Diminution du nombre d’entreprises RGE en 2023 : quelles sont les causes ?
Malgré un besoin croissant en rénovation énergétique et une hausse des moyens alloués par le gouvernement, le nombre d’entreprises labellisées RGE a diminué en 2023. Effy fait le point sur les raisons de cette évolution.
Depuis 2011, le label Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) est un gage de qualité délivré aux artisans et entreprises spécialisés dans les travaux de rénovation énergétique. Cette certification est nécessaire pour que les clients puissent bénéficier des dispositifs d’aides tels que MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’Economies d’Energie (CEE). Elle est délivrée par des organismes accrédités comme Qualibat ou Certibat et est valable quatre ans.
Des objectifs ambitieux de rénovations globales pour 2024
2024 sera une année importante pour le secteur de la rénovation énergétique, qui constitue un marché considérable pour les entreprises du bâtiment, en hausse d’année en année du fait des aides mises en place par le gouvernement pour atteindre ses objectifs environnementaux.
MaPrimeRénov’ prend un nouveau tournant : le gouvernement a décidé d’axer ce dispositif sur les rénovations globales, en faisant en sorte que les aides pour une rénovation globale soient plus intéressantes que la somme des aides pour les gestes individuels effectués séparément. Plus d’aides seront également allouées à l’installation de systèmes de chauffage ENR. Le budget de MaPrimeRénov’ passe ainsi de 2,4 milliards à 4 milliards d’euros en 2024, ce qui représente une hausse sans précédent de 66%.
Pour pouvoir réaliser l’objectif annoncé par le gouvernement de 200 000 rénovations globales en 2024, il faut donc plus de main-d’œuvre, mais surtout, plus d’entreprises labellisées. En 2022, le ministre de l’Économie et des Finances avait fait part de son ambition de multiplier par quatre le nombre d’entreprises RGE d’ici 2028, pour atteindre 250 000 sociétés. Pourtant, le nombre d’entreprises labellisées RGE évolue peu depuis plusieurs années, et a même diminué de 6% en 2023.
Des entreprises découragées par la complexité du processus RGE
Selon les représentants du secteur, plusieurs raisons expliquent cette diminution du nombre d’entreprises RGE. Tout d’abord, la complexité administrative du dispositif. Pour obtenir le label RGE, les entreprises doivent d’abord choisir un signe de qualité RGE auprès d’un organisme de qualification correspondant à leur domaine d’activité. Au moins un des collaborateurs de la société doit ensuite se former et devenir référent technique. À ce moment-là, l’entreprise peut monter son dossier auprès de l’organisme certifiant pour obtenir le label. La certification est effective durant quatre années. Quelques mois avant la fin de sa validité, l’entreprise doit recommencer ce processus pour la renouveler.
Pour faire face à la fraude et à la multiplication des arnaques, les contrôles ont été renforcés suite à une réforme du label en 2020, afin de rassurer les clients quant au sérieux des entreprises. Durant les deux premières années, l’entreprise reçoit une visite de chantier pour vérifier la qualité des travaux, et chaque année, elle subit un contrôle administratif et financier.
Ces contrôles ont été renforcés pour lutter contre la fraude, mais ils pèsent sur les professionnels.
La CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) considère que ces lourds contrôles pénalisent les entreprises vertueuses, plutôt que de cibler les éco-délinquants. Cette complexité pousse même certaines entreprises qui étaient labellisées à ne pas renouveler leur certification.
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Les aides à la rénovation énergétique évoluent régulièrement, et avec elles, la volonté des entreprises à investir du temps et des ressources dans l’obtention ou le maintien de la certification RGE. Les artisans réalisant des rénovations peu prises en compte par les aides ont ainsi peu d’intérêt à se soumettre à ce processus. De plus, les professionnels se rendent souvent compte que la gestion des dossiers d’aides ne constitue pas leur cœur de métier, et que cela représente une charge de travail trop importante et chronophage.
Pourtant, le label RGE constitue un critère important dans le choix des clients : selon le baromètre « les Français et les EnR 2023 » de Qualit’ENR, 77% des personnes interrogées disent se tourner vers un professionnel disposant de la mention RGE.
C’est le label le plus connu des Français (52% des répondants), et il est cité en premier comme signe de qualité pour l’installation d’équipements utilisant les énergies renouvelables. Il reste donc un gage de confiance indéniable.