Un bilan énergétique 2021: des résultats à la hauteur pour le secteur résidentiel ?

Le Ministère de la Transition écologique a récemment publié les données provisoires du bilan énergétique 2021 de la France. Ce bilan est d’autant plus intéressant qu’il retranscrit une année de reprise économique après une année 2020 où la crise sanitaire avait réduit l’activité et changé les modalités du travail de nombreuses personnes, mais également une année dynamique pour la rénovation énergétique. Quel impact de la reprise économique et de la dynamique de rénovation énergétique ?

Un recours accru aux énergies carbonées lié à la reprise qui génère une facture énergétique en forte hausse

Le rebond de l’activité et l’hiver plus rigoureux ont, selon le Ministère de la Transition écologique entraîné un recours accru aux énergies carbonées ce qui a eu pour conséquence d’augmenter les émissions de CO2 liées à l’énergie. Dans ce contexte, la facture énergétique a quasiment doublé par rapport à 2020 pour atteindre 44 Mds d’euros avec une hausse des importations.

Cependant, il semblerait que ce sont les hausses des prix de l’énergie fossile qui expliquent majoritairement cette hausse de facture énergétique. Cela rappelle tout l’enjeu de l’indépendance énergétique de la France qui passe par la réduction, voire la disparition à terme, de la consommation d’énergie fossile.

Baisse de la production des énergies renouvelable malgré une hausse du photovoltaïque

La production d’énergie primaire serait repartie à la hausse de 6,8% par rapport à 2020 puisqu’elle s’élève à 1524 TWh. Ce résultat s’explique par la baisse de la production en 2020 par rapport à 2019 dans le contexte de crise sanitaire. Trois quarts de la production en 2021 est d’origine nucléaire.

En revanche, en raison des conditions météorologiques et climatiques, la production primaire d’électricité renouvelable a diminué de 3,7% pour s’établir à 111 TWh sous l’effet notamment d’une baisse de la production éolienne.

A contrario, les données provisoires du bilan énergétique confirment l’embellie du solaire photovoltaïque puisque la production d’énergie primaire a augmenté de 12,6% grâce à une prolifique en capacités installées. En effet, selon France Territoire Solaire 2,57 GW de capacités ont été raccordées en 2021 , un record[1]. Cependant, et malgré une dynamique encourageante, la part de l’énergie photovoltaïque est minoritaire avec seulement 14 % de la production d’énergie primaire renouvelable électrique quand l’hydraulique représente 53 % et l’éolien 33%. La place du photovoltaïque est appelée a considérablement augmenter dans les années à venir, puisque le Président de la République récemment réélu souhaite multiplier par 10 la puissance solaire installée[2].

Un bilan insuffisant pour le secteur résidentiel

Malgré la fin des confinements successifs et le retour au bureau de nombreuses personnes, la consommation d'énergie des bâtiments résidentiels s’accroît au même titre que celle des bâtiments tertiaires qui atteignent ensemble 762 TWh. Cependant, cette augmentation de la consommation dans le secteur résidentielle semble liée aux variations climatiques et notamment à la rigueur de l’hiver. En effet, le bilan énergétique provisoire établit, après correction des variations climatiques, une baisse de 0,3% de la consommation dans le résidentiel alors que sans cette correction elle augmente de plus de 10%.


Parallèlement, après la hausse des variations climatiques, la consommation d’énergie dans les bâtiments tertiaires est toujours en augmentation ce qui, selon le bilan, est expliqué par la reprise de l’activité dans les services et une moindre présence à domicile. Cependant, cette faible baisse de la consommation des logements peut interroger, à l’aune de la dynamique de rénovation énergétique des logements avec notamment, 644 000 MaPrimeRénov’ ont été accordées en 2021[3]. Ces résultats de la consommation dans le secteur résidentiel rappellent la nécessité d’accélérer la dynamique de rénovation énergétique des logements afin de réduire les consommations d’énergie des logements mais également leurs émissions de gaz à effet de serre.

Autres éléments mis en exergue par ce bilan, la consommation de gaz (-0,8%) et d’électricité (-0,5%) à dans les logements a baissé, tandis que la consommation d’énergies renouvelables augmente de 5,2% après une hausse en 2020 qui était déjà de 3,5%. Ces résultats positifs sont notamment dus à l’expansion des pompes à chaleur (+14%) dont les nouvelles installations ont augmenté de 53% en 2021 . Cependant, le bois demeure toujours la principale énergie renouvelable utilisée dans les logements (81 TWh, contre 37 TWh pour les pompes à chaleur). Ce développement positif des énergies renouvelables dans le résidentiel pourrait même s’accroître avec le rehaussement de 1000 euros des forfaits de MaPrimeRénov’ pour les pompes à chaleurs air-eau et géothermiques ainsi que les chaudières biomasse[4]. A contrario, la fin de l’installation de nouvelles chaudières fonctionnant au fioul et la suppression de MaPrimeRénov’ pour les chaudières THPE GAZ devraient diminuer la part des énergies fossiles consommées dans les logements.


Dans le contexte de flambée des prix de l’énergie, il est impératif que les consommations énergétiques du secteur résidentiel connaissent une baisse importante. Par conséquent, la rénovation énergétique des logements doit être accélérée à travers un accompagnement, notamment financier, au moins à la hauteur de celui dont ont bénéficié les ménages en 2021. Des décisions doivent être très rapidement prises concernant les certificats d’économies d’énergie pour que la dynamique de rénovation énergétique des logements puisse a minima perdurer.