Comment renforcer l’autonomie énergétique de l’Europe ?
Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, Emmanuel Macron a convié les dirigeants des états membres à un sommet informel. L’événement, organisé à Versailles, a débuté hier, et se poursuit ce vendredi. Au cœur des débats, la guerre en Ukraine. L’heure est en effet à la réflexion avec notamment une question : quels leviers actionner pour gagner en indépendance énergétique ?
L'Europe veut gagner en indépendance énergétique
La guerre en Ukraine a rappelé la dépendance de l’Union européenne vis-à-vis des hydrocarbures russes. En effet, au-delà du drame humain et du « choc géopolitique » comme formulé par Bruno Le Maire, le 9 mars 2022, le conflit provoque aussi « un choc énergétique » dont les conséquences ne se sont pas fait attendre.
« Les prix du diesel et les prix de l’essence à la pompe (…) sont insupportables pour beaucoup de nos compatriotes », a souligné le ministre de l’Economie, citant notamment les patrons de bâtiment. « Si bien que ce n’est pas exagéré que de dire que cette crise énergétique est comparable en intensité, en brutalité au choc pétrolier de 1973 », a-t-il poursuivi.
Pour la France, comme pour l’Europe, le mot d’ordre est de limiter l’impact économique de cette nouvelle crise.
Des réponses de court et long terme
Déjà, quelques pistes de réflexion ont été évoquées par Bercy, par exemple, diversifier les approvisionnements ou encore geler les prix du gaz jusqu’à la fin de l’année 2022, une mesure dont le coût s’élèverait à 10 milliards d’euros. A noter que le Président de la République a demandé à Jean Castex de plancher sur un Plan de résilience économique et social dont les détails devraient être prochainement révélés. Il devrait concerner aussi bien les ménages que les entreprises.
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« Protéger les ménages les plus modestes contre l’augmentation des prix du gaz, de l’essence et de l’électricité » est également une priorité. A ce sujet, le ministère de l’économie rappelle les différentes actions déjà déployées en ce sens : le chèque énergie « qui va arriver prochainement, en avril, chez les ménages concernés », le plafonnement des prix de l’électricité à 4% ou encore l’indemnité inflation « dont bénéficient 38 millions » de Français « pour près de 3,8 milliards d’euros de dépenses ».
« C’est bien le rôle du Gouvernement face à cette crise, faciliter la vie de nos compatriotes, leur apporter des solutions pour qu’ils dépensent moins d’énergie et les aider à financer cette transition », a déclaré Bruno Le Maire, se référant ainsi aux dispositifs en faveur de la rénovation énergétique des logements tels que MaPrimeRénov’.
Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments est en effet un des axes à privilégier pour réduire les besoins en énergie et donc les factures.
Miser sur les énergies décarbonées
Bruno Le Maire s’est enfin référé à la réforme européenne de l’énergie. « L'actuel marché européen de l'énergie ne permet pas d'inciter les consommateurs à faire appel à l'électricité décarbonée dès lors que le prix de l'électricité décarbonée reste dépendant des prix de marché qui sont eux-mêmes dépendants des prix du gaz (…) », a-t-il pointé. Il s’est néanmoins félicité que les décisions de la Commission européenne sur ce sujet soient « en train de changer ».
La Commission a d’ailleurs récemment présenté REPowerEU, un plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes « bien avant 2030 ». « Plus vite nous passerons aux énergies renouvelables et à l'hydrogène, tout en renforçant l'efficacité énergétique, plus vite nous serons réellement indépendants et maîtres de notre système énergétique », a déclaré Ursula von der Leyen, sa présidente.
De son côté, Kadri Simson, commissaire chargée de l’énergie, a précisé : « L'Europe dispose de quantités suffisantes de gaz pour les dernières semaines de l'hiver, mais nous devons reconstituer nos réserves de toute urgence pour l'année prochaine. La Commission proposera donc que d'ici au 1er octobre, les installations de stockage de gaz dans l'UE soient remplies à au moins 90 % ».
L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a également partagé ses préconisations. Elle propose notamment la réouverture de réacteurs nucléaires, le développement de solutions de stockage, le déploiement massif de centrales solaires ou encore le remplacement de chaudières gaz par des pompes à chaleur.