bénéficier du bouclier tarifaire, qui a limité la hausse du Tarif Réglementé à +15% au 1^er février et à +10% au 1^er août 2023 . Ce qui représente tout de même une augmentation moyenne de 397€/an depuis janvier 2022 pour un ménage ayant du chauffage électrique. La Ministre de la Transition Énergétique, Agnès Pannier-Runacher, prépare les esprits à une hausse du prix de l’électricité au 1^er février 2024 jusqu’à +10%. 

On entend moins parler de la sécurité d’approvisionnement du gaz, et pour cause : il peut être stocké, ce qui ne nécessite pas d’assurer à tout moment l’équilibre production/demande, comme c’est le cas dans l’électricité.

Néanmoins, la tension sur l’approvisionnement en gaz se fait largement sentir dans l’envolée des prix de marché. La cause ? une moindre disponibilité du gaz venant de Russie depuis le début de la guerre en Ukraine et une stagnation de la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) qui ne devrait s’améliorer qu’à partir de 2026, d’après les déclarations de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.

Pour ce qui est des prix, les Français ont également bénéficié du bouclier tarifaire sur le gaz naturel en 2022 et 2023, qui a plafonné les hausses à des niveaux décidés par le gouvernement, par exemple +15% le 1^er janvier 2023. 

La suppression des Tarifs Réglementés du gaz le 30 juin 2023 a obligé tous les consommateurs à choisir un contrat parmi les offres de marché. Une partie d’entre elles reste néanmoins indexée sur un indice publié par la CRE (Commission de Régulation de l'Énergie). Ce “prix repère”, après avoir été stable entre juillet et septembre, est reparti à la hausse depuis le mois d’ octobre.

De nombreux ménages se chauffant au fioul avaient pris l’habitude de faire leur plein annuel au milieu de l’été, pour profiter d’un creux saisonnier. En 2023, mauvaise surprise : les prix du fioul domestique ont remonté dès fin juillet. Au 1^er novembre, on constate un prix moyen de 1,3€/litre, ce qui correspond au même prix qu’il y a un an… mais ce prix est supérieur de 30% à celui constaté à l’automne 2021. Le contexte géopolitique très tendu n’incite pas à l’optimisme sur les prix du fioul, qui devrait donc rester l’énergie avec laquelle il est le plus cher de se chauffer. 

Bon à savoir : L’installation de chaudière à fioul est interdite depuis le 1^er juillet 2022, sauf dérogations exceptionnelles. La réparation d’une chaudière est possible, mais pas son remplacement. Raison de plus pour s’interroger sur un changement de mode de chauffage quand on est équipé d’une chaudière au fioul. 
En savoir sur la fin des chaudières au fioul avec notre article dédié 

De plus en plus de Français utilisent une chaudière ou un poêle à granulés (ou pellets, c'est-à-dire des copeaux de bois séchés). Après une longue période de stabilité 2006-2020, le prix des granulés a très fortement augmenté sous l’effet conjugué de la demande croissante et de la hausse des coûts (énergie pour le séchage, plastique pour l’emballage, carburants pour le transport….). 

Cependant, le poêle à granulés reste intéressant à de nombreux égards. En novembre 2023, la livraison d’une tonne de granulés coûte environ 500€. Cette quantité représente en moyenne de quoi se chauffer la moitié de l’hiver.
 

Pour les logements équipés d’un système de chauffage vieillissant ou très polluant, la question mérite largement d’être posée, car le changement permet des économies substantielles ainsi qu’un confort accru dès la première année. L’investissement financier important que cela représente est abaissé par un éventail d’aides financières ciblées : 

• MaPrimeRénov, accessible à tous les propriétaires, propose une aide forfaitaire en fonction du gain énergétique des travaux réalisés et des revenus du ménage concerné. Quelques changements sont à prévoir pour 2024 , mais les aides au passage à un mode de chauffage écologique et performant devraient se maintenir à un niveau élevé.
• Vous pouvez également bénéficier de la Prime Effy, de l'éco-prêt à taux zéro (qui vient d'ailleurs d'être prolongé jusqu'en 2027), de subventions locales ou encore de la TVA à 5,5%.