Prix de l’énergie : hausse des impayés et des litiges en 2023
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Le nombre de réclamations aux fournisseurs d’énergie, mais aussi d’impayés, a augmenté en 2023, alors que les tarifs de l’énergie poursuivent également leur hausse. Effy fait le point sur la situation.
Dans un contexte marqué par une forte augmentation des tarifs de l’énergie depuis deux ans, et ce malgré les mesures gouvernementales, les consommateurs sont inquiets. En effet, en fin d’année 2023, 89% d’entre eux se montraient soucieux de la hausse des prix de l’électricité, selon une enquête Ifop pour EDF.
Le médiateur de l’énergie épingle les mauvaises pratiques des fournisseurs
Cette problématique de pouvoir d’achat se traduit notamment par une hausse des réclamations faites auprès du médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval, d’après son rapport d’activité 2023, publié début mai 2024.
Ainsi, en 2023, les services du médiateur ont reçu 14 000 demandes de médiation. Un chiffre plutôt stable par rapport à 2022, mais la part de plaintes liées à des changements de prix a augmenté, quant à elle, de 74%.
📍Les chiffres clés : C’est près de 5 millions de consommateurs qui ont été informés par le médiateur national de l’énergie via son numéro vert et ses sites internet. En 2023, le service a reçu un total de 27 350 litiges.
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Le médiateur a ainsi relevé plusieurs mauvaises pratiques de la part des fournisseurs, qui leur ont valu un carton rouge de sa part. Plusieurs fournisseurs sont épinglés car ils « sous-évaluent parfois délibérément le montant des mensualités de leurs clients, avec au final des factures de régularisation de plusieurs centaines, voire milliers d’euros », comme le détaille le rapport.
Le gestionnaire de réseau de distribution Enedis est également pointé du doigt pour le mauvais traitement des réclamations de ses clients, mais aussi pour des redressements de consommation au-delà du délai de 14 mois, des mises en service retardées au motif infondé de l’absence de compteur Linky, ainsi que des refus de réalisation de travaux qu’Enedis avaient pourtant indiqué urgents pour des raisons de sécurité.
💡 Bon à savoir : Le taux de médiations par fournisseur est désormais indiqué sur le comparateur d’offres du médiateur national de l’énergie, pour aider les consommateurs qui choisissent un fournisseur d’énergie.
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Une législation pour mieux protéger les consommateurs
Au vu de ce bilan de l’année 2023, Olivier Challan Belval appelle donc le gouvernement à légiférer pour renforcer la protection des consommateurs avant la fin de l’année 2024.
« Il est en effet nécessaire d’améliorer encore l’information qui doit être donnée aux consommateurs d’énergie, notamment sur les prix, de mettre un terme aux pratiques de démarchage trompeuses et d’aligner la protection des petits professionnels sur celle des particuliers », Olivier Challan Belval.
Une intention louée par le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, qui « remercie le médiateur pour ses nombreuses propositions, dont certaines pourraient être reprises dans de futurs travaux législatifs pour renforcer la protection des consommateurs », déclare-t-il dans le rapport d’activité.
Et d’ajouter qu’il y a « un consensus sur la nécessité d’assurer une meilleure protection des consommateurs, qui sont insuffisamment protégés,et insuffisamment informés quand il s’agit soit de choisir son fournisseur, soit de choisir la meilleure offre, soit de faire face à une modification contractuelle ou à une résiliation contractuelle ».
Des réclamations records pour EDF
De son côté, EDF a fait face à un « un nombre de sollicitations inédit dans toute l’histoire de la médiation du groupe » en 2023, a souligné Olivier Fontanié, médiateur d’EDF. En effet, le nombre de réclamations provenant de clients particuliers du fournisseur a augmenté de 24% sur un an.
La majeure partie de ces litiges étaient liés à la hausse des prix de l’énergie, et aux difficultés financières qu’elle a pu entraîner pour les clients d’EDF. « Le médiateur a été majoritairement saisi par des clients du gaz affectés par la très forte augmentation des tarifs à l'échéance de leur contrat à prix fixe », souligne un communiqué de presse d’EDF.
Un million d’interventions pour impayés
Ces difficultés financières se traduisent d’ailleurs par de plus en plus d’impayés pour les fournisseurs d’énergie.
Selon le médiateur national de l’énergie, le nombre d’interventions pour impayés a ainsi passé pour la première fois le cap du million en 2023. C’est une augmentation de 3% par rapport à 2022, mais de 49% par rapport à 2019, avant cette phase de hausse des tarifs.
La majorité des interventions concernent l’électricité : elles sont 10 fois plus nombreuses que celles pour le gaz.
Désormais, ces interventions se traduisent généralement par des limitations de la puissance en électricité plutôt que des coupures d’électricité ou de gaz. Il y a ainsi eu plus de 700 000 limitations en 2023, soit une hausse de 15% par rapport à 2022, pour environ 265 000 coupures, soit une baisse de 18%.
Cela s’explique par une évolution de la réglementation : depuis février 2023, en cas d’impayés en dehors de la période de trêve hivernale, les fournisseurs sont obligés de demander une limitation de la puissance en électricité, avant de passer à une coupure ou une résiliation, pour les bénéficiaires du chèque énergie ou d’une aide du fonds de solidarité pour le logement.
Des anomalies dans une majorité des installations électriques
En parallèle de l’inquiétude des Français concernant leurs factures énergétiques, la réalité des installations au sein de leurs foyers n’est pas non plus à la hauteur des normes attendues.
En effet, 83% des installations électriques de plus de 15 ans comportent au moins une anomalie électrique, selon le baromètre 2024 de l’Observatoire National de la Sécurité Électrique.
Ces logements construits avant 2008 sont 31 millions, soit une part très importante des 36,8 millions de logements existants en France.
Les principales anomalies retrouvées concernent les prises de terre et les installations de mise à la terre défectueuses (64%), les matériels électriques vétustes ou inadaptés à l’usage (46%) ou encore les risques de contacts directs avec des éléments sous tension (41%).
La rénovation de son logement apparaît donc indispensable comme solution permettant à la fois d’économiser sur ses factures, mais surtout de faire de son foyer un lieu de bien-être durable.
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